Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a une nouvelle fois pris son bâton de pèlerin, du lundi 7 au samedi 12 décembre dernier, sur le chantier du développement du Mali. Après l’étape mémorable de Sikasso, c’est au tour des populations de Ségou de jouir de nouvelles infrastructures qui amélioreront leur qualité de vie au quotidien. De Baraouéli à Tominian, en passant par Markala, Macina ou encore San, le président IBK n’a nullement ménagé sa monture. Une visite qui toucha à tous les aspects d’un développement durable et prospère pour le pays, à savoir : la création d’emplois pour les jeunes et les femmes, l’accès à l’énergie électrique et le désenclavement de la région par le lancement des travaux de construction de routes. Cette visite du président IBK à Ségou a été pleine tout comme celle de Sikasso où ferveur populaire se mêlait à l’espoir d’une vie meilleure. Reportage sur une visite d’Etat en quatre étapes qui a rassuré le Mali profond.
Première étape, Baraouéli et Ségou : Secteur des infrastructures routières et de l’Industrie
Avant de se rendre dans la ville de Ségou pour procéder au lancement des travaux de l’échangeur carrefour de Markala, des 2X2 voies longues de 7 km et de la voirie longue de 10 km, le président de la République s’est rendu dans le cercle de Baraouéli, « cité pratiquante, de lumière et de savoir ». Il rendit un vibrant hommage aux populations du cercle pour leur accueil chaleureux. Pour le président de la République, certes il y a l’aspect politique et institutionnel de sa visite dans le cercle. Mais, rien ne vaut le social, a-t-il déclaré.
Après, le président IBK procéda à une kyrielle d’inaugurations. D’abord, sur le plan des infrastructures conformément au Programme Aménagement d’Infrastructures Routières et Structurels (PAIRS). Le lancement des travaux carrefour de Markala ainsi que le bitumage et l’aménagement de 10 km de voiries à Ségou, coûtant respectivement 8 451 879 530 F CFA et 11 578 156 341 F CFA, hors taxe, sont des projets jamais vu dans une capitale régionale dont la réalisation rendra fluide la circulation dans la ville et ses environs. Selon le ministre Hachim Koumaré, de l’Equipement, du Transport et du Désenclavement, outre l’embellissement de l’esthétique urbaine de Ségou et la fluidité de la circulation, 500 emplois seront créés, une aubaine pour les jeunes de Ségou. Les travaux ont été financés à hauteur de 17,59% par la BOAD, 81,26% par les banques commerciales et 1,15% par le budget national.
Un autre lancement officiel des travaux, c’est ceux de l’aménagement de la voie 2X2 de la section Ségou-San sur 7 km de la Route Nationale N 6. Le projet a une durée d’exécution de 18 mois pour un montant global de 9 423 522 472 financé par la BOAD à hauteur de 95,96% et par le budget national à 4,04%. Une fois réalisée, cette voie permettra notamment de faciliter le trafic sur la route de Ségou-San, de faciliter l’évacuation des eaux de pluie et d’améliorer le cadre de vie des populations riveraines.
Plus tard dans la soirée, l’industrie malienne était à l’honneur. Le Grand Distributeur Céréalier du Mali (GDCM), l’un des fleurons du secteur, verra ses capacités matérielles et de production décuplé grâce à des travaux d’extension. L’usine tournera désormais avec 7 unités industrielles supplémentaires avec une capacité de production de 90 tonnes par an. Le lancement de ces travaux a été effectué par le président de la République, aux côtés de M. Modibo Keita, PDG de la GDCM et du ministre de l’Industrie et du Commerce, Abdoul Karim Konaté. A travers ce projet d’extension, le Groupe Keita montre la voie du développement qui est celle de l’industrialisation du pays. C’est par l’appui aux unités industrielles telles que le Groupe Keita que le pays assurera sur place la transformation des ressources locales en contribuant plus efficacement à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, la lutte contre le chômage des jeunes et aussi accroitra significativement la part du secteur industriel dans le PIB. Toute chose qui augmentera le taux de croissance de l’économie malienne. Le ministre de l’Industrie et du Commerce a énuméré quelques objectifs à atteindre pour le Mali sur le plan industriel qui sont entre autres de: « ramener le déficit de la balance commerciale dans des proportions acceptables, de développer le secteur innovateur de l’agro-industrie, le respect des normes de qualité et le développement des chaînes de valeurs ».
