Festival de Sikasso : le balafon dans tous ses états

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Du 2 au 4 novembre 2007, la ville de Sikasso a vibré pour la quatrième année consécutive au son du balafon, à la faveur du festival triangle du Balafon. A l’issue d’une compétition qui a opposé 7 troupes venues du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, le groupe « Diarabikan » de la Côte d’Ivoire a enlevé le trophée Lamissa Bengaly.

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Voilà quatre ans que le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso se donnent chaque année rendez-vous à Sikasso pour célébrer l’instrument mythique qu’est le balafon. Cette année, ce sont trois troupes du Mali, deux du Burkina Faso et deux de la Côte d’Ivoire  dans une compétition empreinte de convivialité et de solidarité qui ont renforcé les liens millénaires existant entre ces trois pays voisins. La compétition qui s’est déroulée, en deux soirées, dans la salle Lamissa Bengaly, a été précédée par une cérémonie d’ouverture essentiellement consacrée au défilé des troupes en compétition, des masques de Mahou. Le vendredi 2 novembre 2007, la place de la tribune officielle de Sanoubougou I, a refusé du monde.

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Dans la cité du Kénédougou, personne n’a voulu se faire conter la manifestation. Dès 14 heures, pour une cérémonie prévue pour 16 heures, il n’y avait pratiquement plus d’espace pour accueillir les retardataires. Le festival a désormais réussi son encrage populaire à Sikasso. A l’image de place de la tribune officielle, pendant les deux nuits de compétitions, la salle Lamissa Bengaly ne s’est pas désemplie. Pour Mohamed El Moctar, ministre de la culture qui a présidé la cérémonie d’ouverture,  la tenue régulière de cet événement relève de l’engagement des différents pays participants à pérenniser cet espace de dialogue des cultures. Selon lui, le festival triangle du balafon a pour objectifs, entre autres, de raffermir les liens séculaires de solidarité et de fraternité entre les populations frontalières.

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Le festival s’est aussi fixé la mission d’œuvrer sans cesse à l’instauration d’une culture de la paix, à renforcer  l’intégration sous-régionale et à promouvoir la diversité des expressions culturelles. « Cet idéal a besoin d’être soutenu, entretenu et optimisé » a-t-il déclaré. Avant d’inviter les organisateurs à plus d’engagement et à travailler en synergie avec les ministères de l’Artisanat et du tourisme, des maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine et de la jeunesse et des sports, afin de donner au festival une plus grande visibilité.

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La cérémonie d’ouverture a fait place à la première soirée de compétions. Mais, avant que les troupes en compétition ce soir ne montent sur scène, Ramata Dembélé, une cantatrice de la localité de Kignan, dans une prestation très applaudie, a rappelé à la jeune génération que le balafon, c’est le rythme, la chanson et la danse. Cette leçon musicale faite, elle a cédé le plateau aux groupes en compétion. Ce soir, quatre groupes se sont affrontés : « Sikatey » du Burkina Faso, « Keleso » de Karangana du Mali, « Djarabikan » de la Côte d’Ivoire et « Zamaza » de Konssonkuy du Mali.

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Cette première soirée avait l’allure d’une finale, car aucune troupe ne voulait se faire distancer. Et le résultat final est venu renforcer ce constat. Deux troupes de cette manche ont pu se tailler une place dans le trio gagnant : « Sikatey » du Burkina Faso et « Diarabikan » de la Côte d’Ivoire. Molobaly Keita et son « tchimi-tchama » ou la bière de mil, ont assuré l’entracte de cette première soirée de compétition. Le samedi 3 novembre 2007, fut une journée pleine au vrai sens du mot. Dès les premières heures de la matinée, les festivaliers, avec à leur tête, les responsables des délégations, ont convergé vers la salle de conférence du gouvernorat, pour prendre part au débat sur le thème : « Le balafon dans l’industrie culturelle : impact socio-économique sur la jeunesse ».

