Les travaux de la 3ème réunion de suivi de la Conférence de Bruxelles pour le développement du Mali se sont déroulés le 15 mai sous la présidence du Premier Moussa Mara. Occasion pour les parties d’évaluer le chemin parcouru dans la mobilisation des fonds promis. Et, pour le Premier ministre, de faire un vibrant plaidoyer pour l’allègement des procédures de décaissement et pour que les uns et aux autres tiennent leurs engagements respectifs.
Le Premier ministre, à l’ouverture des travaux, après avoir donné un aperçu de la situation sécuritaire, politique et socio-économique du pays, mettant en exergue les progrès réalisés, a souligné que, sur les 2 155 milliards de FCFA promis en mai 2013 – dont 25% de prêts et 75% de dons – 1 474 milliards avaient fait l’objet d’engagements fermes, à travers des accords et conventions signés.
Et Moussa Mara de relever que 965 milliards de FCFA ont déjà été décaissés, dont 807 milliards en 2013 et 158 milliards en 2014. «Nous devons mobiliser 681 milliards d’ici à la fin de l’année. Beaucoup reste donc à faire du côté des amis qui ont fait des promesses bien que n’ayant pas de programmes de coopération avec notre pays. Nous les exhortons à redoubler d’efforts afin de tenir leurs engagements» a souligné le Premier ministre.
S’agissant de la gestion des ressources, Moussa Mara a indiqué que, sur les 965 milliards décaissés, 193 milliards avaient été effectivement encaissés par le Trésor malien, au titre des aides budgétaires, et 140 autres milliards reçus au titre des aides projets, soit un total de 333 milliards de FCFA. «Cela suppose que 632 milliards, soit près des deux-tiers des montants décaissés, ont été utilisés sans l’implication de nos services» a-t-il confié, un soupçon de regret dans la voix.
De là souhaiter que la mobilisation des fonds restants se fasse dans un cadre de traçabilité et que les partenaires techniques et financiers, bilatéraux et multilatéraux, allègent les procédures de décaissement, il n’y a qu’un pas, que le Premier ministre Mara a franchi allègrement. Avant de rappeler que l’appui budgétaire restait une priorité du Mali.
Aux nombres des résolutions et recommandations qui ont sanctionné cette troisième réunion de suivi de la Conférence de Bruxelles pour le développement du Mali, en matière de décentralisation, tout en saluant les approches nouvelles entamées par le Gouvernement pour l’approfondissement de celle-ci, les partenaires se sont félicités de l’adoption du Cadre juridique pour la mise en œuvre du contrat-plan Etat / Région et ont noté que le transfert de compétences et de ressources aux collectivités locales devrait être accéléré, au regard de l’ampleur des défis à relever.
Aussi, ont-ils exprimé leur disponibilité à accompagner le Gouvernement dans la mise en œuvre rapide des recommandations des Etats généraux de la Décentralisation et des Assises du Nord. Par ailleurs, ils encouragent aussi le Gouvernement malien à accélérer le retour dans le Nord de l’administration, des déplacés et des réfugiés.
Le Plan intérimaire de relance de l’éducation présente les défis pour l’amélioration du système éducatif. A cet égard, les participants se sont engagés à appuyer la mise en œuvre rapide dudit plan intérimaire de relance, tel que présenté par le Gouvernement. Ils se félicitent des efforts en cours pour la bonne gestion de l’école.
Les partenaires saluent également les propositions faites par le Gouvernement pour la mise en place d’un mécanisme adéquat de financement de l’Agriculture, en vue d’accélérer l’atteinte des objectifs de sécurité alimentaire. Ils soutiennent le Gouvernement dans son initiative d’opérationnalisation du Fonds de Développement de l’Agriculture à travers ses différents guichets
Par ailleurs, les participants ont reconnu la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des conclusions de la rencontre du 10 avril 2013 à Montreuil, sur la contribution de la diaspora au développement du Mali. En effet, cette rencontre a notamment fait ressortir le besoin de renforcer l’impact économique de la migration malienne, en favorisant les initiatives d’entreprenariat créatrices d’emplois, dont le potentiel est, jusqu’à présent, demeuré sous exploité.
Les coûts de transferts élevés et un accès restrictif au crédit, freinant la contribution des diasporas au développement du Mali, l’adaptation des services bancaires au Mali et la baisse du coût des transferts d’argent ont également été au cœur des échanges.
Les participants ont salué le rôle de la société civile dans la résolution des problèmes post-conflit. Ils prennent acte des recommandations formulées par celle-ci, notamment, d’accorder davantage de financement aux secteurs sociaux de base, tels que la sécurité alimentaire, l’eau, l’assainissement, l’énergie, la protection, l’éducation, la santé, plus particulièrement à destination des plus vulnérables, sur toute l’étendue du territoire.
Le Gouvernement et ses partenaires ont affirmé leur disponibilité à renforcer le contrôle citoyen dans le sens de la diffusion de la bonne information et de la redevabilité envers les populations. D’une façon générale, les participants ont reconnu la nécessité d’accélérer la mobilisation du financement et son utilisation dans les secteurs clés pour la relance durable du Mali.
Ils ont aussi recommandé la mise en place d’actions de communication adaptées pour une meilleure information des populations. Notons, enfin, que cette 3ème réunion du Comité de suivi de la Conférence de Bruxelles a enregistré la présence du Commissaire au développement de l’Union Européenne, Andris Piebalgs, de Mme Annick Girardin, Secrétaire d’Etat française au Développement et à la Francophonie, des ambassadeurs et chefs de missions des organisations internationales, des représentants des institutions et agences de coopération au développement et de nombreuses personnalités.
Les participants ont convenu que la prochaine réunion du groupe de suivi se tiendrait le 30 septembre 2014 à Paris, pour continuer de suivre les engagements mutuels du Gouvernement et des bailleurs.
Yaya Sidibé