Développement rural : Les populations des cercles de Bafoulabé et de Kita dotées en eau potable grâce au PDRIK II

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La 2è phase du projet de développement rural intégré du district de Kita et de ses environs, PDRIK II, lancée le 02 juillet 2013,  couvre les cercles de Kita et de Bafoulabé. Le coût du projet est de 12 milliards 60 millions de FCFA, financés par la Banque islamique de développement BID à hauteur de 88% et de 12% par l’État malien.

Le PDRIK 2 a pour objectif d’améliorer les revenus et les conditions de vie des populations rurales des deux cercles à travers l’aménagement de 700 ha de bas-fonds, de 680 ha en maîtrise totale de l’eau, la construction de 20 km de pistes rurales et la réalisation des points d’eau.

Ledit  projet a 5 composantes dont la 1ère porte sur l’aménagement Hydro-agricole, la 2ème  concerne les Infrastructures de désenclavement, la 3ème consacrée à l’hydraulique villageoise, la 4ème  aux études et à la supervision de CIRA-SA et la dernière tourne autour de l’Unité de Gestion du projet.

Dans le cadre de la 3ème  composante, c’est-à-dire l’hydraulique villageoise, le PDRIK II a réalisé 30 points d’eau dans les  villages  et des cercles de Bafoulabé, idem à  Kita pour près de 215 millions de FCFA. 20 forages sont équipés de pompes à motricité humaine PMH,  les 10 autres de pompes solaires ou système hydraulique villageoise améliorée SHVA selon Moussa DOUMBIA,  expert en génie rural au sein du PDRIK II.

Les villages de 1000 habitants ont bénéficié de   forages équipés de pompes solaires  avec une capacité de 144 m3 d’eau par jour. Les pompes manuelles d’une capacité de 20 m3 par jour sont installées dans les villages qui ont 400 habitants et plus.

Comme indiqué par le coordinateur du projet Oumar BERTHE,  ces réalisations visent à fournir de l’eau potable aux populations et mettre fin aux maladies infantiles telle que la diarrhée et subvenir aux besoins des femmes qui consacrent beaucoup de temps à la corvée d’eau.

Au village  Fatafing, situé dans la commune de Oualia, cercle de Bafoulabé, à 125 km de Kita sur la route de Manantali où le PDRIK II  a réalisé un forage équipé d’un château d’eau, d’une pompe solaire et de 6 bornes fontaines au grand bonheur de ses 1800 habitants, Mme Founèmousso DEMBELE, ménagère à Fatafing, atteste de la bonne qualité des installations par ces mots «  nous avons de l’eau saine maintenant, il y a moins de maladies liées à l’eau. Auparavant nous fréquentions beaucoup le centre de santé pendant l’hivernage à cause des maladies diarrhéiques. Fort heureusement  l’hivernage passé il y a eu moins de maladies chez les enfants et les adultes ».

Une autre ménagère de Fatafing Loutandi DEMBELE, décrit le calvaire que vivaient les femmes pour avoir le liquide précieux. « Auparavant on se levait à 3H00 du matin pour aller chercher de l’eau. Maintenant la situation a changé.  On peut se lever à 6H00 du matin, aller chercher de l’eau pour effectuer les travaux ménagers, puis aller au champ.  Le point d’eau a beaucoup soulagé les femmes », dit-elle.

A sa suite Moriba DEMBELE, petit frère et représentant du chef de village enchaîne  « dans le temps, l’eau que les villageois buvaient avait la couleur d’une termitière. On creusait à une profondeur inimaginable pour avoir de l’eau. Consommer cette eau qui n’était pas de bonne qualité rendait malade ».

Avant d’ajouter que grâce aux  fontaines installées par le PDRIK,  la pompe manuelle qui était jusque-là la seule source d’eau potable du village, a été remplacée.

Le village de  Fatafing, un autre bien heureux du PDRIK

Non loin de Fatafing se trouve le village de Toumadjima, situé dans la commune de Nientasso dans le cercle de Bafoulabé à 90km de Kita.  Fatafing a été  doté  d’un forage, équipé d’une pompe manuelle en raison de la taille de sa population, 600 habitants qui saluent cette initiative du PDRIK.

Mme Mandahi TRAORE, membre du comité de gestion de la pompe n’a pas caché sa joie. « L’on consommait souvent l’eau de puits polluée par les cadavres de rats, de serpents et de crapauds », a-t-elle dit. C’est la raison pour laquelle elle rend grâce à Dieu et remercie les responsables du PDRIK II. Remerciements également de l’imam du village Fadiama DEMBELE, qui est aussi le frère cadet du chef de village. Selon lui, la religion musulmane ne peut pas aller sans eau et il n’y a pas de vie sans eau. Il se souvient de son mariage dans les années 1980. « On voulait creuser un puits à la veille de mon mariage, on a cherché de l’eau en vain sur 10 sites, mais c’est le 11ème  site qui a été positif et on a payé 30 000FCFA pour creuser le puits », se rappelle Mr Dembélé.

Le 3ème  village visité est celui de Camarala, situé dans la commune de Djidjan à 50 km de la capitale de l’arachide, cette fois-ci dans le cercle de Kita. Il compte 2500 habitants, qui ont bénéficié de la même installation que le village de Fatafing.

