A Didiéni, une commune rurale de la région de Koulikoro où l’aridité du climat pousse de nombreux jeunes à émigrer vers l’Europe, le CAHBA (Centre Amadou Hampathé Ba), avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, a mobilisé les jeunes et les femmes autour d’une structure multifonctionnelle dénommée « La Maison du retour et de la solidarité », destinée à la réinsertion socio-économique des migrants de retour et des potentiels candidats au départ, l’appui aux femmes et aux veuves des disparus. Le jeudi, 14 décembre dernier, la directrice du CAHBA, Aminata Dramane Traoré, a rendu une visite de travail aux bénéficiaires de cet important projet socio-environnemental.
La protection et la préservation de l’environnement est une alternative crédible à l’immigration clandestine dans notre pays. Le CAHBA vient de marquer de bons points à Didiéni à travers une initiative citoyenne dénommée « Projet d’appropriation de la gestion de l’environnement par les femmes et les jeunes dans les écosystèmes fragiles et zones d’émigration : le cas de Didiéni ».
Cette initiative vise à soulever la nécessité et la possibilité de relever simultanément le défi climatique et le défi migratoire avec les communautés, en l’occurrence les femmes et les jeunes. Ce projet qui regroupe cent femmes et cent jeunes de Didiéni et environs, devra constituer le creuset d’initiatives qui, en plus de la valorisation des ressources naturelles, renforce également la capacité d’analyse, de proposition et d’actions des femmes et des jeunes dans la création de richesses à travers des activités de maraichage, de jardinage et de restauration.
Le côté novateur du projet est qu’il s’articule autour de l’économie, l’écologie, la culture, le genre et la jeunesse. Il privilégie plus précisément des valeurs de culture dont « Badenya » (solidarité entre frères/sœurs) et « Ladonba » (mère protectrice) dans la mobilisation des jeunes et des femmes, nous explique la promotrice du CAHBA, l’ancienne ministre de la Culture, Aminata Dramane Traoré. Cette visite a commencé par le jardin maraîcher des femmes de Didiéni 100% Bio, fait à base de compost sans aucun produit chimique et “la Maison du retour”, construite avec les matériaux locaux et avec de la main d’œuvre locale ; un cadre idoine pour l’hébergement et la restauration des visiteurs.
En s’adressant aux populations de Didiéni sous la grande paillote dénommée « Bougouba », Mme Traoré dira que la confiance des Maliens en eux-mêmes et en leur capacité de promouvoir, au niveau local, une économie génératrice de revenus et facteur de cohésion sociale a été ébranlée par des stratégies de développement extraverti et dépendant. Les solutions d’emprunt, en plus de l’hémorragie financière, cultive des valeurs guerrières dont « Fadenya » en langue Bamanan.
L’alternative « Badenya » se veut une réponse malienne et africaine pacifique et de nature à renforcer la dimension culturelle, économique, sociale, politique et environnementale de la participation des femmes et des jeunes à la gestion des ressources naturelles et à la prévention des conflits.
« Ce projet a une durée limitée. Cela sous-entend que les femmes et les jeunes doivent pouvoir être autonomes à la fin du projet. Le centre de Didiéni est un outil de réinsertion socioprofessionnel, qui s’il est bien géré doit pouvoir améliorer les conditions de vie de tous les bénéficiaires », a souligné Aminata D Traoré.
Quant à Ba Niakoro Coulibaly, la présidente des femmes de Didiéni, elle a, à l’issue de la visite, remercié les initiateurs du projet. Selon elle, beaucoup parmi elles qui mènent les activités de jardinage et de maraichage ont fait de bonnes récoltes mais le manque d’eau a impacté les rendements de certaines. Aussi, elle a insisté sur l’entente et l’unité de l’ensemble des femmes bénéficiaires pour la bonne pérennisation des activités.
S’agissant du porte-parole des jeunes de la localité, il fera savoir à l’assistance que les activités socio-économiques de la commune de Didiéni sont : l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, le commerce et le transport. Mais les terres cultivables deviennent de plus en plus rares à cause de la déforestation et de l’avancée du désert. D’où l’exode massif des jeunes et l’aggravation de la pauvreté. Par ailleurs, il dira que l’insuffisance cruelle d’activités génératrices de revenus pour les jeunes de la Commune de Didiéni, en dehors de la saison des pluies pousse les jeunes à aller vers des horizons incertains. « Pendant l’hivernage, les jeunes s’occupent des travaux champêtres. De nos jours, à cause du déficit pluviométrique et la pauvreté des sols, les cultures apportent peu et les jeunes sont de plus en plus tentés d’aller chercher des conditions de vie meilleures à l’extérieur du pays pour les garçons et à Bamako pour les filles. », a-t-il regretté avant d’ajouter que cette initiative du CAHBA et ses partenaires est la bienvenue pour la protection de l’environnement et la rétention des jeunes sur place.
Dans le cadre de l’exécution de ce projet, le CAHBA qui est une organisation à but non lucratif, créée en juin 2008, a mené avec le soutien des autorités locales et coutumières, plusieurs activités dont entre autres la mise en valeur des superficies exploitées dans le cadre du maraîchage et du jardinage ; des sessions de valorisation du patrimoine agricole et alimentaire ; des sessions de formation à l’endroit des jeunes et des femmes ; l’organisation de campagnes d’information et de promotion des produits naturels à travers les médias ; l’insertion des jeunes migrants de retour dans des activités de maraîchage ou de jardinage.
A coût sûr, la mise en œuvre de ce projet aura des impacts et sur la préservation l’environnement, l’insertion sociale et professionnelle des femmes et des jeunes et sur l’amélioration de leurs conditions de vie à travers la notion de « Badenya » et de « Ladonba ».
A noter que ce projet s’inscrit dans le cadre de la 2ème année de la 6ème phase opérationnelle du Programme de micro-financement du Fonds pour l’environnement mondial (PFM/FEM). 14 projets ont été financés par le Programme d’appui à l’environnement et aux actions communautaires et le Secrétariat exécutif et de la coordination des ONG (PAEAC/SECO-ONG) soutenu par le Fonds pays du PNUD (TRACT/PNUD), dont le Centre Amadou Hampaté Ba (CAHBA) avec comme zone d’intervention le cercle de Didiéni, situé à 38km au nord de la commune de Kolokani.
Habi Kaba Diakité
Faudrait deja tarir les aspirateurs comme ces pays occidentaux comme le Canada ou l’Australie (enfin tout ces pays qui ont pour monnaie le Dollar$) qui ont besoin de mains d’oeuvre et d’immigrés pour assurer leur occupation des terres Amerindiennes!
Comments are closed.