Le colonel M’Bah Ag Moussa, plus connu sous le nom de « Bamoussa » a déserté des rangs de l’armée nationale en emportant avec lui les cinq véhicules qui avaient été affectés au Groupement spécial de sécurité qu’il commandait.
La création de ce groupement fait partie des accords d’Alger du 4 juillet 2006, signé entre le gouvernement et les groupes rebelles. Tout semble indiquer que la désertion de l’officier a été minutieusement préparée. Plusieurs témoins l’auraient vu dans la ville de Kidal en train de faire le plein de carburant de son véhicule, un Toyota Land Cruiser pick-up blanc. Le dimanche 20 novembre, sa famille avait quitté la ville pour une destination inconnue. Le directeur d’une des écoles de Kidal a été surpris de voir Bamoussa retirer les dossiers de ses enfants, sans explication… Cette désertion de l’officier est intervenue après celle d’un soldat de la garde nationale (Alhassane Ag Hamoudène) en faction dans un des quatre check-points de la ville de Kidal. C’était le 17 novembre dernier vers 2 heures du matin. Ce dernier a aussi emporté son arme de service, un pistolet mitrailleur (PM) avec munitions. Comment le colonel a-t-il déserté ? Tout a commencé par des informations faisant état de l’enlèvement d’un véhicule du Groupement spécial de sécurité. Le colonel Bamoussa aurait proposé au commandant de zone, Siaka Diallo, de se lancer à la poursuite des braqueurs. Pour conforter son stratagème, il a pris soin d’embarquer avec lui cinq soldats originaires des régions sud qui ne maîtrisent pas les pistes du désert, dans quatre pick-up Toyota de la garde nationale. À la sortie de la ville, deux autres véhicules civils de même type, positionnés avec des hommes armés à bord, ont rejoint le convoi du colonel. Après des heures de route dans le désert, le colonel arrête le convoi. Il met en joue les cinq malheureux soldats qui n’étaient pas dans le coup, avant de les dépouiller de leurs armes. Bamoussa et une dizaine d’hommes poursuivent alors leur chemin laissant sur place les 5 soldats désarmés. Ceux-ci ont pu regagner la ville de Kidal grâce à un camion de transport de marchandises en provenance d’Algérie. Où sont allés les déserteurs ? D’aucuns disent que l’officier et ses hommes ont répondu à l’appel du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad). D’autres croient que Bamoussa a rejoint Iyad Ag Aly qui serait à la tête d’un autre mouvement salafiste en gestation. Dans les deux cas, l’objectif semble être le même : la déstabilisation du pays. En attendant que les déserteurs soient mis hors d’état de nuire, les Kidalois vivent dans la psychose malgré les communiqués rassurants du gouvernorat diffusés sur les radios.