Mise en place et formation des comités de gestion

Pour permettre aux populations rurales de bien gérer les points d’eau et entretenir les installations, le PDRIK II a mis en place des comités de gestion dans les villages. Selon l’expert en organisation paysanne au sein du PDRIK II, Mamadou OUATTARA, chaque comité de gestion est composé de 7 membres dont 2 femmes, le projet ayant exigé de tenir compte du genre. Le PDRIK II les a d’abord sensibilisés sur l’impact de la consommation de l’eau potable sur la santé, ensuite il les a formés sur la gestion même des points d’eau. A côté des comités de gestion, il a été mis en place des comités de surveillance, constitués de 3 personnes. Le projet a d’autre part demandé à chaque village de désigner 2 personnes pour la formation à la maintenance et la réparation des pompes. Et Mr OUATTARA de préciser que « le projet a donné l’outillage nécessaire aux 60 personnes formées pour faire face à l’entretien des pompes et aux premières réparations avant de faire intervenir un technicien extérieur ».

Dans les villages visités les comités de gestion s’organisent chacun à sa manière pour une meilleure exploitation et la sécurisation des infrastructures. Famakan DEMBELE est le président du comité de gestion de Fatafing. Il indique que certes l’eau n’est pas vendue, mais chaque chef de ménage paye 500 FCFA par mois. Les fonds collectés servent à l’entretien et la réparation de la pompe. Il ajoute que tous les matins les fontaines sont ouvertes de 8H00 à 11H00, l’après-midi de 15H00 à 18H00. Leurs voisins de Toumadjima ont opté pour une autre solution. Ils ont aménagé des champs où tous les villageois travaillent. Après les récoltes, les produits sont vendus et l’argent est versé dans une caisse. Ils travaillent aussi dans des champs de tierces personnes moyennant de l’argent. Les ressources générées sont destinées à l’entretien et à la réparation de la pompe, nous raconte le président du comité de gestion, Kitaba KEITA qui demande une autre pompe car la population du village a augmenté.

A Camarala, chaque âme paye 5 FCFA par an. Le comité de gestion a fait le compte rendu il y a quelques semaines. Les fonds collectés en 2017 s’élèvent à plus de 50 000FCFA, mais « on a jugé que ce montant est insuffisant pour faire face aux éventuelles dépenses. C’est pourquoi à partir de janvier 2019 les cotisations seront fixées à 15 FCFA par habitant », a affirmé le président du comité de gestion Karamoko CAMARA (à ne pas confondre avec le chef qui s’appelle lui aussi Karamoko CAMARA), qui, comme ses collègues de Fatafing et de Toumadjima, souhaite un nouveau forage. A Camarala tout comme à Fatafing, ce sont les jeunes qui s’occupent du nettoyage et de la sécurisation des infrastructures.

Demandes de points d’eau encore fortes

Les 30 points d’eau réalisés par le PDRIK II sont installés dans 13 communes sur les 33 que comptent les deux cercles. C’est dire que 20 communes sont dans l’attente. Le coordinateur du PDRIK II, Oumar BERTHE répond : « il faut bien gérer les forages réalisés et le bailleur de fonds, la Banque islamique de développement, au regard des résultats, pourra aller vers un autre financement, mais tout dépendra de la gestion des premiers aménagements ». C’est pourquoi il demande aux populations bénéficiaires de veiller sur ces infrastructures. Et Mr BERTHE d’annoncer l’évaluation à mi-parcours du projet. « Une évaluation qui nous permettra de voir la nécessité d’aller vers un autre projet », a-t-il fait savoir.  En attendant cette évaluation, les autorités jugent satisfaisant l’impact du projet sur les populations bénéficiaires. Le Ministre de l’agriculture; Dr Nango DEMBELE en visite à Kita donne son avis sur le PDRIK : « je pense que le PDRIK est dans la vision du Président de la République. Récemment le Président a chargé le ministère de l’agriculture de doter au moins 10.000 villages de points d’eau potable. Je me rappelle que pendant mes tournées dans les zones rurales, les principales demandes étaient basées sur l’aménagement des périmètres maraichers et c’est ce que le PDRIK est en train de faire, surtout pour les femmes, qui apprécient à juste valeur l’initiative. L’aménagement permet de produire après la saison pluvieuse, ce qui génère des revenus supplémentaires. Au delà des forages, le PDRIK fait d’autres types d’investissement au niveau des villages et nous pensons qu’il faut les multiplier dans les zones agricoles ». Le Ministre Nango a au cours de cette visite, indiqué qu’il vient de conclure un grand projet avec la Banque Mondiale, le Projet de Développement, de la Productivité et de Diversification. Ce projet est également bâti sur le model du PDRIK, mais il concerne les zones arides et semi arides. « Le futur c’est vraiment une approche intégrée dans le cadre du développement. Non seulement on fait des pistes rurales, on fait des points d’eau potables, on aménage les bas-fonds et les périmètres maraichers pour les femmes », conclut le Ministre de l’agriculture.

 

Le taux de décaissement du PDRIK II est de 30%. Le coordinateur Oumar BERTHE promet de le doubler très bientôt, avec l’exécution de 3 grands marchés qui viennent de démarrer. Il s’agit notamment de l’aménagement de 68 hectares en maitrise totale de l’eau à Mahina, l’aménagement de 700 hectares de bas-fonds dans le cercle de Kita et la construction d’une piste de 20km entre Sirakoro et Toufinko. « Aujourd’hui nous sommes à 30% et dans les 2 mois nous sommes sûrs de passer de 30% à 60% si Dieu le veut », a déclaré le coordinateur. Il explique le faible taux de décaissement par la restructuration du projet qui a nécessité une reprise des études pour intégrer des aspects qui n’avaient pas été pris en compte au départ. Ce qui fait que les travaux n’ont pas démarré à temps et cela a joué sur la mobilisation des ressources.

Siaka KONATE, correspondant

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