Deuxième étape : Macina et Markala : Hydraulique et Energie
Le président de la République s’est rendu dans la commune rurale de Kolongo, zone Office du Niger, pour s’enquérir de l’état d’avancement du Programme National d’Empoissonnement des Plans et Retenues d’Eau au Mali. L’objectif du dit programme est de contribuer fortement à l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations locales, de créer des emplois et d’augmenter les revenus des populations riveraines. Préalablement, le projet de construction et d’installation de cages flottantes avait été mis en œuvre. Il est financé par le Fonds National d’Appui à l’Agriculture et le Fonds APEJ à hauteur de 1 800 000 000 F CFA, dans le cadre d’un travail conjoint entre le ministère du Développement Rural et celui de l’Emploi, de la Formation Professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne. Les objectifs principaux du projet sont, notamment, de former 900 jeunes dont 32% de femmes à la conduite de la pisciculture en cage, d’installer et d’empoissonner 180 cages flottantes dans la zone Office du Niger. Les effets immédiats attendus sont l’augmentation de la production locale à 43% de la production nationale, l’émergence de l’entreprenariat piscicole, la diminution des quantités d’importation de poissons et l’adoption des technologies innovantes d’adaptation aux changements climatiques. A noter que le coût d’un kit s’élève à 5 720 000 F CFA et que la production totale attendue est de 900 t par cycle contre 60 t de production actuelle.
La visite du projet innovant et prometteur d’empoisonnement de cages flottantes terminée, la délégation présidentielle s’est rendue dans la ville de Macina pour l’inauguration de l’adduction d’eau potable qui atténuera considérablement la pénurie d’eau dont souffrent les habitants de cette ville. Selon M. Sékou Diarra, Directeur Régional de l’Hydraulique de Ségou, ce château d’eau, de 150 m3 et de 25 m de hauteur, est le fruit de la coopération entre la Banque Africaine de Développement et le Gouvernement du Mali. L’édifice bénéficie d’un système de pompage automatique de chlore et répond entièrement aux normes internationales de qualité. Le château d’eau a couté 360 000 000 de F CFA dont le financement a été assuré par la Banque Africaine de Développement à 68% et par l’Etat à 32%. Le ministre de l’Eau et de l’Energie, M. Frankaly Keita, dans ses propos, a déclaré que cette adduction d’eau potable permettra de rectifier le paradoxe de la ville de Macina qui souffrait de pénurie d’eau alors qu’elle est entourée par tant de ressources en eau. Avant de couper le ruban symbolique, le président IBK exhortera les macinankès à prendre bien soin de ce joyau tout en souhaitant longue vie aux installations pour le bonheur des habitants de la ville. Enfin, prenant en compte l’une des préoccupations majeures des populations locales, il a promis de réhabiliter la route de Macina qui se trouve actuellement dans un état de détérioration avancée.
Troisième étape, Niono et Ségou ville : Agro-industrie et Politique
Le secteur de l’agro-industrie a été à l’honneur au cours de cette troisième étape. D’abord, par l’inauguration d’un poste de transformation électrique partant de Ségou, traversant Markala pour joindre la commune urbaine de Niono et les localités environnantes. Toute chose qui attirera, à l’avenir, des investisseurs souhaitant exploiter l’énorme potentialité agricole de cette vielle pour la transformation locale des produits en vue de la consommation domestique. D’un coût total de 10 300 000 000 F CFA, le réseau électrique interconnecté d’EDM SA met un terme à la centrale thermique existante par l’intégration de la ville de Niono dans le circuit énergétique classique. Il a pour objectifs, l’amélioration en électricité de la localité de Markala, l’électrification des unités agro-industrielles de la zone de l’Office du Niger et la diminution du chômage des jeunes par les recrutements directs qui seront effectués par EDM SA. L’Agro-industrie, au cours de cette étape a été célébrée également par la visite effectuée par le président IBK au Centre de production des matières agricoles de la Société Coopérative Artisanale des Forgerons (SOCAFON), à l’Office du Niger. Créée en 2003, les produits phares fabriqués par la Société sont le matériel de préparation des sols tels que les motoculteurs, les batteuses, les décortiqueuses, les découpeuses manuelles et les broyeurs. La SOCAFON se fixe comme objectif de couvrir les besoins nationaux en matière d’outils agricoles par la recherche et l’adaptation de matières agricoles pour l’agriculture locale.
