Les relations ne sont pas au beau fixe entre des employeurs et les services chargés de la gestion du contentieux d’emploi. L’insécurité judiciaire dont craignent les investisseurs étrangers et qui a été décriée comme étant un frein à l’investissement au Mali est encore sur le tapis.
Entre les employeurs de Ségou et le Tribunal et l’inspection, les rapports se détériorent. La frustration de ceux qui créent l’emploi et soutiennent l’économie nationale est liée à des condamnations aussi récurrentes que fantaisistes dont beaucoup s’interrogent encore sur le bienfondé. Au centre de la controverse, l’inspection du travail dirigé par Modibo Koné et le tribunal du travail de Ségou présidé par Boubacar Touré. Les deux individus sont devenus des épines dans les pieds des créateurs d’emplois de la 4e région économique de notre pays.
A cause de nombreux litiges qui ont abouti à des condamnations de sociétés étrangères et de privés maliens, les Ségoviens sont à se demander s’il n’existe pas une complicité à des fins mercantiles, tant les condamnations sont lourdes et le plus souvent à sens unique car frappant toujours les employeurs. Selon un patron de Ségou, « chaque fois que tu as maille à partir avec un employé, c’est toi qui est frappé à la lourde peine. L’Inspection du travail qui doit vous concilier pousse votre employé contre vous. Celui-ci se pourvoit devant le Tribunal du travail. Le tour est joué et la condamnation est toujours en votre défaveur ».
Les entreprises chinoises qui sont pour la plupart agricoles, manufacturières et de la construction des routes ne savent plus où donner de la tête. Un responsable d’entreprise chinois témoigne, « la façon dont les contentieux sont traités, on se demande si l’inspection et le tribunal du travail travaillent pour eux-mêmes ou l’Etat du Mali. Pour un oui ou un non, c’est nous qui récoltons les pots cassés ». En fin 2012, Sukala-SA a été victime de la plus grande condamnation de son histoire. Assigné à l’inspection du travail par un de son directeur adjoint malien pour réclamation d’arriérés de salaires, l’affaire a été portée devant le Tribunal du travail. Le verdict a été sans appel. Sukala a été condamnée à payer à son-ex directeur adjoint malien près de 70 millions de F CFA. Ce genre de décision qui sont sujets à caution et décrédibilisent notre système judiciaire sont monnaies courantes à Ségou et frappent généralement les sociétés étrangères. L’insécurité judiciaire dont craignent les investisseurs étrangers et qui a été décriée comme étant un frein à l’investissement au Mali est encore sur le tapis, a de beaux jours devant elle dans la capitale des balazans. Il urge pour les autorités nationales d’y mettre le holà, pendant qu’il est encore temps.
La région de Ségou est un important bassin d’employeurs avec des unités industrielles, semi industrielles, manufacturières et hôtelières. Par la taille de ses unités industrielles avec la présence du seul Office du Niger avec ses services satellites, Ségou est le poumon économique du Mali et se classe comme 2e région économique après la capitale Bamako.
Les industries présentes dans la capitale des balazans sont du secteur agricole, touristique, des BTP, entre autres. Elles créent de la richesse avec des centaines de milliards de F CFA injectées dans l’économie nationale à travers le paiement d’impôts et diverses taxes. La main-d’œuvre qui n’a pas encore fait l’objet de statistique fiable, est estimée à des dizaines de milliers de personnes dont un nombre important d’expatriés.
Correspondance particulière
Djibril Diarra
les employeurs ne doivent pas s’amuser avec la vie des employés qui constituent le maillon faible de la matière, la raison du plus fort ne marche pas mais la loi.
M. Diarra renseignez vous bien par rapport à ces industriels maliens et étrangers, et partez en profondeur vous trouverez d'autres réalités.
Il y a dans cette situation une instrumentalisation intolérable de la justice. Elle hypothèque lourdement la création d’emplois au Mali. Lorsqu’il était ministre des finances Soumaïla Cissé s’était déjà alarmé devant la cascades de “grosses du tribunal du travail” qui pleuvait alors sur le budget d’état. Toujours plus lourdes au fil du temps, au point de mettre en péril l’équilibre budgétaire du pays. Le conflit de travail est un eldorado au Mali. Une dérive inacceptable. Prenons-y garde.
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