Mairie urbaine de Gao :Le torchon continue de bruler entre Sadou et certains Conseillers

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Après la mise en place de l’équipe communale en 2009, la lune de miel ne fut que de courte durée. L’adulation des premiers moments du mandat tourne à l’exécration.

En dépit d’une contestation qui dure des mois, le Maire, M. Sadou H. Diallo non moins membre du parti PDES, « accumule les faux-pas en tournant dos aux testes législatifs régissant la gestion de son organe », accuse ses détracteurs. Ce qui a provoqué une vive tension qui semble atteindre son summum la semaine dernière où des conseillers (16 au total sur 29) demandent sa destitution.

Il faut d’abord rappeler que l’origine du conflit remonte au 16 septembre dernier lors de la session budgétaire annuelle. Les conseillers du PDES (alors Mouvement Citoyen) « ont demandé à être édifiés sur les 40 tonnes de riz offerts par le PAM pour l’appui à l’assainissement et les 330 millions de FCFA de l’ambassade de Japon pour la reconstruction du marché Washington. Ces fonds qui devaient être déposés au Trésor selon ces mêmes conseillers, ont pris une autre direction ». « Un état de fait qu’ils ne peuvent accepter ni tolérer. Non satisfaits de sa justification sur l’utilisation des ces fonds, ces conseillers décident de mettre le maire hors de la loi, hors de danger » selon leur propre terme. Ce 16 septembre donc, « le Maire a abandonné la salle avant la fin de la séance sans avoir délibéré, 20 conseillers sont restés et ont fait la délibération », précise un élu. Et celui-ci d’enchaîner : « Il a couvert les conseillers d’insultes en les traitants, d’handicapés et d’analphabètes. J’ai la majorité. Je n’ai pas besoin de l’avis de quelqu’un. Je n’applique pas la loi ici. Je m’en fous de la loi », sont les derniers propos qu’il aurait lancés en plein visage aux conseillers. Contacté par nos soins, le Maire Sadou Diallo « crie à l’intox et à la diffamation ». Il a balayé d’un revers de la main ces allégations mensongères et gravissimes. C’est face à cette situation que le Préfet a été saisi en tant que tutelle pour trouver une solution au problème. Cette rencontre a eu lieu le 4 octobre dernier en l’absence du Maire qui était en mission à Sikasso. Le Préfet qui dit n’avoir jamais été informé du problème a attiré l’attention des conseillers sur l’impact néfaste que ces tiraillements pourraient avoir sur le développement de la commune. L’occasion était propice pour ces conseillers tous présents ce jour d’énumérer leur plainte et d’exposer la gestion anarchique face à laquelle ils ne peuvent plus fermer les yeux. Selon eux : « les marchés sont attribués sans appel d’offres (celui de Washington a été attribué à un entrepreneur proche de Sadou), la réception des dons et legs n’est jamais soumise au conseil communal (les 40 tonnes de riz n’ont pas été géré par la commission) sans oublier les licenciements arbitraires et les recrutements sur fond de favoritisme ».

L’erreur étant humaine, le préfet « a exhorté les uns et les autres à faire preuve de tolérance en faisant appel à la grande famille africaine où le pardon et la patience dans un climat d’entente et de concertation contribuent à repenser les plaies ». Enfin, en référence à l’article 46 de code des collectivités, les conseillers ont demandé la destitution du Maire. La rencontre a pris fin avec la prise en compte par le Préfet de la motion de dénonciation en attendant la décision finale. Après cette rencontre, certains conseillers, notamment ceux du PDES (le parti du Maire) sont revenus à de meilleurs sentiments et ont rallié son camp.

Ainsi, le conseil communal se divise en deux clans. Le clan contestataire composé des membres influents de l’ADEMA comme l’ex Député, M. Arboncana B. Maiga, l’ancien Secrétaire Général de Gao sous Alpha, Issa Attaher, Mariam Maiga et Abderahmane Guindo (respectivement 2è et 3è adjoint au Maire et Ali Allasane Touré sous l’orage de la contestation qu’ils sont convoqués en session budgétaire le 28 février dernier.

