Ça y est, le 7ème rapport annuel du Bureau du Vérificateur Général est désormais disponible pour répondre à la demande des uns et des autres sur la situation de la gestion financière de notre pays. C’est un tableau trop sombre, la fraude s’affiche de nouveau avec une mention très remarquée : 80,75%, soit 8 156 393 487 FCFA du montant total des irrégularités enregistrées. Quant à la mauvaise gestion, elle a coûté à l’Etat malien une perte de 1 944 628 228 FCFA. Donc, en effectuant une addition de ces deux montants, les irrégularités financières s‘élèvent au total à 10 101 021 715 FCFA (10,10 milliards de FCFA). Ce rapport est celui de l’année 2011 (pas encore celui de 2012).
Au titre de l’année 2011, treize structures publiques ont reçu la visite du Bureau du Vérificateur Général. Ces treize structures ont été inspectées à travers dix missions dont une de performance (Office Riz de Mopti) et neuf pour vérifications financières. Ces neufs missions ont concerné la direction des grandes entreprises, les centres des impôts des C II, C III et C IV du district de Bamako, la direction générale des douanes, la Direction Nationale de la Géologie et des mines, la Recette Générale du District de Bamako, la Direction des Finances et du Matériel (DFM) du ministère de l’Agriculture, les Directions Régionales des Domaines et du Cadastre de Bamako et de Koulikoro.
A la Direction des Grandes Entreprises (DGE), 131,73 millions d’irrégularités financières ont été enregistrés. Il a été constaté au centre II des Impôts une irrégularité de 170,01 millions de FCFA; 1,08 milliards de FCFA au centre III et 65,77 millions de FCFA au centre IV des impôts du district de Bamako.
6,40 milliards de FCFA, c’est le montant des droits compromis suite à des exonérations douanières accordées aux opérateurs du secteur privé. Au chapitre des affaires domaniales et de la gestion foncière, le rapport révèle que les différents textes législatifs et réglementaires régissant la gestion domaniale ne sont pas respectés. « Ceci, évoque le rapport, se traduit par une mauvaise gestion des domaines privés immobiliers de l’Etat et des collectivités territoriales, entrainant la perte d’une bonne partie de la recette de l’Etat. »
Au ministère de l’Agriculture, précisément à l’Office Riz de Mopti, la vérification de performance a, dans sa spécificité, mis l’accent sur les difficultés de sécurisation des terres agricoles de l’office en l’absence de d’actes juridiques.
Septième du genre, ce rapport a été rendu public le vendredi dernier 30 novembre. C’était à la faveur d’une conférence de presse animée par le vérificateur général, Amadou Ousmane Touré.
A l’entame des débats, M. Touré à fait savoir que son département a rencontré de nombreuses difficultés dans l’élaboration de ce dossier. Il s’agit notamment des dysfonctionnements au niveau des structures vérifiées comme les défaillances des systèmes informatiques, le non-respect des procédures administratives, comptables et financières.
Quant à l’affaire du fonds mondial qui n’a pu paraître dans ce tableau, le vérificateur général a rassuré que le processus d’enquête est encore en cours dans les régions de Kayes, de Koulikoro et de Sikasso. Et ce, depuis le 11 octobre 2011 pour le rapport 2012.
Entre autres sujets abordés au cours de cette rencontre : l’état d’âme du BVG, comment ils font leur enquête, les structures les plus touchées par la Fraude, le Végal lui-même n’est-il pas corruptible. En réponse M. Touré répond qu’il n’est pas corruptible et qu’il ne peut l’être en aucune manière. A l’en croire, tous les membres du BVG sont sous haute surveillance. « En tant que Vérificateur général, je ne peux même pas m’absenter de mon bureau sans le sans le signaler » a-t-il répondu avant d’ajouter qu’il était bel et bien corruptible quand il était encore ce monsieur en robe.
Djibi SAMBI