Rien ne va plus entre Maliens et Mauritaniens dans des villages frontaliers du cercle de Yélimané. Les populations du Kagnaga, excédées par des actes de vandalismes de leurs voisins mauritaniens, menacent ceux-ci de représailles et envisagent de boycotter les législatives du 1er juillet 2007 si le gouvernement ne prend pas des dispositions.
Comme la plupart des zones frontalières, les villages de Bouguédéré (Commune de Kirané-Madina), Kakoulou (Krémis) et Tougoumbé au Mali et leurs voisins Kakoulou-Mauritanie, Touélé et Sambou du côté mauritanien, vivent en parfaite symbiose. Les populations partagent la même histoire, les mêmes us et coutumes.
Malgré tout, elles sont divisées par des conflits fonciers qui ont souvent donné naissance à des affrontemens meurtriers comme au temps du gouverneur Amara Danfaga dans les années 1970. A l’époque, des affrontements entre les deux populations avaient fait 70 morts côté mauritanien et 24 du côté malien. Le conflit, vieux de plusieurs années entre ces villages frontaliers du Mali et de la Mauritanie, est en train d’être rallumé. Il découle surtout de l’absence de bornage de la frontière léguée par le colonisateur français.
Selon l’honnorable Mamadou Hawa Gassama Diaby, député élu à Yélimané, tout est parti des actes de vandalisme des forces de l’ordre mauritaniennes à l’égard des populations de Kakoulou-Mali, Bougoumbé et Kirané-Madina le 4 juin 2007.
Représailles, embargo
A en croire le député Diaby, des porteurs d’uniforme mauritaniens ont interdit aux populations de ces villages maliens de cultiver et de faire paître leurs animaux sur une terre censée les appartenir et qu’ils revendiquent. Toujours, selon Diaby, ils ont lié l’acte à la parole. Des Maliens ont été chassés de leurs champs de culture. Les puits, qui servaient d’abreuvoir à leur bétail, ont été obstrués.
Le Kagnaga, nom authentique des cercles de Yélimani, est sur les dents. D’abord, les populations sont mécontentes du manque de réaction des autorités nationales. Réunis chez le chef de canton le 7 juin, les ressortissants des villages concernés ont décidé de mener des représailles en se faisant justice eux-mêmes. La décision prise à cet effet est de faire embargo sur leurs voisins mauritaniens en les empêchant l’accès de leur territoire. Une disposition que le député Gassama trouve dangereuse quand on sait que cette partie de la Mauritanie s’approvisionne en céréales et d’autres denrées au Mali.
Les populations du Kagnaga envisagent en tout cas de se venger. Pour mettre l’Etat face à ses responsabilités, elles ont décidé de boycotter les élections législatives du 1er juillet 2007. Pour elles, tant qu’il n’y aura pas de solutions à ce problème, point d’élections dans leur circonscription.
Aux dernières nouvelles, le préfet de Yélimani et son homologue mauritanien se sont rencontrés le dimanche 10 juin 2007 à la frontière commune. Il vaut mieux parer au plus pressé pour éviter un conflit qui n’arrange aucun des deux pays qui sont plutôt engagés sur le front du développement.
Abdrahamane Dicko
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