Rendre populaire la diffusion des œuvres d’arts plastiques, et faire du Mali, précisément de Ségou, un rendez-vous de la création plastique du continent. Telle est la prouesse que la Fondation du Festival sur le Niger vient de réussir dans le cadre de la 2ème édition de Ségou’Art/Festival sur le Niger. Ségou’Art 2 a permis aux populations maliennes de se frotter aux professionnels des arts pratiques venus des 4 coins du monde.
D’habitude très réservées à une catégorie de la population, et n’intéressant pratiquement pas le commun des mortels, les œuvres d’arts, à Ségou et dans le cadre de Ségou’Art 2, ont rencontré un public hétéroclite. Du coup, l’idée de faire de cette édition de Ségou’Art une innovation forte du Festival sur le Niger devra être perçue comme une performance réussie de Mamou Daffé, toute l’équipe de la Fondation du Festival sur le Niger et du Centre Culturel Korè de Ségou. Le format de la manifestation n’est-t-il pas adapté au contexte du pays ? Où, chaque jour que Dieu fait, des familles sont endeuillées. Sans cesser de vivre. Sans refuser de résister, ne sommes-nous pas obliger de revoir nos approches en changeant de fusil d’épaule ?
Dans le souci de répondre au besoin crucial de l’avenir de l’art en Afrique, la Fondation du Festival sur le Niger et le Centre culturel Korè de Ségou, sous la conduite clairvoyante du Directeur Mamou Daffé, ont décidé, à travers Ségou’Art, de stimuler la consommation locale des œuvres artistiques des jeunes par des nationaux et les internationaux. Cela devenait une nécessité. Car, il est notoirement connu que les créateurs africains dépendent d’un marché extérieur à leur pays et au continent. « Leurs œuvres trouvent rarement quelques acquéreurs nationaux et quand on ajoute à cela la situation trouble de nos pays, il n’y a aucun doute, une hypothèque plane sur toutes les opportunités qu’offre le système marchand traditionnel », nous a indiqué Mamou Daffé, Directeur artistique de Ségou’Art. Pour le moment, n’ayant pas en terme chiffré les éventuels ventes, l’on peut sans risque de se tromper dire que Ségou’Art 2 a atteint son objectif principal : Inscrire le nom du Mali, à travers la ville de Ségou, dans la short-liste des villes dans le monde qui compte en terme de promotion de l’art africain contemporain.
Du 2 au 9 février 2019, les acteurs qui comptent dans le secteur des arts plastiques sur le continent (collectionneurs, marchands d’arts, galeristes, les artistes seniors qui comptent sur le continent et dans le monde, les jeunes talents émergents du continent) étaient tous là.
En plus de cette mobilisation, Ségou’Art à la faveur de cette 2ème édition est parvenu à se faire une identité : Espace de promotion de talents émergents et espace de popularisation des arts plastiques.
Avec cette 2ème édition réussie, Ségou’Art, Salon d’art contemporain du Mali, est désormais une propriété des artistes d’Afrique et d’ailleurs, qui ont été impressionnés par le fait qu’en plus des perspectives que cet espace donne aux jeunes talents émergents du continent, il est le maillon qui manquait à l’envol des arts plastiques sur le continent, à travers sa popularisation.
Il n’y a aucun doute pour le Mali et pour l’Afrique que du 2 au 9 février 2019, quelque chose d’impressionnant, de merveilleux est partie de Ségou pour le bonheur des artistes plasticiens du continent. Les artistes africains, à partir de Ségou, ont la certitude qu’il est désormais possible de rendre populaire les arts plastiques. Si ailleurs seuls quelques initiés, le temps d’une biennale ou d’une foire de l’art, s’échinent dans des élucubrations morbides, à Ségou’Art une démarche pédagogique dans le sens de l’éducation à la consommation de l’art plastique par le commun de la population est en pleine expérimentation. Et, mieux qu’une expérimentation, l’essai a été un coup de maître. Cette stratégie d’attirer les populations par des arts de la scène pour les emmener à la découverte du travail des artistes plasticiens sera sûrement dans les années avenir du « Made in Mali », à partir du géni créatif de la ville de Ségou.
Le fait d’avoir associé à Ségou’Art 2 toutes les composantes traditionnelles du Festival sur le Niger (concerts géants sur les berges du fleuve Niger, théâtre, danse, ateliers, conférences, foire de Ségou, manifestations traditionnelles, caravane culturelle pour la paix) a eu pour avantage d’attirer le maximum de personnes à venir voir les expositions. Cela est à saluer et devra faire partie intégrante de la stratégie à dupliquer ailleurs, où les populations ont encore un rapport difficile avec la consommation des œuvres d’art.
Assane Koné