L’Assurance maladie obligatoire (Amo) est un dispositif chargé d’assurer à un individu, face à des manques financiers, des soins en cas de maladie. Ainsi, pendant deux jours, une vingtaine de journalistes, avec à leur tête, le secrétaire général de l’Assep, Bassidiki Touré, a souillonné la capitale des Balanzans à la faveur d’une caravane de presse sur ce système solidaire de soin médical. L’idée de cette première étape de la caravane, qui a commencé dans le cercle de Fana, en passant par la ville de Ségou pour se terminer à Markala, vise à voir avec les populations ainsi que les prestataires des services, l’utilité de l’Assurance maladie obligatoire, ses avantages et les difficultés rencontrées.
Si l’objectif visait à avoir la perception des uns et des autres sur l’Amo, force est de reconnaître que par rapport à la prestation des services, d’une manière générale, il y a une évolution positive qui est à encourager. D’année en année, la confiance est en train d’être construite autour du système et le nombre d’affiliés augmente du jour au lendemain. Avec l’Amo, les gens peuvent aller à la pharmacie avec peu d’argent et avoir tous les produits prescrits. Raison pour laquelle les non-adhérents commencent à y adhérer et la plupart des pharmacies commencent à s’y affilier. Ainsi, sur 5 pharmacies à Fana, 4 sont affiliées à la Canam.
Selon Dr. Abdoulaye Sylla de la pharmacie «Djénéba Maguiraga» de Fana, qui est la récente pharmacie de la ville conventionnée à l’Amo, dans l’ensemble ça va. «Quand le client vient avec une fiche Amo et que le produit n’est pas chez nous, on lui donne l’équivalent du produit, soit on lui donne un délai de 24h pour pouvoir se procurer le médicament», explique Dr. Abdoulaye Sylla.
Quant à Mme Traoré Maïmouna Haïdara, une enseignante de Gao réfugiée à Fana, elle a adhéré à l’Amo, il y a 4 ans. Mme Traoré conseille aux non-adhérents d’y adhérer. «L’Amo est bel et bien une réalité. Je suis très contente de l’Amo. C’est un système d’économie solidaire», précise-t- elle.
Le médecin-chef adjoint du Centre de référence de Fana, Dr. Tégué Guindo, point focal Amo, dira qu’ils ont presque tous les médicaments disponibles dans leur pharmacie et qu’ils rencontrent moins de problèmes par rapport aux dossiers avec une fréquentation satisfaisante.
À l’hôpital Nianakoro Fomba de Ségou, Sounkalo Sanogo, le point focal de l’Amo, affirme que la prise en charge sanitaire de l’Amo incite les malades à fréquenter les structures sanitaires avec 7500 prestations durant le premier trimestre de 2015. «De nos jours, une vingtaine de pharmacies de la ville de Ségou sont affiliées à l’Amo», a-t-il ajouté.
«L’Amo est un atout, nous souhaitons que le système soit soutenu par les différents acteurs», déclare Mme Kadidiatou Traoré dite Mah N’Diaye, transformatrice de produits agricoles à Markala, qui a adhéré à l’Amo depuis trois ans.
Qu’à cela ne tienne, il faut reconnaître que tout n’est pas rose et l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Tant qu’une réforme est en chantier, elle rencontrera toujours des difficultés. En ce qui concerne ces difficultés, les cas sont variables. On peut noter, entre autres, le manque d’imprimés, la mauvaise prescription, le retard dans la liquidation des factures avec les Ogd (Organes gestionnaires délégués) que sont l’Inps (Institut national de prévoyance sociale) et la Cmss (Caisse malienne de sécurité sociale) ainsi que le retard dans l’obtention des cartes, comme c’est le cas de Youssouf Dembélé. Ce technicien supérieur de santé est assuré depuis 2010, mais jusqu’au passage des caravaniers au Csrf de Markala, il n’était pas en possession de sa carte Amo.
S’agissant du Dr. Traoré Djénébou Oumar de l’officine de Markala, elle déplore la mauvaise prescription des ordonnances. «Sur une ordonnance d’enfant, on peut trouver les médicaments pour un adulte», regrette-t-elle. Ainsi, avec les retards de paiements de factures, certaines pharmacies peuvent être réticentes pour délivrer les produits. «Le retard de paiement amène certaines pharmacies à être réticentes pour donner les médicaments», explique le président de l’Ordre des pharmaciens de Ségou, Dr. Cheick Sangaré, promoteur de la pharmacie «Amary Daou».
Dans la dynamique de résoudre les différentes difficultés, le Directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie, Luc Togo, précise que son établissement est en train de tout mettre en œuvre pour corriger les incorrections indépendantes de leur volonté, dans le but de mettre dans leurs droits les individus assurés et les pharmacies affiliées. «Nous avons en perspective de mettre en place le système biométrique pour pouvoir diminuer les cas de fraudes qui sont, entre autres, la spéculation des feuilles de soins, la mauvaise prescription…», promet le Dg Togo.
Bintou Danioko