Il faut vraiment regretter le temps où le fameux CCPA (Comité Culturel de Plein Air) existait dans ce pays. Trouvaille du régime socialiste de Modibo Keita, qui a eu son prolongement avec les mouvements UNJM de la deuxième République, ces structures de jeunesse régulaient les activités diurnes et nocturnes organisées par les maliens.
Nous n’en étions pas de vrais acteurs certes, mais nous savions que toutes les activités populaires étaient contrôlées minutieusement avec autorisation et délai horaire impératif pour y mettre fin. Ce n’était pas du goût de tout le monde mais l’histoire retiendra que ces mesures ont atténué à l’époque la débauche sans vergogne qui s’est emparée de notre société aujourd’hui. Tout cela n’est donc que du passé. La démocratie a tout foutu en l’air dans ce pays et n’importe qui, peut organiser son sabar pornographique ou son balafon pernicieux, qui devant sa porte, qui sur une place publique qui peut le lendemain servir de place de prière, qui dans ces salles de spectacle et dancing où tout coule à flot (le sexe, la boisson et le hachis). Personne ne viendra lever son petit doigt pour y mettre un holà, du Maire chargé de veiller à l’ordre public au Commissaire de Police dont les agents préfèrent que la manifestation aille au delà de minuit afin que le montant de leurs honoraires puissent doubler.
Et ce Samedi 28 Octobre, pour un spectacle de jeunes enfants, le concert n’a commencé qu’aux encablures de zéro heure ! Du Coupé Décalé qui fait véritablement tabac en ce moment et dont la chanson n’apporte rien de positif à ceux qui l’écoutent. Et surtout, quand la danse s’appelle « Woloso ». Les « Woloso » version Coupé Découlé étaient donc dans nos murs à Ségou, après le refus des sikassois de ne pas les produire. Ils ont fait salle comble ! Ils peuvent donc se permettre d’offrir une moto Jakarta au meilleur danseur parmi le public qui se serait le plus distingué ! Dans ce jeu singulier, une Miss ORTM 2005, descendante d’une grande famille maraboutique a crevé l’écran de la plus belle manière. Sous l’effet de cette danse immorale et pour mieux se distinguer, elle s’est ôtée l’habit, laissant voir tout ce qu’elle a d’intimité, sous les délires d’un public juvénile qui ne demandait pas tant et qui s’est vite agrippé chacun sur son portable afin de fixer à jamais cette scène.
Le lendemain, l’image se l’envoyait de partout à travers les dernières innovations technologiques. Ce qui s’est donc passé pose la responsabilité de tous : autorités parentales comme celles administratives. Chacun y reconnaîtra sa part mais nous, nous attarderons sur ceux qui, nos confrères, depuis l’élection Miss ORTM, ne font rien, comme d’habitude, pour protéger de petites célébrités comme ces Miss. A l’ORTM, on a toujours laissé ces Miss à elles mêmes, alors qu’elles sont considérées comme des ambassadrices, en somme des modèles sur lesquels d’autres doivent se mirer. Or, dès la fin de cette compétition, c’est à peine si les organisateurs de l’élection Miss ORTM arrivent à les encadrer quand ils ne sont pas les premiers à faire les yeux doux à ces gamines qui se voient rapidement dans l’ascenseur de la vie. Ne circule t-on pas d’ailleurs en ville que les deux autres Miss de la même année font pire ?
Dramane Bagayoko“