Il est connu de tous, les petites sœurs du mari, appelées « nimogo mousso » sont indésirables à cause de leurs comportements malveillants à l’endroit de l’épouse de leur frère. De nos jours, dans le cercle de Diéma, surtout dans le milieu des fonctionnaires et des étrangers, les relations entre belles sœurs ou « nimogo mousso » et l’épouse du grand-frère sont tendues, surchauffées, si bien que parfois, nous assistons à des scènes de violence, des invectives et des bagarres.
La belle-sœur pense à tort que la femme de son grand frère est son esclave, donc qu’elle lui doit respect et obéissance, c’est « sa femme » à elle aussi, même si elle ne lui donne pas de prix de condiments. On la qualifie de « bougougnéri » autrement dit une domestique prête à tout faire, s’adonnant aux divers travaux domestiques. En plus, la femme du grand frère s’occupe de la cuisine sans répit, sauf en cas de maladie, si on ne pense peut-être pas qu’elle fait express pour s’extirper des travaux ménagers.
La petite sœur du mari, même si c’est une gamine, donne des ordres, profère des menaces, se prend pour le maître de la maison surtout si son grand frère est absent. Elle va jusqu’à faire le choix des mets à préparer dans la maison. « Si c’est le couscous que tu fais aujourd’hui, disait Antou à la femme de son grand frère, ça ne passe pas par ma gorge, quelque soit les ingrédients que tu y mettras. » Malgré les mesquineries et les turpitudes de leurs belles-sœurs, certaines femmes ne réagissent pas, elles préfèrent se résigner.
Tout finira un jour, sauf le règne de Dieu, lance une femme subissant quotidiennement les tracasseries de ses deux belles-sœurs. En réalité, le mari est au courant de tout ce qui se passe dans la maison, sa femme l’informe régulièrement. Mais il est difficile pour lui de prendre souvent une position ferme, de trancher en faveur de son épouse. S’il défend sa femme, on dira qu’il la préfère à sa sœur, et s’il s’arrange du côté de cette dernière, on ne manquera pas de le traiter de lâche, de le vilipender. Devant cette situation conflictuelle, rares sont les hommes qui s’assument, qui défendent les causes de leurs épouses. D’autres par contre, n’hésitent pas à sermonner, voire à corriger leurs sœurs au vu et au su de tous, une manière pour eux de se venger, de réparer le mal. « Ma femme n’est pas tombée du ciel, elle est l’enfant d’une autre famille », tempêtait un homme contre sa sœur, qu’il considère comme une emmerdeuse.
Si elles sont nombreuses dans la maison, les « nimogo mousso » forment une coalition contre la femme de leur frère. Chaque fois qu’elles se retrouvent, elles se mettent à la critiquer, à lui jeter l’anathème. Ces provocations dégénèrent généralement en conflits. « Moi, à chaque fois, explique Fanta, que la sœur de mon époux me provoque, j’essaie de l’éviter, non pas par peur, mais par respect pour mon mari qui n’aime pas des histoires dans la maison ». Kaman, elle, riposte aux attaques de sa « nimogo mousso ». « Chaque fois qu’il s’agit de moi, poursuit-elle, je le sais, car, comme disent les bambaras, on peut se tromper sur le plat qu’on vous a réservé, mais pas de la parole qui vous concerne ».
A force de détester les femmes de leurs grands frères, certaines belles-sœurs utilisent tous les stratagèmes afin que celles-ci abandonnent délibérément leurs foyers. Elles encouragent par des propos leurs frères à prendre une autre femme. C’est la seule solution, disait Diantou, à son frère, pour qu’on retrouve la paix dans cette maison.
Oumar le prêcheur, trouve que la faute incombe aux hommes. L’islam a recommandé qu’en cas de mésentente entre les coépouses ou entre celles-ci et les parents de l’homme, ce dernier a le droit d’aller chercher ailleurs, pour chacune de ses conjointes, un logement afin de parer aux troubles. Si les belles-sœurs ne veulent pas sentir les femmes de leurs frères, il faut reconnaître aussi que beaucoup d’entre elles sont méchantes, égoïstes par-dessus le marché, elles veulent vivre seules avec leurs maris et ne souffrent pas la présence de parents, ni des amis ou des proches de l’époux. C’est pourquoi, soutient Dama, les gens les fuient tout le temps.
Ouka BA
AMAP-Diéma
Ouka Bah, j’aimerais être chez vous à Diéma aujourd’hui. Pendant que nous on se fait tuer jusque dans les faubourgs de Bamako, vous vous manquez de problèmes au point d’aller en chercher dans des petites histoires de femmes ! 😀😀😀😀😀😀😀😀😀
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