Élevage transhumant : Un sous-secteur en danger de mort dans la région de Ségou

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Le pastoralisme, la pratique la plus ancienne et la plus rependue dans la région génère plus de 80% de revenus de sous-secteur d’élevage. Cette activité est menacée de disparition faute d’espace vital. 

La région de Ségou occupe  le rang de  troisième producteur de bovins et de deuxième exportateur du pays. Ces performances tirent leur explication de plusieurs facteurs parmi lesquels l’existence de vastes pâturages et leur reconnaissance comme tel par les autres acteurs. En interrogeant l’histoire de cette région on s’aperçoit que les pouvoirs politiques ont toujours protégé le sous-secteur de l’élevage transhumant détenu par les peulhs ou assimilés. Cette reconnaissance par les pouvoirs d’Etat créera une complicité entre l’élevage et l’agriculture. Cette complicité a rythmé la vie et a suffisamment influencé positivement les relations entre agriculteurs sédentaires et les pasteurs.  A côté de chaque agglomération Bamanan « (sokala) » se trouve non loin le hameau Peulh « (foulawere) ». Les  deux activités ont coexisté pacifiquement dans le respect mutuel et de l’équilibre écologique jusqu’à une date récente. La mauvaise gestion des ressources et l’accaparement des espaces par l’agriculture ont fini par rompre l’équilibre entre elles  et cela au détriment de la paix et de la quiétude. Le conflit éleveur agriculteur a fini par se sédentariser. Les praticiens de deux secteurs qui souvent se confondent n’arrivent pas à tirer les leçons du passé.

A Ségou disposer du bétail aujourd’hui est comme une malédiction pour la simple raison qu’il y n’a plus d’espace pastoral hormis quelques poches dans le cercle de Tominian, les carapaces ferrugineuses de cercle de Bla,  Missibougou,  et une partie de la zone de Daouna.

Pour cause le développement de moyen de production agricole, la poussée démographique ont fait que l’agriculture itinérante a happé tous les espaces pastoraux. En 1961 on disposait 19 ha/UBT. Ce ratio était de 5ha/UBT en 2009. Il s’agit là de moyenne nationale .Mais dans la réalité ; elle serait de moins d’un ha/UBT dans l’inter fleuve. Cette disparition des pâturages au profit de la céréaliculture a poussé le bétail à « l’exil ». Une première destination est la zone soudanienne dans le Mali sud avec les risques d’inadaptation des sujets sahéliens au climat trop humide, la seconde destination est la zone du Daouna. Désormais le pâturage se trouve à plusieurs centaines de kilomètre et il  faudra traverser beaucoup de terroirs pour y accéder .Ces long trajets démultiplient les risques et les conflits. En plus les pistes qu’on empruntait à fin d’accéder aux pâturages  disparaissent du jour au lendemain malgré le bornage de certaines d’ entre elles.  Comme tout cela n’était pas suffisant le bétail est soumis à une gestion ségrégationniste des points d’eau si bien que « les étrangers » ne sont pas autorisés à abreuver leur bétail dans certaines marres. En somme les problèmes se posent en termes d’espace sécurisé, foncièrement parlant. Rien ne semble arrêter l’agriculture itinérante et chaque jour qui passe pousse le bétail dans le ghetto. Il y a urgence à réfléchir sur des solutions concertées et durables. La paix sociale est à ce prix.

 Bouba        

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