Gao étouffe sous la pénurie de carburant : le gouvernement face à l’urgence

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Au nord du Mali, dans la ville fière mais meurtrie de Gao, un fléau silencieux s’installe. Le carburant se raréfie, les prix flambent, la tension sociale monte. Depuis le 13 avril 2025, les files d’attente devant les stations-service ne désemplissent plus. Les barriques de 200 litres sont devenues l’objet d’un bras de fer entre les revendeurs et les autorités, sur fond de grogne populaire. Résultat : une paralysie énergétique aux conséquences incalculables.

Le boycott des distributeurs informels – piliers souterrains mais essentiels du système d’approvisionnement local – a mis à nu la fragilité d’un circuit logistique déjà précaire. Les stations-service ouvertes sont prises d’assaut, la pénurie devient visible. Les internautes maliens, témoins d’un désordre devenu chronique, documentent l’attente, la colère, l’impuissance.

Face à cette crise, l’Union Régionale des Travailleurs de Gao (URT-GAO) a lancé un cri d’alarme dans un communiqué inédit, dénonçant « un désordre économique généralisé » où chacun fixe librement ses prix, où l’État semble aux abonnés absents. Le litre d’essence, qui frôlait encore les 1500 FCFA, atteint désormais les 2000 FCFA dans certains quartiers. Et derrière la flambée des prix, c’est toute la pyramide des souffrances sociales qui s’effondre : denrées alimentaires, eau potable, électricité… tout vacille.

Le silence trop long des autorités

Dans ce contexte inflammable, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, a réuni le 16 avril les principaux opérateurs du secteur des hydrocarbures. Objectif : évaluer les besoins urgents et poser les jalons d’un plan d’approvisionnement spécifique aux régions du Nord. Le gouvernement entend désormais anticiper, sécuriser les corridors, rationaliser les flux, éviter l’implosion.

Un tournant semble amorcé. Le ministre, dans une démarche concertée, a demandé un recensement immédiat des fournisseurs actifs et une estimation précise des volumes nécessaires pour les six prochains mois. Il propose une coordination étroite avec les forces de sécurité pour garantir un transport sans entrave des hydrocarbures vers les zones sensibles.

Quand l’énergie devient politique

Cette pénurie survient dans un contexte géopolitique tendu. L’attaque d’un aéronef malien début avril, attribuée à l’Algérie, a précipité une série de mesures diplomatiques fortes : rappel de l’ambassadeur, plainte officielle, retrait du CEMOC. Gao, en première ligne logistique, paie déjà le prix de cette brouille régionale.

Mais au-delà des considérations diplomatiques, ce sont les Maliens qui souffrent. Les associations de jeunes, les comités de quartier, les syndicats appellent à la solidarité nationale. Des engagements avaient été pris en 2024 entre vendeurs d’essence et autorités locales. Aujourd’hui, ces accords sont invoqués comme une dernière digue face à la montée des périls.

Gao cristallise une urgence nationale. L’énergie n’est plus seulement une donnée économique, elle est devenue une question de survie collective. Le gouvernement joue sa crédibilité dans sa capacité à rétablir un circuit d’approvisionnement digne, transparent, pérenne.

La population attend des actes. Pas des mots.

A.D

Sahel Tribune

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