Mission gouvernementale à Kidal : A l’écoute des ex-combattants rentres de Libye

0

Une gestion intelligente de leur cas est nécessaire pour la stabilité dans une zone où la situation sécuritaire est déjà fragile.

Une délégation ministérielle conduite par le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, Kafougouna Koné, était en fin de semaine dans le Nord. C’est par la Région de Kidal que la délégation a entamé vendredi sa mission. Elle a ensuite gagné la Région de Gao. La mission était composée d’une vingtaine de personnes dont six ministres, des élus nationaux et régionaux. La rencontre de Kidal s’est déroulée dans la salle de conférence du gouvernorat en présence des notabilités de Tombouctou, Gao et Kidal. Le groupe d’environ 400 ex-combattants récemment rentrés de Libye (voir L’Essor de vendredi) était représenté par six hommes. Ceux-ci sont entrés dans la ville de Kidal cette fois-ci sans armes et en tenue civile. Le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales a expliqué que l’objet de cette importante mission gouvernementale est « d’être à l’écoute de nos frères rentrés de la Libye ». Et de poursuivre : « Au nom du chef de l’Etat, nous tenons à les assurer que nous partageons leurs peines ».

Le ministre Koné s’est ensuite directement adressé aux ex-combattants en ces termes : « le message du gouvernement est de vous dire que chacun de vous est chez lui ». Le gouverneur de la Région de Kidal, le colonel-major Salifou Koné, estime qu’il faut rester optimiste et que cette mission aura un impact positif sur la gestion du cas des ex-combattants revenus de Libye. Cela est essentiel pour la stabilité du pays et le bien-être socio-économiques des populations du Nord-Mali. Le chef de l’exécutif régional a assuré que la seule présence de la délégation ministérielle réconforte les populations. Salifou Koné a admis que cette mission gouvernementale intervenait dans un contexte sécuritaire assez préoccupant : l’état post-conflit armé dû aux rebellions pour des revendications identitaires, la persistance de l’insécurité résiduelle, les menaces pesantes sur la bande sahélo-saharienne, l’influence grandissante d’Aqmi dans la zone, l’apparition du Mouvement national Azawad depuis 2010, le retour des ex-combattants de Libye que certains tentent de récupérer pour assouvir des desseins déstabilisateurs. Le retour de ces militaires est signalé depuis août 2011.

Les autorités régionales à tous les niveaux sont mobilisées pour une gestion responsable et efficace de leur cas. A cet effet, une commission régionale de contrôle et de suivi des mouvements des populations liés aux crises dans les pays du Maghreb a été créée. Cette commission a pris en charge 1376 personnes de différentes nationalités dont 654 encadrés par la Croix Rouge Malienne. Un plan d’action régional a été élaboré en guise de réponse locale appropriée en phase avec l’action gouvernementale. « Il s’agit avant tout de tendre la main à tous les fils du pays sans exclusion, de démarcher tous les groupes de militaires libyens d’origine malienne afin de les accompagner dans leur situation de détresse personnelle », a poursuivi le gouverneur. C’est ainsi que les chefs de fraction et de communauté, les notabilités et autres personnes ressources de la région ont été mis à contribution pour encadrer et canaliser le retour de ex-combattants en vue de minimiser les risques de connexion ou de récupération par les éléments va-t-en guerre. Ainsi un premier groupe conduit par le colonel Ewanzak Ag Emakadeye s’est présenté aux autorités locales de Tessalit et a par la suite rendu une visite de courtoisie au gouverneur. « Nous avons avec fierté accueilli au nom des autorités du pays un deuxième lot conduit par le colonel Wanki Ag Assad Baki avec un important arsenal militaire, le 18 octobre à Takalot qui leur sert de site de cantonnement », a indiqué le colonel-major Koné, avant de révéler qu’un troisième groupe est annoncé pour très prochainement. Il sera installé sur le site de Tananaït.

Les représentants de ce groupe dont les colonels Mohamed Lamine et Sidi Lamine ont déjà rendu une visite de courtoisie au gouverneur, et avaient tenu à être présents à la rencontre avec la mission gouvernementale à Kidal. Les représentants des ex-combattants ont tous assuré inscrire leur retour au pays dans une dynamique de paix. Même ceux qui ne sont pas dans cette logique seront démarchés afin de ne pas se sentir marginalisés, a assuré le gouverneur. Avant de conclure : « Voilà dans quel environnement nous devons relever le défi de l’année électorale à venir ! Cet environnement est certes difficile, mais pas du tout désespéré. Il s’agira de savoir judicieusement puiser dans les valeurs de notre riche capital sociétal et de prendre à temps le taureau par les cornes ».

Commentaires via Facebook :