Le Programme de lutte contre l’ensablement du bassin du fleuve Niger (PLCE-BN) est un programme multinational et multi-bailleurs (BAD, UEMOA, ABN, Etats membres et bénéficiaires) financé en 2004 et 2009 pour un montant de 22,9 milliards de Fcfa. Il vise notamment à contribuer à la sauvegarde, sur une base participative et durable, des ressources en eaux et sol du bassin du fleuve Niger. Il contribue à enrayer le processus d’ensablement du fleuve défavorable à la production agricole. Exécuté dans le triangle sahélo-saharien du bassin situé sur la boucle du Niger et au nord du Mali entre Tombouctou et Gao, au nord-est du Burkina (provinces de l’Oudalan et du Séno) et sur la rive droite du fleuve en amont de Niamey, le PLCE-BN est un sous-programme de l’Autorité du Bassin du fleuve Niger (ABN) réunissant 9 Etats : Bénin , Burkina, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger et Tchad.
La sous-composante Mali a été exécutée sur la bande fluviale dans les régions de Tombouctou et Gao, de Niafunké à Labbezanga. Elle concerne 5 cercles, 16 communes et 101 villages. A l’instar du Burkina Faso et du Niger, elle a pu atteindre et même dépasser tous les indicateurs majeurs à la clôture de la première phase du projet en décembre 2010. Il s’agit, entre autres, de 6100 hectares de dunes à fixer, 1800 hectares de berges à protéger et de nappes sableuses à récupérer à des fins agro-sylvicoles, 600 hectares de plantations de production de bois à réaliser, 250 hectares de jardins fruitiers et maraîchers à mettre en place, etc.
Fort des résultats acquis, les pays membres ont soumis à la BAD et à l’UEMOA une requête de financement pour l’étude de la préparation de la deuxième phase et un plan d’action 2012-2014 pour la poursuite des actions. L’UEMOA a accordé en 2012 plus de 2 milliards Fcfa pour consolider les acquis de la première phase dans les 3 pays bénéficiaires tests (Burkina Faso, Mali et Niger) en promettant d’accompagner la BAD, principal partenaire technique et financier du PLCE-BN pour 3 ans (2013-2015). Un montant de 864 531 000 Fcfa est revenu à la sous-composante Mali dans le financement de l’UEMOA. Malheureusement, en fin mars début avril 2012 le septentrion malien a été envahi par des groupes terroristes. La débandade intervenue n’a laissé aucune chance aux entreprises engagées.
REDUCTION DE L’EXODE RURAL. Le PLCE-BN a vu son siège basé à Gao saccagé et tous les outils emportés. Cependant sa plaque indicatrice au secteur 1 du Château a pu résister à la furie des envahisseurs tout comme les dunes et autres plantations. De Niamey à Bamako en passant par Sévaré, les différents responsables du PLCE-BN sous-composante-Mali, ont gardé le contact avec les responsables des différents comités villageois restés sur place et mobilisés à sauver les réalisations effectuées. L’approche participative du projet a été salutaire. Sur les différents sites du PLCE-BN, tous les travaux sont exécutés par les populations bénéficiaires sous la supervision des services techniques de l’Etat et de l’unité de gestion du projet. Grâce à cette méthode, la dure période de l’occupation n’a pu altérer les réalisations sur le terrain. Même la divagation des animaux, danger récurrent pendant longtemps, a été évitée. Les observateurs imputent cet état à la faible mobilité humaine et animale entrainant du coup une régénération naturelle et la sauvegarde des différentes dunes fixées et réhabilitées grâce surtout au financement complémentaire UEMOA. Les villages bénéficiaires des dunes fixées ont noté la réduction de l’exode rural. De Kochokarèye en passant par Gabamé (site Forgo arma et sonraï), Bagnadji, Seynamé (Gourma de Magnadaoueye), tous les acquis ont été sauvegardés sur ces sites de la commune rurale de Sonni Ali Ber. A Arhabou, commune de Gounzourèye, les plantations d’eucalyptus sont réalisées à grande échelle. Le chef de village, Youssar Kowa, rappelle avec fierté l’impact du PLCE-BN, grâce surtout aux nombreuses dunes fixées qui ont permis un développement du village et surtout la récupération de plusieurs rizières. Le chef de village, comme ce commerçant venu de Niamey pour se transformer en planteur, évoquent les retombées du PLCE-BN : réhabilitation des salles de classe ; forages des puits ; banques de céréales ; maraichage développé par les femmes, bref un chapelet de réalisations acquises surtout grâce aux 10% prélevés sur le financement consacré aux actions sociales et utilitaires.
Les dunes fixées ont donc fixé les populations. Le coordinateur national de la sous-composante Mali, Modibo Coulibaly, a pu ressentir un sentiment de légitime satisfaction. De Niafunké à Labbezanga, tous les sites du programme sont intacts. Idrissa Sanogo, expert en suivi-évaluation du PLCE-BN, et Mahamadou Salihou Maïga, responsable des eaux et forêts en charge des communes de Gounzourèye et de Sonni Ali Ber pour le PLCE-BN, louent le degré d’implication des populations bénéficiaires pendant les dures périodes d’occupation. Les dunes fixées ayant fixé les hommes dans les zones occupées, demain, des actions salutaires et innovantes peuvent permettre un réel décollage économique envié et enviable pour une deuxième phase du PLCE-BN, déjà garantie.
M. B. CISSE
AMAP-Gao