Une cérémonie symbolique de réparation aux victimes était organisée ce mardi 30 mars à Bamako par les autorités maliennes de transition et par la Cour pénale internationale. L’événement fait suite à la condamnation en 2016, par la CPI, d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi, cadre du groupe jihadiste Ansar Dine, qui avait conduit la destruction des mausolées de Tombouctou en 2012. Les mausolées ont été reconstruits depuis, et cette cérémonie a été l’occasion lancer le processus de réparation aux victimes.
Vidéo du procès d’Ahmad Al Faqi al Mahdi, minute de silence pour les victimes du terrorisme au Mali et au Sahel… Cette cérémonie est d’abord un moment de recueillement. Elle est aussi l’occasion pour le président malien de la Transition, Bah N’Daw, de saluer le travail de la Cour pénale internationale après la destruction des mausolées de Tombouctou.
« Nous apprécions la détermination de la Cour, qui fait de la lutte contre l’impunité son cheval de bataille. Nous acceptons avec honneur l’euro symbolique en réparation du préjudice matériel et moral subi par le peuple malien. »
Un euro symbolique pour le peuple malien, et un autre pour l’humanité tout entière. Car la destruction des mausolées de Tombouctou constitue un crime de guerre contre le patrimoine mondial. Fatou Bensouda, procureur de la Cour pénale internationale, s’est exprimée : « Ce patrimoine fait partie de notre identité commune. Cette cérémonie est à la fois symbolique et historique. Elle atteste de l’importance cruciale de la réparation pour les victimes dans le processus judiciaire devant la Cour pénale internationale. »
Alpha San Chirfi, un intellectuel tombouctien, le descendant d’Alpha Moya, l’un des saints dont le mausolée a été détruit en 2012 y voit « un réconfort moral ». « J’espère que ce sera le début de la renaissance, souligne-t-il. Il faut renforcer la sécurité des mausolées, les cimetières sont exposés, les clôtures sont mal faites. Il faut renforcer la sécurité et refaire l’éclairage. »
2,7 millions d’euros viennent d’être débloqués par le Fonds d’indemnisation de la CPI, pour les victimes directes de la destruction des mausolées – c’est-à-dire les descendants des Saints – et pour tous les habitants de Tombouctou. Des projets d’appui économique et d’infrastructures doivent être mis en œuvre dans les trois prochaines années.
« Il y aura des activités génératrices de revenus, parce que les maçons ont tout perdu, les artisans ont tout perdu, c’est un travail de trois ans que nous allons mettre en place pour toute la ville de Tombouctou », explique Mama Doumbia Koité, qui représente les pays africains au sein du Fonds au profit des victimes de la CPI.
Mama Doumbia Koité adresse « une pensée pieuse » à « toutes les autres victimes de la crise malienne, dont l’attente de justice et de réparation est devenue insupportable. »
SOURCE: RFI.FR