N’eut été la vigilance de la Brigade de Gendarmerie de Niono le Jeudi 12 Octobre dernier, des mineurs se seraient retrouvés dans des conditions inhumaines sur le champ de riz du marabout Dramane Konta à Diabali. Ceux qui sont appelés à enseigner le message de Dieu aux enfants profitent de leur savoir pour soumettre des enfants à une discipline de fer.
Des mineurs qui, outre les travaux champêtres doivent mendier pour avoir à manger. Ce jour là, 20 enfants de nationalité Burkinabé étaient dans un mini car, sous la houlette de Zakaria Ouédrago et de son chauffeur. Le véhicule arrivait en provenance de Ségou où le marabout se serait installé depuis plusieurs années au quartier Hamdallaye. Le véhicule qui transportait des « outils parlant » a été intercepté au poste de contrôle suite à une vérification d’identité. Les gendarmes, conscients du danger que comporte la traite des enfants, dans un contexte qui se démocratise de plus en plus, ont informé le Préfet de Niono, qui à son tour, a saisi le Juge de Paix de Niono de la présence de cette cargaison humaine. La Direction Régionale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a aussitôt rapidement dépêché une mission pour les soutiens nécessaires à apporter aux enfants.
Après constatation, le Juge de Paix de Niono a libéré 4 enfants considérés majeurs sur les 20. Les autres ont été remis aux représentants de la communauté Burkinabé à Niono avant de les soumette à une épreuve d’identification au Commissariat de Police du 2ème Arrondissement de Ségou. Là aussi, 4 ont été jugés majeurs, après fournitures des pièces justificatives authentiques. Les 12 autres étaient âgés de 9 à 17 ans. Ces enfants mineurs ont été mis au compte de l’ONG Mali ENJEU qui leur a offert un traitement adéquat du 17 au 20 Octobre. Remplissant les procédures administratives, le Gouverneur Abou Sow s’est personnellement impliqué en informant aussitôt l’Ambassade du Burkina Faso au Mali pour leur rapatriement à Djibasso leur localité d’origine au Burkina. C’est Mali ENJEU qui devrait aussi prendre en charge les frais du voyage. Le Coordinateur de l’ONG Cheick Oumar Sissoko et Sidiki Coulibaly agent de la DRPFEF ont également pris part au voyage. Les enfants, le sourire aux lèvres, ont été remis aux autorités de Djibasso, notamment le Maire, le Préfet, le Commissaire de police et le représentant du Service Social. Ces aspects socio administratifs n’ont pas freiné la machine judiciaire de Ségou.
L’homme de main du marabout Zakaria Ouédrago qui acheminait les enfants sur le champ, où souffrance et endurance les attendaient, est entrain de croupir en prison et soutient toujours que le marabout est absent pour des soins. Serait il malade ? De toute façon, la libération éventuelle de Zakaria est conditionnée à la présence physique du marabout Konta qui s’expliquera assurément devant le juge en dépit des appels à une gestion sociale de l’affaire par ses compatriotes résidant dans la région. Outre les autorités administratives et politiques, ce trafic d’enfants doit interpeller tout le monde.
Le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur dans notre région compte tenu de ses possibilités économiques et culturelles, surtout en cette période de bonne campagne agricole. De 2000 à nos jours, le service de Madame Maïga Mariam Maïga, en partenariat avec les autorités politiques et administratives et certaines ONG a mené plusieurs actions salutaires. Quelques exemples le témoignent : en 2000, la Brigade de la Gendarmerie de Bla en collaboration avec la DRPFEF a procédé à l’interception de 51 enfants dont 19 de nationalité Burkinabé et 32 maliens. En 2004, avec l’appui de la Brigade de la Gendarmerie de Ségou, la DRPFEF a interpellé 15 mineures Nigérianes transportées de leur pays et versées dans la prostitution dans la ville de Ségou. Elles ont toutes été soustraites de ce réseau puis rapatriées dans leur pays avec l’appui de l’UNICEF et de l’Office International des Migratoires.
La même année, la Brigade de la Gendarmerie de San a intercepté, au poste de contrôle de Sy, 16 mineurs Burkinabé en partance pour la zone Office du Niger de Macina. La DRPFEF, en collaboration avec l’ONG Lutrena a procédé au rapatriement desdits enfants. La même année toujours, en collaboration avec la DRPFEFE de Sikasso, AEC/Canada à travers Horonso, la DRPFEF a procédé au retour en famille de 8 filles du village de Tatréma/commune de Dioro interceptées à Sikasso par les services de sécurité. En 2005, la Brigade de Gendarmerie de Bla, a intercepté 41 enfants du village de Koro (cercle de San) et a procédé à leur retour en famille en collaboration avec le Service du Développement Social et de l’Economie Solidaire et de la Justice de Paix à Compétence Etendue. Cette année aussi, la Brigade Territoriale de la Gendarmerie de Niono a intercepté 12 enfants de nationalité Burkinabé en provenance de Ségou et en partance pour Diabali de nouveau. Ces enfants ont été identifiés par la DRPFEF et hébergés au Centre de Transit de Mali ENJEU avant d’être rapatriés dans leur pays d’origine avec l’appui financier de Mali ENJEU. La liste est loin d’être exhaustive !
B. Danté
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