Depuis quelques semaines, le prix du carburant connaît une augmentation inédite à Gao, provoquant une vague de désœuvrements au sein de la population. Le litre d’essence se vend désormais à 1 500 F CFA dans la Cité des Askia.
Malgré l’insécurité qui règne à Gao et sur les routes environnantes depuis plus de dix ans, une telle hausse des prix du carburant n’avait jamais été observée. Cette situation s’explique par la grave crise de carburant que traverse le Niger depuis deux semaines.
Ce pays, qui approvisionne traditionnellement Gao, connaît présentement une paralysie de la vie quotidienne de ses citoyens et une hausse des prix des produits de première nécessité. Cette crise a des répercussions économiques et sociales inquiétantes pour les populations de Gao.
Située à 384 kilomètres du Niger, Gao subit de plein fouet les conséquences de cette pénurie. En raison du blocus imposé par les djihadistes sur le tronçon Sévaré-Gao, les fournisseurs d’hydrocarbures se sont tournés vers le Niger pour approvisionner la ville. Actuellement, le litre d’essence se vend entre 1500 et 2000 F CFA dans certains endroits de Gao.
Pour soulager la population, les membres de la société civile de Gao ont décidé d’engager des poursuites judiciaires contre toute personne pratiquant des prix aussi exorbitants. Cette initiative semble avoir porté ses fruits. En début de semaine, les prix de l’essence ont légèrement baissé, oscillant désormais entre 1200 et 1400 F CFA.
De son côté, le Niger a accusé la France et les compagnies pétrolières chinoises, historiquement dominantes dans son secteur pétrolier, d’être responsables de cette grave pénurie dans le but de déstabiliser le régime militaire en place.
Pour faire face à cette crise, le pays s’est tourné vers son voisin, le Nigeria. Le ministre nigérien du Pétrole et de l’Energie renouvelable, accompagné de hauts responsables de la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep), s’est rendu cette semaine à Abuja pour solliciter une aide en carburant d’urgence.
Bien que les tensions persistantes entre Niamey et Abuja, consécutives au coup d’Etat ayant renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, le Nigeria, fidèle à son rôle de “grand frère” régional, a répondu favorablement à cette demande.
Une livraison immédiate de 300 camions citernes vers Niamey a été approuvée pour tenter de résoudre cette crise.
Ousmane Mahamane