Suite à notre article publié le vendredi dernier sur le conflit intercommunautaire entre les saracollés du village Hassi et les peulhs du hameau Harkounda, dans l’arrondissement de Korerea, cercle de Nioro du Sahel, nous avons reçu la visite de Mohamoud Sow, un ressortissant de Harkounda. Celui-ci était venu nous apporter quelques détails par rapport à cette affaire et a profité de l’occasion pour charger l’administration locale qui, dit-elle, ne fait pas grand chose pour faire respecter la décision de justice de Nioro qui affecte la parcelle litigieuse aux peulhs.
D’entrée de jeu, M. Sow nous précisera que l’objet de sa visite n’était pas de démentir les informations publiées dans notre parution du vendredi mais, plutôt d’apporter des informations complémentaires. Selon Mohamoud Sow, les peulhs de Harkounda ont toujours bien cohabité avec les saracollés de Hassi.
D’ailleurs, ajoute t-il, leurs ancêtres peulhs ont résidé dans le village de Hassi. Mais, les activités d’élevage devenant de plus en plus importantes, ils ont décidé d’aller s’installer dans un hameau à onze kilomètres de Hassi.
D’après ses explications, cet espace a été affecté aux peulhs, il y a environ 40 ans, par les notables du village de Krouteh, situé dans la même zone.
Ces notables ont délimité la zone des peulhs par route avec la partie appartenant aux saracollés de Hassi. Donc, a en croire M. Sow, cette superficie est une étendue assez réduite qui sert de résidence, de pâturage mais aussi de culture pour les peulhs. Les deux communautés ont vécu en paix jusqu’à ces dernières années. Revenant sur les incidents du 18 août au cours desquels, un peulh a tiré par balle sur la personne de Massao Dembélé, il dira, qu’effectivement, il y a eu coup de feu.
Cependant, il soutient que "tout a commencé le samedi précédent, soit le 14 août lorsque M. Dembélé, muni d’une arme à feu et sa famille, ont franchi la route de séparation et envahi une parcelle cultivée par les peuhls. Immédiatement nous avons envoyé une délégation chez le commandant de Nioro pour l’informer de cet acte de provocation. Nous avons proposé même de prendre en charge le déplacement d’une équipe de la gendarmerie pour venir constater les faits. Mais jusqu’à mercredi, l’administration n’a pas voulu réagir. C’est au retour de cette délégation que la situation a dégénéré. Mais dès lors que la justice de Nioro et de Kayes en appel ont tranché en faveur des peulhs, l’administration doit faire en sorte qu’ils exploitent tranquillement la parcelle jusqu’à ce qu’il y ait une décision de justice contraire".
Selon M. Sow, la situation est loin d’être terminée. Il y a un risque d’affrontement entre les deux communautés à cause de la volonté de certains de ne pas faire la paix. "L’administration doit se lever à temps pour éviter le pire. Les saracollés croient en leur pouvoir d’argent et de maraboutage pour continuer à s’opposer à une décision de justice. Ce qui est sûr, les peulhs aussi ne vont pas se laisser faire. Ils vont riposter à toute attaque" a prévenu M. Sow.
Faut-il souligner que depuis des années, ces deux communautés sont en conflit autour de cette superficie que la justice tarde à attribuer définitivement.
La situation a dégénéré le mercredi 18 août. Un saracollé Massao Dembélé a reçu une balle et a été admis à l’hôpital de Nioro.
La gendarmerie a procédé à l’arrestation de huit personnes parmi les assaillants sur lesquelles trois ont été déférées à la maison centrale d’arrêt de Nioro du Sahel.
Youssouf CAMARA