Tous les observateurs avertis auront prévenu que la corruption au sein de la justice malienne avec son corollaire de décisions de justice mal rendues, serait la cause d’une révolution sans précédent des maliens. Il y a eu des révoltes contre des juges dans certaines localités du pays. Des décisions de justice rendues sous le poids de l’argent ont provoqué la colère des justiciables dans plusieurs régions qui se sont pris soit aux juges soit aux autorités administratives.
Mais le dernier événement en date doit réveiller les consciences. Il doit attirer l’attention des responsables des instances judicaires, en particulier et des plus hautes autorités du Mali, en général. Nos sources sont formelles, le litige foncier dans les villages de Mougna et de Koussouma a été provoqué par une mauvaise décision de la justice.
Ce samedi 25 juin 2016 aura été une journée noire pour les habitants des villages de Mougna et de Koussouma, dans la région de Mopti, au centre du Mali. Et pour cause, un litige foncier, qui remonterait à plusieurs années, a été envenimé par une mauvaise distribution de la justice et a provoqué des événements dramatiques. Les paysans de deux localités citées plus haut, pour une question de terre cultivable se sont violemment affrontés. Conséquence : un bilan très lourd : au moins 14 personnes ont été tuées et une quarantaine d’autres blessées.
Le litige foncier à l’origine de ces dramatiques événements date de plusieurs années, disions-nous. Les paysans des deux villages se disputent depuis les terres propices à l’agriculture. L’affaire a été transportée devant la justice qui a rendu une première décision suivie récemment d’une nouvelle autre décision. C’est ce qui aurait mis le feu aux poudres. On le voit bien, la justice au lieu de trancher une affaire pour apaiser la tension sociale qui prenait corps, non, elle est passée outre. C’est fréquent malheureusement dans notre pays, pour une seule et même affaire plusieurs décisions de justice sont rendues. Ce qui ne permet pas du tout de trancher définitivement une affaire pendante devant la justice.
Selon un marabout que nous avons joint dans la localité, le feu couvait depuis plusieurs semaines. Ce litige foncier, qui date de plusieurs années, n’a pas pu être tranché par la justice qui a rendu des décisions différentes alimentant du coup la tension entre les paysans des deux villages. « Si la justice ne s’était pas mêlée, le problème aurait pu être géré à l’amiable. C’est dommage ! », nous a-t-il confié.
On a du respect pour les juges du Mali, qui pour certains, malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils travaillent, œuvrent pour une saine distribution de la justice. Pour eux, il n’y a pas une question de pauvres ou de riches. Tous les citoyens sont égaux devant la justice, pour eux. Seul le respect des règles et principes de la procédure compte. Malheureusement, pour d’autres juges, c’est le contraire. Ils sont nombreux, malheureusement qui ne pensent qu’à leur poche. Ce qui compte pour eux, c’est de gagner de l’argent. Faire du profit. Malheur pour le justiciable dont le dossier tomberait dans les bras de ces types de juges.
Le problème foncier et la corruption au sein de la justice qui se caractérise par des procès taillés sur mesure constituent des bombes à retardement au Mali. Si l’on y prend garde, le retour de l’ascenseur risque d’être violent.
Moussa Mamadou Bagayoko