Ce jour, 28 conseillers ont répondu à l’appel, le 29è s’est absenté sans procuration. Ce budget de 17 millions de FCFA couvrant les salaires des enseignants et l’assainissement de la ville a été rejeté par 15 d’entre eux, 13 ont approuvé le budget qu’il promet de porter à 41 millions de FCFA. Il faut préciser que cette session a lieu en présence de M. Malick A. Maiga, Président de la coordination régionale du PDES et de l’Association des Ressortissants du Nord.

Le problème de la Mairie a fait l’effet d’une bombe et bon nombre d’observateurs en ont fait leur choix gras. Pour certains, la guerre des nerfs qui oppose le Maire à certains de ses conseillers semble avoir des profondeurs politiques parce qu’on se trouve face à un bras de fer PDES-ADEMA, une guerre d’intérêt où des conseillers veulent tenir les cordons de la bourse et avoir voix au chapitre sur la gestion alors que le Maire tout en menant la barque cherche à préserver ses intérêts. « Sadou a dilapidé tout son patrimoine financier pour battre campagne, c’est l’occasion pour lui de le récupérer », entend-on dire dans la cité.

Toujours dans l’espoir de trouver une issue favorable menant à la réconciliation, une session extraordinaire e eu lieu le 18 mars dernier en présence de l’opérateur économique Ali B. Maiga, Président de l’Association pour la Paix et le Développement (ADP) ainsi que plusieurs notabilités de Gao. Devant les mêmes revendications des conseillers, le Maire qui excelle dans l’art de ménager le bâton et la carotte sort de ses gonds et les arrose d’une avalanche de propos injurieux avant de claquer la porte à la grande déception de l’assistance. « Je ne démissionne pas et personne ne peux me destituer. Je finirai mon mandat et vous allez voir ce que je vais faire de vousr » a-t-il martelé.

« Tout démontre que dans leur attitude, nos élus n’agissent pas en responsable. Pire encore, ils ne font pas preuve de maturité politique. Quand l’intérêt personnel est mis au devant du collectif, il est certain que des fissures vont apparaître et les réhabiliter posera problème », remarque un observateur avisé de la place.

De la révocation du Maire…

C’est ainsi que la dernière session qui était prévue au 29 mars a été anticipée au 26. Là, les conseillers ont demandé la révocation pure et simple du Maire en se référent aux articles du code des collectivités. 16 conseillers ont signé cette demande de révocation.

Les tentatives de médiation du Préfet et des sages de la commune ont tourné en eau de boudin. La société civile qui est restée muette sort de son silence, une marche pacifique programmée a été mise annulée par les autorités régionales. Ainsi, elles ont interpellé le conseil communal à un règlement consensuel du conflit en lavant le linge sale en famille. Quant aux sages de la commune de Sonni Ali Ber, ils ont lancé un appel aux conseillers pour qu’ils acceptent l’inacceptable au nom du développement communal. Il en est de même pour le collectif des partis politiques. Présentement, tout le monde se demande sur le sort réservé à l’organe.

Dans les coulisses, sa dissolution est sur toutes les lèvres car toutes les approches de médiation sont épuisées. « Il est probable qu’une Délégation Spéciale prenne la relève », susurre un habitant, pourvu qu’elle puisse résoudre l’équation aux multiples inconnus que l’équipe dirigeante a posée car notre seul souci est de sauver la Mairie de la dépravation administrative dans laquelle elle croupit depuis des années. « Pour être claire, nous souhaitons une administration compétente qui mettra le train communal sur de bons rails », poursuit notre interlocuteur.

Malgré l’ambiance orageuse, le Maire semble serein et vaque à ses occupations. A l’heure actuelle, il se trouve en mission à Ouagadougou où il vient d’obtenir le financement de la reconstruction du marché de légumes ravagé par les flammes en 2008 pour 800 millions de nos francs. Il faut préciser que le premier Magistrat de la ville qui jure de mener son mandat à terme, maitrise bien le domaine des affaires. Il peut donc compter sur l’appui de ses hommes d’accointance pour arriver à ses fins en brandissant l’appât de ses largesses. Dans ce cas, le clan contestataire doit se dire que pour lui, la partie est loin d’être gagnée. Pour quoi ne pas reconnaître la passion de développer la ville au Maire ?

Ramatou Cissé Sidibé, CP à Gao

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