Après la visite de ces deux unités, le président de la République s’est ensuite rendu au centre-ville de Niono où il avait rendez-vous avec la population, sortie massivement pour l’accueillir. Dans son adresse aux nionois, il expliqua que la ville ne peut demeurer à l’écart du développement agro-industriel au Mali à cause de ses multiples potentialités, parce que terre fertile où la variété de la flore est impressionnante. Et l’Armée malienne présente à Markala a eu droit à son quart d’heure d’hommage de la part du Chef de l’Etat, qui l’a qualifiée d’un corps de « vaillants guerriers » qui ne demandent qu’à servir sa patrie avec honneur et dévouement. Et la bonne nouvelle, il l’annonça aux nionois. Il s’agit désormais du fonctionnement à plein régime du tout nouveau poste de transformation électrique qui réduira considérablement le déficit énergétique de la ville et qui fera d’elle, dans les mois à venir, un pôle agro-industriel au Mali.
Quatrième étape, San – Tominian : promotion des énergies renouvelables et de l’autonomisation de la Femme
Comme pour être fidèle à la prise de conscience globale de la planète sur la nécessité de promouvoir l’énergie verte, le président de la République a inauguré, le jeudi dernier, la centrale hybride de la ville de Tominian. Fonctionnant avec l’énergie solaire et le diesel, la centrale fournit désormais de l’électricité 24h/24. Il est le fruit d’un partenariat public-privé entre la Banque pour l’Industrie et le Commerce (BCI) et la Bank of Africa (BOA) et son coût de réalisation s’élève à 2 115 000 000 de F CFA. Le remboursement sera effectué par EDM SA sur 7 ans en 10 échéances semestrielles avec un différé d’une année. La réalisation d’un tel ouvrage n’a été possible que grâce à la réorientation de la politique énergétique du Mali, qui se veut de plus en plus axée sur l’énergie verte. Cette nouvelle politique permettra, entre autres, de réduire la dépendance énergétique du pays en réduisant le coût de production de l’électricité pour l’atteinte d’une sécurité énergétique plus efficiente.
Au même moment on remarquait avec plaisir que le Centre de Formation Professionnel de Tominian venait officiellement de faire sa rentrée. Il a été aussi Inauguré par le Chef de l’Etat. Il est le fruit de la collaboration entre la région de Ségou, l’Agence Nationale d’Investissement des Collectivités Territoriales (ANICT) et l’Agence luxembourgeoise pour la Coopération et le développement (LuxDev). Le Centre a coûté près de 250 millions de F CFA. Il formera désormais sur place les jeunes, hommes et femmes dans des métiers de la couture, de l’électricité et de la construction métallique.
Dans la soirée, les femmes de la commune urbaine de San ont été à l’honneur par la pose de la première pierre du Centre d’Autopromotion de la Femme et de l’épanouissement de l’Enfant (CAFE) le 10 Décembre, jour de célébration des Droits de l’Homme. Il s’agit d’un ouvrage, premier du genre en République du Mali, qui rentre dans la droite ligne de la loi sur la promotion du genre voté le 12 novembre dernier par les députés. Le président de la République dans son adresse au public sorti nombreux pour l’accueillir a déclaré que ce qui est entrain d’être fait « pour la Femme malienne n’est que justice ». Il s’agira surtout, a expliqué le président de « rendre les tâches pour nos mères et nos filles, moins pénibles ». Enfin, il fera allusion à la loi sur la promotion du genre en la qualifiant de due et non d’un cadeau fait aux femmes maliennes.
Ahmed M. Thiam