Kalifa Sanogo maire de Sikasso : «Bolodi Gnogoma Ton fait de la démagogie avec sa requête de fermeture des bars illégaux»

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Face à la prolifération de bars illégalement ouverts dans la ville de Sikasso, l’Association Bolodi Gnogoma Ton a interpellé le maire Kalifa Sanogo pour des mesures de fermeture. Ayant compris autrement la démarche de l’association, le maire Khalfa a boudé ses interlocuteurs qu’il qualifie d’usurpateurs et de démagogues. Regards croisés.

L’association Bolodi Gnogoma Ton, suite à la 1ère édition de sa conférence-débat tenue le samedi 7 octobre 2017, qui avait pour thème «Force à la loi», avait saisi le maire Khalfa Sanogo sur la question de la prolifération des bars illégaux dans la ville de Sikasso dont il est le premier citoyen.

Dans sa lettre du 26 novembre 2017 adressée au maire de la commune urbaine de Sikasso, l’association Bolodi Gnogoma Ton avait ainsi interpellé le maire : «au-delà des préjudices que ces bars causent à leurs voisins (tapages nocturnes, troubles à l’ordre public…), nous vous informons qu’il y a un bar dont je vais taire le nom, qui reçoit trois jours dans la semaine, des dizaines d’élèves et d’enseignants pendant des heures de cours. Cependant, nous vous laissons le soin d’apprécier vous-même cette information après l’avoir vérifiée.»

Pour le maire Khalfa Sanogo, Bolodi Gnogoma Ton est une association d’entre-aide et non un censeur qui doit se mêler de la vie publique. Selon  ses propre mots, «si Bolodi Gnogoma Ton était une organisation de la société civile qui dans ses statuts qui lui ont valu le récépissé avait dit que c’est pour surveiller les services publics, en ce moment ça ne sera plus Bolodi Gnogoma ton, mais une association pour la surveillance de la vie publique».

Selon Khalfa Sanogo, Bolodi Gnogoma Ton fait de la démagogie. «Les bars, je n’en ai ouvert aucun depuis que je suis arrivé. En vérifiant les registres vous verrez que les bars étaient là bien avant. Et Bolodi Gnogoma Ton existe depuis quelques années. Alors pourquoi, ils ne se sont pas intéressés à ces bars avant puisqu’il n’y en a pas eu d’ouvert pendant notre mandat de deux ans ? Pourquoi, ils insistent tant sur cette affaire alors que les bars existent bien avant notre arrivée ?» s’interroge le maire Khalfa Sanogo.

À l’en croire, après sa prise de fonction, le 4 janvier 2017, déjà le 28 février 2017, il avait annulé l’ouverture d’un bar comme l’indique l’ordonnance N°79 portant annulation d’autorisation du bar Terminus au quartier Lafiabougou Sikasso. Le maire soutient avoir rencontré l’association Bolodi Gnogoma Ton pour la première fois en avril 2017 alors qu’il était déjà dans la perspective de fermeture de ces bars.

«Ils sont mal partis pour mettre une quelconque pression pour me demander de fermer ces bars. Cela n’est pas de leur ressort. J’ai même demandé à mes services de faire le point des bars qui sont dans la légalité et ceux qui ne le sont pas. Il y a quatre mois que j’ai envoyé des lettres de sommation pour qu’ils se mettent en règle. Nul ne me poussera par démagogie et opportunisme à fermer un quelconque bar», peste-t-il.

L’association Bolodi Gnogoma Ton, lors de sa dernière conférence le 13 octobre 2018, avait voulu marcher le 20 octobre pour manifester sa déception devant le refus du maire de s’impliquer dans le dossier des bars illégaux. Le maire Khalfa Sanogo rétorque que ce n’est pas du ressort de cette association de lui demander des comptes sur la fermeture des bars. «C’est pourquoi d’ailleurs, j’ai refusé d’autoriser la marche qu’ils avaient prévue pour le 20 octobre, devenue un sit-in devant la mairie  et un meeting devant le Conseil de cercle de Sikasso. J’en ai fait ampliation de la réponse au procureur et au commissaire de la police», explique-t-il.

Le président de l’association Bolodi Gnogoma Ton, Yaya Ouattara, se dit surpris de la réaction du maire qui affirme que Bolodi Gnogoma Ton n’est pas dans son rôle d’interpeller le maire. «Nous sommes une association pour le développement de la ville de Sikasso. Je rappelle que nous avons mené des activités d’intérêt public avant que Khalfa ne devienne maire et au cours de son mandat, nous en avons fait des réalisations, comme rabibocher le bitume ; nous avons fait des ponts dans cette ville à des sommes colossales pour rendre la vie supportable aux Sikassois dont il a lui-même apprécié la portée», rappelle M. Ouattara.

Yaya Ouattara estime que la population de Sikasso est aujourd’hui outrée de la prolifération des bars et l’autorité qui doit apaiser la population est le maire parce qu’il y a des textes qui règlementent l’ouverture des espaces de loisirs comme les bars. Les bars dont les gens se plaignent violent les conditions d’ouverture et c’est pourquoi Bolodi Gnogoma Ton  demande leur fermeture.

«Si le maire estime que nous n’avons pas compétence à l’interpeller, il faudrait peut-être redéfinir les prérogatives d’un maire et pour qui il est élu. Ce que nous savons, c’est que n’importe quel citoyen jouissant de ses droits civiques peut interpeller le maire, et nous sommes une association de développement de la troisième région», argumente le président de Bolodi Gnogoma Ton.

Gabriel TIENOU

Envoyé spécial à Sikasso  

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