Relevé de ses fonctions, pour divers délits, par le Ministre de l’Administration territoriale, l’ex-préfet de Goundam, Famoro Sidibé, continue de piller la Résidence du commandant de cercle, rétrocédée à la Mairie de cette ville. Avec la complicité de certains jeunes, à sa solde. D’où la colère des populations, qui menacent de lui faire la peau.
Portes et fenêtres arrachées. Et vendues. Plafonds saccagés à coups de daba et de barre à mine. Carreaux réduits en cendres… Construite au temps colon, devenue symbole de l’Etat après l’indépendance, la Résidence du Commandant de cercle de Goundam n’est plus qu’un amas de ruines.
A l’origine de ces dégâts, Famoro Sidibé, le désormais ex-Préfet de Goundam. Entre ce dernier, retranché dans les bureaux de la poste qu’il squatte, depuis quelques mois, et ses ex-administrés, ce n’est plus la lune de miel ; mais la thune de fuel. Et pour cause : ses frasques, dont l’onde de choc a retenti jusque dans le sous-sol du Ministère de l’Administration territoriale.
Les populations en colère
Tout débute en 2004. Le Maire de Goundam, Mme Seck Oumou Sall, manifeste le souhait de réhabiliter la Résidence du Préfet, réduite en ruines par la grande pluie de 2002, qui a fait des dizaines de sans-abri à Goundam.
Elle propose, au Préfet, de lui bâtir une autre Résidence, digne de ce nom. Ce dernier adhère à la proposition du Maire. Une demande écrite en plusieurs copies – avec ampliation au gouverneur de Tombouctou et au Ministre de l’Administration territoriale – est faite par le conseil communal.
Pour le Maire, soutenu par les populations, l’objectif est clair : réhabiliter cette bâtisse coloniale, en vue d’en faire un musée pour la ville. Mais aussi, des chambres d’hôtes pour les délégations de passage à Goundam. A noter que Goundam, premier cercle de la région de Tombouctou, ne dispose même pas d’une simple Auberge pour ses hôtes de passage.
Sa demande approuvée, par le Département de tutelle, Mme Seck Oumou Sall, le Maire de la ville, se lance dans la recherche de partenaires pour le financement des travaux. Elle trouvera une oreille attentive auprès de partenaires lyonnais, qui ont décidé de financer la réhabilitation de ce bâtiment.
Lors de leur premier voyage à Goundam, ces partenaires français, accompagnés de leur ingénieur, ont évalué le coût des travaux à, environ, une centaine de millions de nos francs. En concertation avec le conseil communal, un Entrepreneur, chargé de conduire les travaux, a été choisi.
Mais c’était sans compter avec la réticence du Préfet, Famoro Sidibé, qui a tôt fait de retourner casaque. Pour lui, plus question, désormais, de transformer cette Résidence en musée. Mais de la réhabiliter pour lui, représentant légal de l’Etat à Goundam. Quelques mois après, l’Entrepreneur, chargé des travaux, atterrit à Goundam. Avec armes et bagages. Le Préfet, lui, montre les muscles. Et s’oppose au démarrage des travaux.
A l’unanimité, les populations votent pour le contraire. L’affrontement s’avère, dès lors, inéluctable. Mais le Préfet, réputé pour ses penchants pour l’alcool, n’a pas dit son dernier mot. Il jette, à la poubelle, les délibérations du conseil communal, adressées au gouverneur de Tombouctou et au Ministère de l’Administration territoriale. Mais aussi, les Procès verbaux du Conseil communal. Plus grave, il met dos à dos, la Mairie de Goundam et le gouverneur de Tombouctou, à travers de faux rapports.
Au cours d’une de ses missions à Kidal, le Ministre de l’Administration territoriale, le général Kafougouna Koné, fait escale à Goundam. Objectif : trancher le différend, opposant la Mairie au Préfet de la ville. Car, dans un vrai-faux rapport, adressé au Département de tutelle, le gouverneur de Tombouctou tente de faire croire au Ministre, que les populations adhèrent à la démolition de cette résidence. Mais aussi à sa reconstruction et à sa rétrocession au Préfet. Mais une fois sur place, le général Kafougouna Koné a vu clair : la réticence des populations, face à la décision du Préfet.
Dans une correspondance, adressée au Préfet de Goundam, au Maire et au Gouverneur de Tombouctou, le ministre de l’Administration territoriale cède la vieille bâtisse à la Mairie.
Entre temps, le Préfet indélicat est relevé de ses fonctions. Et son adjoint, affecté à Kayes. Il est remplacé par un autre Préfet, qui a déjà pris fonction.
Pillage organisé de la Résidence
Devenu, désormais, « sans domicile fixe », retranché dans les bureaux de la poste, juste en face de la Résidence en question, Famoro Sidibé continue de piller cette Résidence. Les portes et les fenêtres, arrachées – nuitamment par des jeunes à sa solde- sont revendues au vu et au su de tous. Les vieilles tôles, issues de ce pillage nocturne, sont utilisées comme clôture des deux pièces qu’il squatte à la poste.
« Si le Maire veut quelque chose à réhabiliter, elle l’aura ! », dit-il aux populations en colère.
Pour brouiller les pistes, l’indélicat Préfet se dit victime de l’arbitraire, celui de son département de tutelle. Il pousse le toupet, jusqu’à alerter l’Association des Administrateurs civils, qui aurait menacé – si l’on en croit une certaine de presse – de décréter une grève. Plus grave, une funeste campagne de presse avait été organisée. Le Maire de Goundam, d’ordinaire calme et effacée, a été traîné dans la boue. Et le Ministre de l’Administration territoriale, accusé de tous les péchés d’Israël.
Mais en réalité, les scribouillards qui ont prêté leur plume au Préfet savent peu de choses de Goundam : certains sont incapables de localiser cette ville sur la carte du Mali. Bien plus, ils savent peu de choses de cet ex-greffier, devenu Préfet par effraction. Ce n’est pas la première fois qu’il a maille à partir avec ses Administrés.
En poste à Bougouni, il a été chassé – comme un malpropre- à cause de son penchant pour l’alcool. Mais surtout, pour les « midinettes ». Même chose à Niafunké où, les populations ont juré de lui faire la peau.
Pire, à Goundam, il a transformé le « Campement », construit par la GTZ pour servir de lieu d’hébergement aux hôtes de passage, en Bar où, l’alcool coule à flots. Et où, la débauche règne en maître. Relevé de ses fonctions, par le gouvernement, Famoro Sidibé continue, malgré tout, de piller la Résidence du commandant de cercle, rétrocédée à la Mairie de Goundam.
Il n’est pas exclu qu’il soit arrêté et mis au « gnouf », pour vol et saccage du bien public. Quand on se dit dur, on ne coupe pas du bois ; mais du fer.
Le Mollah Omar
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