Le Centre de Promotion Féminine (Cpf) de Sikasso a été créé en 1975 grâce à une initiative heureuse de Monseigneur De Montclos de la Mission catholique de Sikasso en collaboration avec les religieuses missionnaires de Notre Dame d’Afrique qui ambitionnaient d’assurer la formation des femmes. Situé au centre de la ville à quelques 50 m du Mamelon, ce centre couvre une superficie de 9.400 m2 et comprend des salles de classe, une cuisine, une salle de couture et un jardin potager. Au Cpf de Wayerma, les apprenantes semi lettrées ou analphabètes, bénéficient des cours pratiques de coutures, de confection de layettes, de draps, des crochets, de bogolan, de fabrication du savon et les démonstrations culinaires.
Le centre permet ainsi aux jeunes filles ayant interrompu leurs études au second cycle de l’enseignement fondamental, et celles qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, d’acquérir une formation professionnelle et sociale en vue de leurs tâches de femmes et de se rendre aptes à travailler à la promotion des autres filles, explique le directeur Lassana Dembélé qui nourrit visiblement beaucoup d’ambition pour la promotion de la femme.
De sa création à nos jours, il y a une quarantaine d’années, le Centre de Promotion Féminine (Cpf) de Wayerma a formé de nombreuses femmes surtout quand il était dirigé par les sœurs de la Mission catholique de Sikasso. Elles sont nombreuses à nous expliquer, les bienfaits de ce centre. Mme Salimata Ballo qui a fréquenté ce centre en 1982 ne tarit pas de commentaires.
“Le centre de promotion féminine m’a beaucoup aidé dans la vie, témoigne-t-elle. Après la formation j’ai bénéficié d’une machine à coudre que j’ai payée par tempérament. Mes enfants ont tous appris à coudre à la maison. Les layettes et les draps, je les confectionne à domicile. Même les droits et les devoirs de l’épouse dans le foyer nous ont été largement expliqués au centre dans des leçons d’instruction civique.” Comme Salimata Ballo, les anciennes élèves souhaitent que le centre continue à former les jeunes filles à la vie d’adulte.
La mission catholique a officiellement remis le centre à la commune urbaine de Sikasso en 1977 mais continuait d’offrir ses services par l’entremise des sœurs jusqu’au delà des années 2000.
C’est à partir du retrait définitif des sœurs du centre et sa prise en charge effective par la mairie que la situation de la structure a commencé à se dégrader, souligne Lassana Dembélé, cet éducateur sexagénaire qui a décidé de consacrer ses vieux jours à la promotion de ses filles et petites filles dans ce centre. Il est aidé en cela par trois monitrices spécialisées dans les coupes et coutures, le crochetage et les techniques culinaires.
Le centre compte aujourd’hui un peu moins de 100 pensionnaires qui paient annuellement 7.000 à 8.000 Fcfa comme frais de scolarité symboliques. Malgré le montant modique de ces frais, certaines filles abandonnent les cours par manque de moyens. C’est pourquoi le directeur propose que la mairie mette un fonds de roulement à sa disposition à chaque rentrée scolaire à partir duquel le centre financera toutes ses activités en vendant les produits de coutures, les draps et layettes confectionnés par les apprenantes. Selon lui, avec cette stratégie, il y aura moins de renvois du centre de promotion qui a un but humanitaire et non lucratif.
Le directeur du centre préconise aussi un changement de statut de l’établissement pour lui permettre de jouir du partenariat des structures appuyant la formation professionnelle comme le Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage (Fafpa). Il sollicite également un soutien conséquent de la mairie et la réparation des équipements de l’établissement comme la pompe Ciwara, le branchement du compteur d’eau et des stages de formation pour les monitrices devant se perfectionner pour le plus grand bien des apprenantes.
A la mairie de Sikasso comme dans la plupart des Communes du pays, tout n’est pas rose en matière de finances. Selon le secrétaire général de la Commune de Sikasso Calixte Traoré, sa Commune compte profiter de son jumelage avec Brive La Gaillarde de France pour améliorer le centre de promotion des filles qui, reconnaît-il, fait la fierté de Sikasso. La structure a déjà été visitée par une délégation de Brive et les réflexions sont en cours pour un soutien approprié à apporter en vue de sa redynamisation tant réclamée par les femmes.
De nombreuses responsables d’associations de femmes regrettent que ce centre qui a fait le bonheur de tant d’épouses de la capitale du Kénédougou, soit laissé dans un état aussi piteux et qu’aucune structure de l’État n’ait eu à voler à son secours pour mieux matérialiser les slogans en faveur de l’épanouissement de la femme.
Source : Amap