Dans la zone pastorale du Gourma dans la région de Gao, les populations ne dorment plus que d’un œil en raison de l’insécurité qui règne ces derniers temps dans la localité. Face au silence coupable de l’Etat malien, assimilable à une complicité passive et au mépris face à ses missions, les populations menacent de prendre les armes pour assurer leur propre sécurité. Ce n’est sera pas la première fois.
Les attaques armées et les rackets contre les paisibles citoyens sont devenus, depuis quelques jours, une monnaie courante dans les communes de Gabero, Gounzoureye, N’tilit et Tessit dans le Gourma.
Selon les échos qui nous sont parvenus, plusieurs cas d’attaques à main armée et des viols de femmes sont survenus dans ces localités la semaine dernière. Ainsi, dans la mare du Wossokory, Alioun Hamida a été frappé à sang pour avoir refusé de coopérer, à Dére Feutia, Morosi BAH et sa famille ainsi que Larabo BOIGNEY et familles ont été dépossédés de tous leurs biens. Des cas d’attaques armées ont été également signalés dans la vallée du fleuve Niger où l’on déplore l’enlèvement de deux chameaux à Bonka Morrou. Les criminels sont accusés également de viols sur de pauvres communautés peules et bellah.
Après avoir alerté le Gouverneur sur la situation depuis mardi, le constat regrettable est qu’aucune disposition utile n’avait été prise jusqu’à vendredi dernier. Ce sont les autorités communales des localités concernées qui ont conjugué leurs efforts moyennant cotisations pour faire venir la gendarmerie qui a procédé à des arrestations. La grande inquiétude des populations reste que les responsables de ces actes de vandalisme ne restent pas impunis.
De sources concordantes, les auteurs d’actes de vandalisme et de banditisme se sont toujours retrouvés en liberté aux lendemains de leurs arrestations.
En effet, selon de sources dignes de foi, le gouverneur de Gao, après une rencontre avec les autorités communales des localités concernées, avait décidé de procéder à l’arrestation de tous les criminels. Mais Jusqu’au samedi dernier aucune disposition n’avait été prise. Parmi les personnes arrêtées, figure le nommé Alhousseyni Mohamed Lamine Ag SAMBO qui est soupçonné d’être le cerveau de ces actes de terreur. L’homme qui a déjà fait l’objet de plusieurs arrestations serait un proche parent d’un magistrat. SAMBO n’a jamais fait l’objet de sanctions pénales ou civiles. Arrêté pour cette dernière attaque, il semble que des tractations sont en cours depuis Bamako pour négocier sa libération. Toutes choses qui dénotent, selon nos sources, la complicité de l’Etat ou de ses agents avec des terroristes. Aussi, est-on convaincu que l’Etat ne fait pas son travail pour garantir la sécurité des personnes et de leurs biens dans cette localité. Or, s’indigne t-on, cette mission découle des prérogatives de l’Etat et non des municipalités comme l’on est en train d’y assister dans le Gourma.
C’est ainsi que depuis l’éclatement de la crise, les quatre maires et le président du Conseil de cercle Abdoulaye TOURE sont restés en étroite collaboration pour préparer la riposte. La colère des populations est grande dans la zone et le mépris de l’Etat s’installe petit à petit dans les cœurs et les esprits. Les ressortissants de la localité à Bamako ne sont pas restés en marge de la question. Des réunions ont été tenues dans la journée du samedi pour envisager des solutions de sortie de cette crise y compris par la riposte en légitime défense.
Ayant fait le constat d’une grande irresponsabilité de l’Etat, notamment à travers le gouvernorat qui n’a rien envisagé pour venir en aide aux citoyens victimes, les ressortissants n’ont pas écarté la solution de s’auto-armer pour faire régner la quiétude dans leur localité. Selon des témoignages on estime que les bandits profitent de la situation de crise occasionnée par l’insurrection du 23 mai pour s’attaquer aux paisibles citoyens. Convaincu pour cela qu’ils bénéficieront de l’armistice étatique. Ces terroristes ne craignent plus rien pour se beurrer sur le dos des communautés locales, nous a-t-on, rapporté. Par ailleurs des interrogations demeurent sur le choix de ces quatre communes pour opérer.
Par Ibrahim SANGALA et Sidi DAO “