Kolondièba : Le calvaire des populations

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Localité fortement enclavée et sans accès à l’eau potable et à l’électricité, les populations de la commune de Kolondiéba vivent  dans un cauchemar permanent. Et elles pensent logiquement être les oubliées de la Nation.

Située au sud du Mali, Kolondiéba est un des 5 cercles de la région de Sikasso. La ville prend son nom d’un grand puits sacré situé à l’entrée, au milieu d’un paysage appelé « siritu » (la broussaille mystique). Les anciens nous expliquent que ce lieu est depuis des centaines d’années le lieu de sacrifices afin d’avoir la tolérance des esprits du village. Ils protègent le village, nous disent-ils. Pour rentrer dans ce lieu hautement mystique, la consigne est claire : interdiction formelle à un étranger d’y mettre pied. Les noms majoritaires dans cette commune sont surtout les Koné (qui détiennent la chefferie du village), les Fané et les Bamba. Avec une superficie de 2270 km2, la commune de Kolondiéba est formée par 57 villages. La « Case sacrée », appelée aussi vestibule du village, est aussi vieille que la localité. Bâtie en architecture de terre, elle est située au cœur du village. Construite par le fondateur dudit village, cette case constitue la tribune symbolique qui abrite les discussions sur les grandes questions de la communauté. La chefferie dans ce village est coutumière (de père en fils) nous apprennent les anciens.

Zone stratégique pour le trafic international

Le cercle de Kolondiébé est située à moins de 235 km de Bamako, soit moins que la distance pour rallier Ségou. Pourtant, on peut mettre deux fois moins de temps pour le trajet Bamako-Ségou que celui Bamako Kolondiéba. Si la réhabilitation du tronçon Bamako-Bougouni  a réduit la traversée du désert pour les usagers, le virage à partir de Koualé marque le début du chemin de croix. Pour seulement 62 km, on met au moins 3 heures et pendant la  période hivernale, la situation est très critique pour le cercle de Kolondiéba qui peut pourtant constituer un axe stratégique dans le trafic routier international, notamment vers la Côte d’Ivoire. Il est situé à moins de 100 km de ce pays frontalier. Les populations nous apprennent qu’avant 2005, la commune était coupée en deux à cause des eaux hivernales. Ce n’est qu’avec la construction du pont de Kanguéla (en juin 2005) que le trafic est redevenu possible en saison pluvieuse..

Un quotidien désastreux

Pour  l’accès à l’électricité et à l’eau potable, c’est la croix et la bannière pour les pauvres populations. En effet, l’électricité, qui est produite par l’AMADER (Agence malienne pour le développement de l’énergie renouvelable) est loin de couvrir les besoins et les foyers n’ ont le courant que de 19 heures à 00 h, soit 5 heures par jour.

Quant à l’approvisionnement en eau, il n’est assuré que le matin avant 11 heures. Passée cette heure, il faut attendre jusqu’au lendemain. Les ménages se sont organisés pour faire face à la situation en prenant des dispositions de réserve d’eau.

A croire qu’à moins de 300 km de Bamako, une localité vit au quotidien cette dure réalité, il y a de quoi conclure à une injustice du Programme de développement économique et social, PDES, du président ATT. Les populations de cette localité constituent vraiment les oubliés de la Nation.
Issa Fakaba Sissoko

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