Alors que le désarmement et le processus de réinsertion des ex-combattants des milices a été officiellement lancé à Soufroulaye, région de Mopti, via le programme DDR Spécial, des manifestations ont eu lieu à Sévaré contre la base de la Minusma, principale soutien du processus. Aussi, d’autres campagnes “anti-accalmie“ se propagent dans la région pour dissuader les combattants de rendre leurs armes sans obtenir au préalable des garanties.
Tout est fin prêt, depuis quelques semaines au camp de Soufroulaye, pour l’opérationnalisation du programme DDR Spécial (désarmement, démobilisation et réinsertion) destiné à des milliers d’ex-combattants appartenant aux groupes d’auto-défense et aux mouvements signataires de l’accord pour la paix inscrits dans le processus DDR. Les onze stands nécessaires aux étapes qu’un ancien combattant doit passer avant d’être intégré dans l’armée malienne ou reversé dans la vie civile sont installés par le gouvernement malien, soutenu par la Mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali (Minusma) et la Banque mondiale.
Les opérations, lancées vendredi dernier par le Premier ministre, Dr. Boubou Cissé, et la cheffe adjointe de la Minusma, Mme Mbaranga Gassarabwe, se dérouleront dans un ordre précis : “le combattant arrive au site du DDR spécial devant le premier stand, qui est celui du désarmement. Le combattant remet son arme. Il est enregistré avant de la déposer dans le magasin, puis le combattant se dirige vers les autres stands pour la suite du processus”, explique l’ancien ministre Zahabi Ould Sidi Mohamed, président de la Commission DDR. Outre l’intégration dans l’armée régulière, les ex-combattants peuvent également, via le DDR spécial, bénéficier d’un programme de formation à la réinsertion dans la vie civile. Ils ont le choix.
Déjà, la commission a enregistré un premier groupe de 8504 combattants dont 496 pour les groupes signataires avec des armes de guerre. Parmi ces gens, affirme Zahabi, il y a 47 qui sont volontaires au volet réinsertion. Le deuxième groupe appartient à des groupes d’auto-défense. Dans ce lot, il y a 1631 qui se sont enregistrés dont 206 avec des armes de guerre et 1125 avec des fusils de chasse. “Le reste des 6570 sont venus avec des munitions. Ils doivent faire un effort pour ramener l’arme, s’ils l’ont caché quelques part, pour bénéficier du programme”, met-il en garde.
Mais, le processus, préalable à l’instauration d’une paix durable dans la région, est menacé par une “mauvaise” campagne d’intoxication.
L’insécurité est devenue une source de revenue
A Mopti, beaucoup d’anciens combattants aspirent à une vie normale, témoigne la forte mobilisation en faveur du processus. Mais, dans la région certains chefs de milices répandent des rumeurs accusant le gouvernement de vouloir désarmer un groupe au profit d’un autre. Ce qui est faux, selon Zahabi Ould Sidi Mohamed. En plusieurs langues, il a clamé la sincérité du gouvernement et ses partenaires à faire aboutir ce processus, au profit de la paix.
“Le processus ne consiste pas à désarmer une communauté pour la rendre vulnérable. Il n’y a pas d’agenda caché derrière. Il faut que nous soyons très clairs, il ne s’agit pas de désarmer X pour l’exposer à Y. Non, c’est fait avec un appui et une étude très claire. Le désarmement est volontaire et les communautés doivent savoir que l’armée monte progressivement sur le terrain, donc plus besoin de s’armer”, a-t-il insisté, précisant qu’une carte a déjà été dessinée, avec le concours des FAMa, pour répertorier les zones tenues par des milices d’auto-défense. “L’armée essaye d’adopter son déploiement de marnière à ce que le rôle de ces milices revienne à la force régalienne de l’Etat”, précise l’ancien ministre Zahabi.
Bientôt une autre visite de Dr. Boubou Cissé pour un bilan à mi-parcours
Selon le Premier ministre, Dr. Boubou Cissé, malgré le contexte difficile, le gouvernement fera tout pour la réussite de ce projet. Après avoir fait le tour des stands, visité les ateliers de formation et l’ensemble des installations du camp de Soufroulaye, le Premier ministre a promis de revenir dans quelques semaines à Mopti pour s’assurer du bon déroulement du processus. “La paix dans la région dépend de la réussite de ce processus. Nous devons tous nous inscrire dans le DDR Spécial pour le développement de Ségou et de Mopti”, a-t-il lancé.
Au cours de la cérémonie, Mme Mbaranga Gassarabwe a réitéré l’engagement du système des Nations unies à soutenir ce processus de DDR qui permettra de renforcer la sécurité et la cohésion sociale. Elle a lancé un appel à la population pour une meilleure collaboration et une meilleure appropriation des différents programmes mis en œuvre dans le cadre de la sécurisation et la stabilisation du centre du pays. Après le lancement officiel, pour la première phase du processus qui durera trois mois, 400 ex-combattants seront intégrés. D’autres contingents de 400 suivront.
Sory I. Konaté
(Envoyé spécial à Mopti)
Aide humanitaire à Mopti : Le PM appelle à une synergie d’actions
Le but de cette rencontre était de renforcer les axes de collaboration entre le gouvernement et ses partenaires pour une meilleure coordination des actions sur le terrain et de capitaliser sur le retour d’expériences pour une meilleure efficacité dans la prise en charge des populations.
La rencontré a été l’occasion pour le PM d’insister sur la nécessité d’une approche holistique dans la gestion des actions au niveau local. Il a appelé à une synergie d’actions avec le Comité régional du cadre de gestion de la crise au centre qu’il a mis en place jeudi.