Tombouctou : Le rôle moteur des femmes de Kabara dans l’autosuffisance alimentaire

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Au moment où on parle avec insistance de l’autonomisation de la  femme, il y a bien des cas d’école dans la région de Tombouctou. Regroupées en coopérative agricole, les femmes de Kabara jouent un rôle prépondérant dans le cadre de l’autosuffisance alimentaire.

Parties de rien, elles sont parvenues à s’investir dans une activité jusque-là dévolue aux hommes. Il s’agit du domaine de l’agro-pastoral. Réunies en coopérative, les femmes de Kabara, un village cosmopolite situé à 7 kilomètres de Tombouctou centre, contribuent considérablement à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire.

L’apport des femmes de la coopérative agro-pastorale “Nafa Goumo” de Kabara, cercle de Tombouctou, dont les activités sont concentrées autour de périmètres irrigués est d’une importance capitale. Créée en 2003, sous forme associative, cette organisation qui intervient dans la production de riz, de cultures fruitières, de maraichage, d’embouche, de volaille et de pisciculture, s’est vite imposée. De ce fait, les 43 femmes qui composent la structure viennent de Bougoufé, Tila, Koriomé, Alkorondiafiya et Kabara, tous des villages du cercle de Tombouctou.

Si la coopérative a pu se faire illustrer, c’est, en partie, grâce à l’appui des partenaires, comme le Pam, Afrique Verte et autres, qui ont investi dans la fourniture d’équipements, la formation et l’amélioration de la variété de riz. En plus, ces structures ont apporté un appui organisationnel et en alphabétisation.

Pour sa part, l’Icem a apporté un soutien considérable dans le cadre de la formation des membres de la coopérative en riziculture, pisciculture. L’organisation a aidé à l’extension du périmètre dont 16 ha aménagés et l’équipement en motopompes. Ces appuis ont permis à cette coopérative de mettre en place des banques de céréales profitables pour toute la région au regard des besoins en la matière. Dans cette activité intense, les femmes de la coopérative ont bénéficié d’une aide de la FAO en 2012 pour la culture de contre saison.

Aussi, fera remarquer la présidente de la coopération, Maïga Zeinabou Cissé, à la faveur de la subvention accordée dans le cadre de l’initiative riz, le rendement productif a passé de 6 à 10 tonnes. “Notre production aide beaucoup; car, nous ne vendons pas après la récolte. Elle sert à équilibrer le marché pour éviter la hausse des prix. En plus, nous vendons moins chère que les commerçants. Mieux, notre stock sert de régulateur du marché en période de soudure”, a-t-elle témoigné.

Paosc II, un souffle nouveau

Pendant la période d’occupation armée, le stock de céréales a été bazardé et les maîtres des lieux ont mis fin à l’activité.  C’est ce qui justifie le financement de 17 millions de F CFA accordé à la coopérative dans le cadre du Programme d’appui aux organisations de la société civile (Paosc II) pour une période d’une année. Ici, il s’agit d’un appui en révision du matériel et en valorisation du céréalier.

Ce programme permettra à la coopérative de renouer avec ses activités agro-pastorales et d’améliorer la production rizicole dans une zone où tout est à refaire. Dans la foulée, cet appui concerne le maraichage et la production du riz de consommation et de la semence certifiée, etc.

“Nous sommes à un stade où nous avons besoin d’une décortiqueuse et d’une batteuse pour garder la pureté de la variété de riz. Aussi, nous avons besoin des matériels plus des accessoires”, a plaidé la présidente.

Autres difficultés et non des moindres, le site servant de périmètre n’appartient pas à la coopérative. De ce fait, il peut être retiré à tout moment. Pour garantir davantage un meilleur rendement, il est impératif, soulignera-t-elle, que le calendrier de la campagne agricole soit respecté.

Sur ce registre, la présidente Maïga Zeinabou Cissé a salué le rôle majeur joué par les services techniques de l’Etat. Un fait marquant : la semence produite par la coopérative est très sollicitée par les producteurs de Bourem Inaly, Tonka, Aglal et par plusieurs autres localités de la région de Tombouctou, mais aussi de Ségou.

Actrices incontestées dans la mise en œuvre de la politique d’autosuffisance alimentaire et du développement local, les femmes de la coopérative agropastorale de Kabara méritent une fière chandelle.

Déjà, un label de riz sur le marché

Dirigée par un conseil d’administration assisté d’un comité de surveillance, la coopérative agro pastorale des femmes de Kabara est désormais orientée vers la commercialisation du riz. Son label est dénommé “Kabara Mojje Kanodi” (le riz de qualité de Kabara). Pour se faire connaitre et apprendre à mieux gérer ses activités, la coopérative a participé à la tenue de plusieurs foires dédiées au monde agricole.

 

Depuis, un certain temps, ce riz vendu sur le marché en sachets de 5 à 50 kg est très prisé, en raison de sa qualité. Et les ressources générées permettront d’aider les membres de la coopérative à gérer le quotidien de leurs foyers et à participer à leur propre autonomie. Ce qui est l’un des Objectifs de développement durable (ODD).

 

Alpha Mahamane Cissé, de retour de Tombouctou

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