Forte pénurie d’eau et d’électricité à Kéniéba : La société Kama-Sa dans l’œil du cyclone

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Les ressortissants du cercle de Kéniéba à Bamako se mobilisent pour faire face à la crise d’eau et d’électricité qui affecte les populations, notamment celles de la ville de Kéniéba. Le cercle de Kéniéba, situé dans la région de Kayes, est le cercle où sont situées les plus importantes mines d’or du pays. Ces mines d’or  fournissent de nos jours plus de 80% des recettes budgétaires de l’Etat malien. L’apport des mines est estimé à plus de 1000 milliards de Fcfa ces deux dernières années. Pourtant, c’est dans cette même zone qu’on trouve les mauvaises routes du pays, très peu d’adductions d’eau dans bon nombre de villages où les populations locales sont condamnées à s’alimenter à partir des sources d’eau non potables et fortement contaminées par les produits chimiques comme le mercure ou le cyanure utilisés dans les activités d’exploitation minière.

La ville de Kéniéba, depuis plusieurs années, subit de plein fouet les effets liés aux coupures intempestives d’électricité, auxquelles il faut ajouter les délestages en cascade, les pénuries récurrentes d’eau, provoquant du coup une baisse considérable de l’activité économique et un mécontentement général des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. Les autorités administratives et politiques du cercle ont à maintes reprises tenté de trouver une issue à cette situation cauchemardesque. Malgré leur forte implication, les populations sont encore loin de voir le bout du tunnel. Raison pour laquelle, une délégation est arrivée depuis lundi dernier à Bamako en provenance de Kéniéba.

Conduite par le maire de la ville, Mamadou Sarif Diallo, elle compte les représentants de l’Association des consommateurs d’eau, de la chefferie traditionnelle, des jeunes, des représentants de la société civile, de la Cafo. L’objectif recherché est d’informer largement les plus hautes autorités de l’Etat de cette situation difficile, d’obtenir le soutien des ressortissants du cercle et de tous les sympathisants pour arriver à une solution définitive. Cette solution passe d’abord par la résiliation du contrat de Kama-Sa et son remplacement par Edm-Sa (Energie du Mali). Les populations ont formulé de nombreux griefs contre cette société du fait du coût très élevé de l’électricité, soit 250 Fcfa le KW ; de son incapacité à couvrir de façon satisfaisante la demande, car, il y a plus de 2000 demandes qui restent non satisfaites dans la ville de Kéniéba, dont une très bonne partie n’est pas desservie.

Actuellement, seuls 1000 abonnés bénéficient des services chaotiques de Kama-Sa dont le groupe électrogène tombe régulièrement en panne pour faute de carburant. Or, les délais de grâce accordés aux abonnés en retard de paiement ne dépassent pas les 15 jours et les pénalités de remise sont de l’ordre de 2000 Fcfa. À cela, il faut ajouter la confusion dans l’établissement des factures, les erreurs dues aux prélèvements, le manque de ressources qualifiées au niveau de la société pour assurer un entretien régulier du groupe électrogène… Si l’électricité est une denrée rare à Kéniéba, l’eau l’est également. La demande est loin d’être satisfaite par Kama-Sa qui n’est plus en odeur de sainteté auprès de populations qui l’accusent de racket. Elles ont multiplié les marches et les protestations dans la ville de Kéniéba pour obtenir son départ. Mais jusqu’ici, les lignes ne semblent pas bouger.

Pour l’immense majorité des habitants de Kéniéba, l’heure est à la mobilisation générale. L’eau et l’électricité constituent des droits humains fondamentaux qui ne peuvent pas être négociés. C’est pourquoi, les populations ont décidé de prendre le taureau par les cornes afin que les services sociaux de base leur soient offerts.

Nouhoum KEÏTA

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