Comme partout dans le nord de notre pays, Niafunké a vécu les événements récents de Kidal dans la crainte de revivre les douloureux évènements de l’occupation de 2012. Les souvenirs du cauchemar des exactions des groupes armés sont encore frais dans les mémoires. Les plaies de la mésentente, ouvertes entre les communautés sédentaires et nomades par l’occupation, ne sont pas totalement cicatrisées.
C’est pourquoi l’annonce de la chute de Kidal a plongé la ville de Niafunké dans le désarroi. Comme dans une ville morte, tout s’est arrêté brusquement. Plus de motos, plus de véhicules, plus de charrettes dans les rues.
Tout le monde cherchait à s’informer sur l’évolution de la situation sur le terrain à travers les médias. Toutes sortes de rumeurs couraient dans la ville. Le spectre d’un retour des groupes armés, inquiétait au plus haut point. Surtout que certains médias internationaux annonçaient que Goundam et Léré étaient tombés aux mains des mouvements armés. Mais après deux jours d’incertitude, il s’est avéré que ni Léré, ni Goundam n’est occupé et que l’État y est présent dans sa plénitude.
Qu’à cela ne tienne. Certains habitants de Niafunké gardaient un œil sur le bac automoteur au bord du fleuve pour savoir si les autorités administratives allaient quitter la ville.
Mais ni les administrateurs ni le contingent de l’armée n’a quitté Niafunké. Ils se sont plutôt employés à rassurer les populations en patrouillant dans la ville à pied et dans des véhicules pour montrer qu’ils sont bien présents.
Aussi le conseil de cercle et la préfecture ont continué à ouvrir leurs portes toute la journée. Les radios de proximité diffusaient des messages rassurants. Ces actions ont contribué à rassurer les populations qui n’ont en aucun moment été privées de la fourniture d’électricité, de l’eau.
En fin de semaine dernière, la coopérative agricole de Goubo qui exploite une mare rizicole de près de 376 ha avec plus de 600 exploitants a invité les paysans à des travaux collectifs.
Les événements de Kidal n’ont pas empêché l’Ong Woiyo Condeye d’organiser des assemblées de réconciliation dans les communes de Léré, Dianké et Soumpi. Les populations, toutes ethnies confondues, ont participé massivement à ces assises et affiché leur désir de dialogue pour instaurer une paix durable.
Vendredi dernier, à la prière, le grand imam et les marabouts ont demandé aux fidèles de faire des prières et des bénédictions pour le pays.
Ici à Niafunké, les populations vaquent à leurs occupations tout en prêtant l’oreille aux informations sur le respect de l’accord de cessez le feu.
Source : Amap