Le samedi dernier à Niono et Macina (Région de Ségou), le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, a affiché une réelle détermination à enrayer la menace terroriste. Le renforcement du dispositif sécuritaire, à travers notamment la multiplication des postes militaires, constitue l’épine dorsale de la stratégie du chef du gouvernement. A l’action militaire s’adjoindront d’autres efforts visant à relancer les activités économiques dans ces localités. Soumeylou Boubèye Maïga, qui effectuait sa deuxième visite à l’intérieur du pays depuis sa nomination, était dans la 4è région pour réaffirmer le soutien de l’Etat à tous ses agents et aux populations. A la tête d’une forte délégation comprenant des membres du gouvernement, il a été accueilli à Ségou avec ferveur. Autorités (administratives, locales, traditionnelles et coutumières) et habitants de la cité des Balazans s’étaient fortement mobilisés pour la circonstance.
Même ambiance à Niono où cette mission de deux jours a véritablement démarré. Sur place, le Premier ministre a, d’abord, rencontré, à huis clos, les autorités judiciaires. Un des leurs, en l’occurrence le président du tribunal de Niono, enlevé depuis des mois, est toujours aux mains des terroristes qui continuent de semer la terreur et la désolation dans cette partie du pays. Attaques aux engins explosifs improvisés, embuscades, assassinats ciblés… se succèdent à un rythme démoniaque. La question terroriste ne pouvait donc pas être occultée lors de la rencontre que le chef du gouvernement a eue avec les autorités administratives et politiques de Niono.
Organisée dans la salle de réunion de la préfecture, cette rencontre aura permis au maire et au préfet d’évoquer les préoccupations essentielles des populations. L’insécurité tient la première place. Ainsi, le maire Modibo Sissoko a souhaité l’installation d’un check-point à Sorowely et l’opérationnalisation de la compagnie de gendarmerie de Niono. Le même cri de cœur a été lancé par Chaka Magassa, le préfet du cercle de Niono qui a informé le chef du gouvernement de l’absence d’éléments au poste de sécurité de Sokolo et aux brigades territoriales de Diabali et de Nampala.
Ces postes ne sont pas actuellement opérationnels, a-t-il déclaré, avant de saluer l’avènement de l’opération «Dambé» qui rassure la population. Au-delà de la situation sécuritaire préoccupante, le préfet a aussi attiré l’attention sur les mauvais résultats de la dernière campagne agricole.
Prenant la parole, Soumeylou Boubèye Maïga a décliné les grands axes des missions à lui confiées par le chef de l’Etat. Essentiellement, l’équipe gouvernementale en place doit agir afin d’assurer la sécurité des Maliens et de leurs biens; réconcilier les «enfants» du pays et faire en sorte que l’Etat soit au service des citoyens de manière équitable.
En réponse aux préoccupations sécuritaires soulevées par les autorités de Niono, le Premier ministre a informé qu’un effectif important de militaires se déploie progressivement sur le terrain. «Nous ferons en sorte que tous les postes qui ont été créés soient occupés. Et tout sera fait pour ramener la sécurité», a-t-il assuré, réaffirmant sa détermination à traquer «nos ennemis partout où ils se cachent». Dans cette bataille contre le terrorisme, Soumeylou Boubèye Maïga a mis en exergue la nécessaire collaboration des populations qui doivent comprendre que l’Etat ne «combat aucune communauté», comme le font croire les ennemis du pays.
Ainsi, le chef du gouvernement a prêché la tolérance et exhorté les populations à l’union sacrée. Il a aussi précisé que «c’est le moment pour chacun de choisir son camp», tout en rappelant qu’aucun ennemi du Mali ne sera épargné. L’Etat offre cependant la possibilité à ceux qui n’ont pas de sang sur la main d’intégrer le processus de paix.
Le chef du gouvernement s’est, par ailleurs, montré déterminé à densifier la présence de l’Etat dans la région de Ségou. Dans le cadre de l’accès aux services sociaux de base, il a annoncé que des actions sont envisagées pour soulager davantage les citoyens conformément aux directives données par le président de la République. Aussi, pour les populations en situation d’insécurité alimentaire, l’Etat procédera à la distribution gratuite de 606 tonnes de céréales. Sur place, le Premier ministre a mis à disposition 30.000 doses de vaccins pour ovins, caprins et bovins. S’y s’ajoute une quantité importante d’aliments bétail (subventionné à 50%).
