La sécurité, les élections communales et régionales à venir, la réorganisation de l’administration et la relance du développement étaient au centre de la rencontre avec les cadres de la Région dont certains cercles ont souffert de l’occupation des groupes armés.
Après Gao (réf L’Essor du 11 août), le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le Général Sada Samaké, à la tête d’une forte délégation a séjourné à Mopti les 7 et 8 août. La délégation comprenait notamment le Directeur général des collectivités territoriales, Adama Sissouma, représentant le Ministère de la Décentralisation et de la Ville, le président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (Céni), Mamadou Diamoutani, le Conseiller technique principal du Papem (Projet d’Appui au Processus Électoral au Mali), Alain Vauck Ayoudokoun, le Directeur de la division Élection à la Minusma, Kouakou Assoukpé.
Le clou du séjour de la mission a été la rencontre du 8 août avec l’ensemble des préfets et sous-préfets, les chefs de services régionaux, les élus locaux, les responsables des forces armés et de sécurité de la région. La rencontre qui s’est déroulée dans la salle de conférence du gouvernorat a également mobilisé des représentants des organisations de la société civile, des partenaires techniques et financiers et les responsables des partis politiques implantés dans la Région. Elle était destinée à informer et discuter avec ces acteurs des grands chantiers du pays dont le département de l’Intérieur et de la Sécurité a la charge dans le cadre de la mise en œuvre de la politique générale du Gouvernement.
Spécifiquement, il s’agissait d’informer et de mobiliser les cadres de la Région sur les opérations d’achèvement du Recensement Administratif à Vocation d’État Civil (Ravec) et l’organisation des élections communales et régionales à venir.
Dans son discours de bienvenue à la délégation, le gouverneur de la région de Mopti, Kaman Kané, a fait une présentation succincte de cette entité administrative située dans le Delta central du fleuve Niger. Zone charnière entre les parties méridionale et septentrionale du Mali, la Région couvre une superficie de 79.017 km2 soit 6,34% du territoire national avec une population estimée à 2 037 330 habitants pour une densité de 25 hbts/km2. Cette population est composée majoritairement de Peulhs, Bozos, Somonos, Dogons, Bambaras, Sonhraïs, Mossis, Tamasheqs, Bobos et Dafings.
Deux zones naturelles distinctes caractérisent la géographie de la Région. La zone exondée couvre les cercles de Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro tandis que la zone inondée, très enclavée à vocation agro-sylvo-pastorale et halieutique, s’étend sur les cercles de Mopti, Djenné, Ténenkou et Youwarou.
La Région constitue une destination touristique très prisée avec trois sites classés au patrimoine de l’humanité par l’Unesco : Djenné, le pays Dogon, le Yaaral et le Dégal (patrimoine immatériel). Les deux premiers font partie des 8 merveilles de l’Afrique.
Mopti compte 8 cercles (le plus grand nombre de cercles dans une région), 55 arrondissements, 108 communes dont cinq urbaines. L’appui-conseil à ces entités est assuré par 72 services publics et parapublics régionaux. 65 partenaires techniques et financiers et organisations non gouvernementales sont présents dans la Région où la scène politique est animée par 39 partis.
DANS UN ESPRIT D’ANTICIPATION
Une partie de la Région a souffert de l’occupation du Nord par les groupes armés en 2012. Même si les actes de grand banditisme sont fréquemment signalés, la situation sécuritaire s’est nettement améliorée grâce aux efforts conjugués des patrouilles des forces armées et de sécurité et de la Minusma, et avec le renforcement des dispositifs sécuritaires de Mondoro, Douentza et Youwarou (Gathi Loumou).
Evoquant les élections à venir, le gouverneur a indiqué qu’elles se préparent dans un esprit d’anticipation et de sauvegarde des acquis des précédents scrutins. Les préparatifs incluent la mise à niveau des agents électoraux et la bonne conservation du matériel durable. L’opération de recensement des chefs de famille (une instruction du ministre) est terminée depuis le 30 juin 2014 dans la Région et les listes sont disponibles dans les différentes mairies.
En ce qui concerne l’achèvement et le parachèvement du Ravec, les dispositions préparatoires sont également terminées dans la Région avec la mise en place des commissions d’organisation du Ravec par les préfets et les sous-préfets, l’identification des agents recenseurs, l’élaboration des plans de progression des équipes en tenant compte de la norme de 100 personnes par jour ; l’inventaire des équipements et du petit matériel existant et l’évaluation des besoins nécessaires. Les plans de communication et de mobilisation des populations ont été élaborés.
Parallèlement à ces acquis, le gouverneur Kaman Kané a évoqué des contraintes comme l’insuffisance du personnel notamment des agents d’exécution et des éléments de sécurité, le manque de moyens logistiques et les problèmes d’infrastructures.
Le chef de l’exécutif régional s’est réjoui de l’opérationnalisation du Programme d’Urgence pour la Relance du Développement des Régions du Nord (Purd/Rn) financé dans la Région Mopti à hauteur de plus d’un milliard de Fcfa. Ce financement prévoit la reconstruction et l’équipement des cercles précédemment occupés : Douentza, Ténenkou et Youwarou, et l’acquisition de véhicules et motos.
Toujours selon le gouverneur, la signature le 14 juillet de la deuxième phase de la convention portant sur une enveloppe financière de 2,7 milliards de Fcfa donne beaucoup d’espoir d’améliorer davantage les conditions de travail des agents.
“Les difficultés tantôt évoquées ne nous émousseront pas. Notre ambition est de donner à cette région un visage nouveau et de faire régner sur tout le territoire de la Région une administration impartiale, neutre qui veille, qui contrôle et qui anticipe, bref une administration au service exclusif des populations”, a conclu Kaman Kané.
La délégation ministérielle a ensuite discuté avec les cadres de la Région sur les élections communales et régionales à venir ; le renouvellement des conseils de village, de fraction et de quartier ; la gestion de l’État-civil (l’achèvement du Ravec), la vie administrative (l’exercice de la tutelle), la situation des infrastructures et le retour de l’administration dans les localités précédemment occupées.
Les cadres ont soulevé plusieurs préoccupations notamment les innovations liées à l’élection régionale et son couplage avec les communales, la désignation des maires, la suppression du cumul de candidatures aux élections communales et régionales et le déploiement des services de sécurité dans les villes du Nord. Sada Samaké et les membres de sa délégation ont apporté des clarifications appropriées. Le ministre a informé l’assistance de la reconduction de la Céni (à la demande de la classe politique) pour assurer la supervision des prochaines élections.
Actualité obligeant, le Ministre a également fait le point du premier round des pourparlers d’Alger entre le gouvernement et les groupes armés, qui a permis l’adoption d’une feuille de route pour les négociations de fond. Cette première phase a aussi permis la signature d’une déclaration de cessez-le-feu.
Pour ce qui est de la reconstruction, le contrat de performance édicté dans la feuille de route du gouvernement qui traduit la vision du président de la République, fait obligation de mettre un terme aux différents comportements néfastes à tous les niveaux de responsabilité, a recommandé le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité.
Source : Amap