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Quelques heures, après la fin de la conférence débat, le ministre Mohamed El Moctar, à la tête d’une forte délégation, s’est rendu dans la salle de conférence du conseil de cercle de Sikasso pour présider la cérémonie de vernissage de l’exposition organisée dans le cadre du festival. Le musée national du Mali et l’association pour la promotion des xylophones, marimbas et balafons, dénommée Marimbalafon, ont organisé cette exposition pour permettre aux festivaliers et aux populations de Sikasso et de sa région de voir les différents types de balafon qui existent dans la sous région. Des photos de balafon, des balafons et différents tableaux de peintres ivoiriens inspirés du balafon, ont été exposés.

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Dans la soirée, c’est la Salle Lamissa Bengaly qui devait à nouveau recevoir les festivaliers pour la deuxième nuit de compétitions. Ce soir, le public de Sikasso qui a désormais signé un pacte avec le festival, a pris la salle d’assaut, d’autant plus que Mamadou Dembélé dit Dabara devait défendre les couleurs du Mali. Il était en compétition avec « Ivoir Balafon » de Côte-d’Ivoire et « Koto Alla Ma » du Burkina Faso. A l’image de la première soirée, cette deuxième a tenu toutes ses promesses. Chacun dans son style, les artistes ont rivalisé d’ardeur pour convaincre le jury international de cinq membres, présidé par l’ivoirien Adepo Yopo. L’animation de cette soirée a été assurée par Molobaly Keita et Ramata Dembélé.

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La première partie du dimanche 4 novembre 2007 a été consacrée à la plantation d’arbres et à la visite des sites touristiques. L’après midi a été consacré à la clôture du festival et la nuit à la soirée des lauréats.

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Selon les initiateurs du bosquet de « Nguénou », arbre utilisé dans la confection du balafon, l’instrument est menacé dans son existence à cause de sa rareté dans nos brousses. Ensuite, les festivaliers, avec le ministre de la culture à leur tête, ont sillonné Sikasso et ses environs pour visiter les sites touristiques. Et dans l’après-midi, tous se sont retrouvés dans la salle Lamissa Bengaly pour la cérémonie de clôture du festival. Neba Solo, virtuose du balafon et lauréat de la première édition et Ramata Dembélé de Kignan, ont eu la charge d’animer la cérémonie. Elle a commencé par la remise des prix aux élèves qui ont rédigé la meilleure rédaction, en bambara pour certains et en français pour d’autres, sur l’atelier de fabrication du balafon et l’exposition organisée pour la circonstance.

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Fatoumata Coulibaly de la 9ème année et Djakaridia Traoré de la 6ème année, tous  de l’école de Hamdalaye, ont respectivement enlevé le premier prix en français et en bambara. Pour mettre fin au suspens dans la salle, Adepo Yapo de la Côte-d’Ivoire, président du jury, accompagné des autres membres, ont levé le voile sur les résultats de leurs délibérations. Le prix du plus jeune balafoniste et celui du plus vieux d’un montant total de 200 000 FCFA, en raison de 100 000 Fcfa par récipiendaire, remis par l’association Maribalafon, sont revenus à Adama Diabaté de « Koto Alla Ma » du Burkina Faso et au leader du groupe Zamaza du Mali.

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Le prix Alkhaly Camara d’un montant de 300 000 Fcfa, du nom d’un célèbre balafoniste guinéen habitué du festival et décédé il y a de cela quelques mois, a été remis par l’Association Maribalafon à Ibrahim Diabaté de « Diarabikan » de la Côte d’Ivoire. Après la remise des prix spéciaux, les lauréats de la 4ème édition ont été révélés au public. Le 3ème prix a été remis au groupe « Sikatey » du Burkina Faso qui a remporté la somme de 750 000 Fcfa. Le deuxième prix est revenu à Mamadou Dembélé dit Dabara du Mali. Il a reçu une enveloppe de 1 000 000 Fcfa et le 1er prix est revenu à « Diarabikan » de la Côte d’Ivoire, qui a remporté le trophée Lamissa Bengaly et 1 500 000 Fcfa.

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Envoyé spécial

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Assane Koné

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