Des militants et militantes (dont des Européens et des ressortissants des ACP) se sont mobilisés hier pour protester contre les Accords de Partenariat Economique, que l’Union Européenne entend imposer à la zone d’Afrique Caraïbe Pacifique, à partir de Juillet 2008, dont l’acte de naissance est appelé à être signé au mois de Décembre prochain à Lisbonne au Portugal. Au Mali, l’évènement a été marqué par une marche de protestation des acteurs de la société civile en partenariat avec la CSTM, qui est partie de la Bourse du travail, pour se terminer à la Primature, où une lettre de protestation a été remise au chef du gouvernement Ousmane Issoufi Maïga.
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Les Accords de Partenariat Economique (APE), il faut le rappeler, ne sont que le volet commercial de l’Accord de Cotonou, qui est un document de politique de coopération entre l’Union Européenne et les pays Afrique Caraïbe Pacifique, signé en juin 2000, au Bénin. Il prévoit la suppression de toutes les entraves pour 80 à 90% des échanges commerciaux entre l’UE et les pays ACP, et dans des délais les plus brefs. Si jamais ces accords venaient à être signés et mis en œuvre, les conséquences seront incalculables pour les pays ACP. Ainsi, rien que dans le secteur agricole, la concurrence des produits européens poussera de nombreux paysans ACP à abandonner leur production. La libéralisation des services ou de l’investissement menacera l’emploi et risque d’hypothéquer le développement des pays concernés.
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La question que bon nombre de citoyens se posent à nouveau est de savoir comment une agriculture déjà confrontée à tant d’écueils, pourra concurrencer une agriculture fortement subventionnée de l’Europe ? Ces mêmes Européens, qui nous marquent à la culotte pour nous faire signer ces accords sous peine de chantages économiques, refusent toujours d’abolir les subventions illégales qu’ils continuent d’accorder gracieusement à leurs agriculteurs.
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Le but d’une mobilisation populaire contre le danger
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Tout d’abord les acteurs sociaux dénoncent la non implication des différents acteurs de la société civile dans les différentes échéances de l’Accord de Cotonou, conformément aux articles 4, 5, 6, 7 et, même dans le cas où cela s’est produit, ses préoccupations n’ont pas été prises en compte dans la définition des priorités de développement et l’élaboration des programmes indicatifs nationaux et régionaux. L’échéance de 2008 fixée pour les accords de partenariat économique est trop courte pour permettre aux pays ACP de relever le niveau de leurs économies encore précaires. Les capacités de production des pays ACP sont très limitées et ne leur permettent pas d’échanger leurs produits avec l’Union Européenne en dehors des matières premières, dont les cours ne cessent de chuter. Avec les APE, les ACP devront faire face à terme à l’effondrement de leurs revenus fiscaux, suite à la suppression des taxes douanières.
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Concernant le cas du Mali, ces accords suicidaires feront perdre plus de 18 milliards de nos francs à la douane. La compensation de cet effondrement fiscal par une TVA élevée va frapper de plein fouet les populations les plus pauvres, affectant l’essentiel de leurs dépenses aux biens de première nécessité. Toutes les études qui ont été faites ont démontré que quelles que soient les zones géographiques concernées, tous les ces accords de libre-échange sont particulièrement dangereux. Elles ont laissé entrevoir d’énormes difficultés pour nos économies fragiles notamment : la fragilisation des budgets des pays par une perte des recettes fiscales ; la fragilisation de l’appareil de production du fait de l’ouverture des marchés à la concurrence des entreprises européennes.
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Concernant le Mali, la même étude a montré que sur plus de deux cents entreprises, seulement 14 pourront résister au massacre. Aussi, les produits européens seront plus compétitifs sur nos marchés ; un grand risque de libéralisation mal maîtrisée pèse sur nos têtes ; la disparition de certaines filières et entreprises; la destruction de notre agriculture et de l’industrie par une concurrence déloyale vis-à-vis des marchés ; le sentiment de liaison forcées de nos Etats avec l’UE aux dépens de l’ouverture vers d’autres régions du monde, sont autant de raisons qui doivent amener les Etats ACP à dire non à cet assassinat économique en gestation.
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C’est pourquoi, partout dans le monde, la société civile se mobilise pour contrecarrer la signature de ces accords dans sa forme actuelle, quitte aux dirigeants de trouver un moyen pour reporter l’échéance. Déjà en octobre prochain, se tiendra à Lisbonne une rencontre des organisations syndicales du monde pour dire non à la signature de ces accords économiquement toxiques, et en novembre prochain les organisations syndicales africaines vont se rencontrer à Accra pour mettre en place une stratégie de lutte contre le danger.
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Ici au Mali, la société civile a marché hier de la Bourse du travail à la primature où elle a remis une lettre de protestation au Premier Ministre, pour lui indiquer toute son indignation par rapport à la libéralisation sauvage que les Européens veulent nous imposer, quand bien même qu’ils ont passé plus de 150 ans à protéger leur économie.
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Abdoulaye Diakité
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28 septembre 2007
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