Concernant l’éducation, Soumeylou Boubèye Maïga a informé ses interlocuteurs de la décision du gouvernement d’intégrer les écoles coraniques dans le système éducatif national. Et toutes les écoles communautaires et communales seront transformées en écoles publiques à partir de la prochaine rentrée des classes. Par ailleurs, il a assuré que le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 29 juillet prochain et dans les normes requises en la matière.
DES RÉPONSES RASSURANTES. Le chef du gouvernement a tenu le même discours devant les autorités administratives et politiques de Ké-Macina, réunies pour la circonstance dans la salle de réunion de la préfecture. Les populations de cette localité, décrite par certains comme le fief du terroriste Amadoun Kouffa, ont réservé un accueil «triomphal» au Premier ministre et à sa délégation. «Je n’avais pas cru qu’il viendrait», murmurait un vieil homme qui, comme nombre de ses convives, a affirmé voir en cette visite le «signe du retour de Macina dans les girons de la République». En effet, tout le cercle de Ké-Macina vit une situation sécuritaire «très préoccupante», selon le préfet qui a souhaité l’installation de nouveaux postes militaires, notamment à Monipébougou, Soumouni et Saye pour sécuriser les citoyens. Aussi, a-t-il souligné la nécessité d’anticiper sur la crise alimentaire qui se profile à l’horizon.
A ces préoccupations, le Premier ministre a apporté des réponses rassurantes. «Si on doit déployer 10.000 hommes pour protéger les Maliens, on le fera», dit-il. Car, la sécurité est la condition sine qua non pour engager des actions de développement. «On a un projet de près de 15 milliards FCFA pour réhabiliter le fleuve Niger, mais on n’arrive pas à le mettre en œuvre à cause de l’insécurité», dira le chef du gouvernement. Afin d’aider les personnes vulnérables à faire face à l’insécurité alimentaire, il sera octroyé au cercle de Macina 390 tonnes de céréales. En outre, le Premier ministre a offert 30.000 doses de vaccins pour le bétail ; 500 tonnes d’aliments bétail (subventionnées à 50%) seront disponibles, dans les semaines à venir.
Soumeylou Boubèye Maïga a promis qu’à la rentrée prochaine, «toutes les écoles de Macina rouvriront». Tout comme Niono, Macina est concernée par la mesure d’intégration des écoles coraniques et communautaires dans le système éducatif. Sur le plan agricole, des actions sont en vue pour surcreuser et rallonger certains canaux d’irrigation dans la zone.
La deuxième journée de cette visite a été consacrée à la ville de Ségou où le Premier a rencontré, au gouvernorat, les cadres de la région. Lors de cette rencontre, Bani Ould Mohamed Cissé, directeur de cabinet du gouverneur, a fait une brève présentation de cette région qui regorge d’importantes potentialités agricoles. Sauf que, a-t-il déploré, le développement est actuellement plombé par l’insécurité. Cependant, il s’est réjoui de la mise en œuvre du Plan de sécurisation intégré des régions du centre dont les premiers résultats sont palpables sur le terrain.
Aujourd’hui, «les nuages qui obscurcissent notre horizon commencent à se disperser. Cela grâce à votre clairvoyance», a indiqué Bani Ould en s’adressant au Premier ministre qui, en retour, a réaffirmé sa détermination à entreprendre toute action susceptible de préserver la vie des citoyens et leurs biens. La journée marathon a pris fin par la visite que la délégation a rendue aux militaires de Ségou.
Dans toutes les localités visitées, Soumeylou Boubèye Maïga et sa délégation ont rendu une visite de courtoisie aux chefs coutumiers, aux notabilités et leaders religieux. La délégation a aussi visité l’échangeur de Ségou dont certaines barrières ont été déjà endommagées par des chauffards.
Envoyés spéciaux
Issa DEMBÉLÉ
Aliou SISSOKO