Les activités de réfection de l’unique artère de la ville de Koulikoro ont laissé derrières des traces de désolation et de déchirure morale dont la suite risque d’être éprouvante pour la population du Méguetan pendant cette saison pluvieuse si des mesures urgentes ne sont pas prises. L’année 2010 fut terrible pour les Méguetanois sur le plan économique.
Au moment où les prix des denrées augmentaient de façon vertigineuse, les commerçants et autres opérateurs économiques abandonnaient leurs commerces à cause de la poussière rouge qui recouvrait les articles, en premier lieu les vendeurs de prêt-à-porter et d’aliment, qui étaient les plus exposés. Ce qui finit par entraîner une faillite complète chez certains négociants de la place. Pire encore, la route était impraticable au moment où les pluies étaient abondantes. Une déviation conduisait les usagers à emprunter la voie de contournement secondaire, elle-même submersible pendant cette période pluvieuse, donc une impasse "infernale" pour la population. Pendant ce temps, deux ponts servant de collecteurs et d’évacuateurs d’eau ont été éboulés pour cause de réparation, mais n’ont pas pu être remis en place à temps réel. Faute de financement, selon nos sources. Un mécontentement général s’installa dans la ville qui finira par pousser les usagers au bord de l’émeute. Au regard de la donc la menace qui pointe à l’horizon, l’entreprise en charge des travaux trouva le moyen de boucher complètement les deux ponts pour permettre aux usagers de vaquer à leurs affaires courantes au lieu de les reconstruire. Mais ni les autorités, ni les tierces agents et simples passants n’ont eu la présence d’esprit de penser aux conséquences à court ou à long termes d’une telle initiative. L’alerte fut donnée, le mercredi 6 avril, quand une première pluie s’est allégrement abattue sur la ville. Des familles ont été terrifiées par l’eau qui envahit les chambres à coucher, après avoir transformé les patios en de mini Rio Grande. Le Conseiller économique et financier du Gouverneur de la région Bougouzanga Coulibaly, fut lui-même témoin des faits pour avoir été bloqué lors de son passage par l’opération d’évacuation manuelle de l’eau à l’aide des seaux, de tasses et tout autre instrument pouvant servir à cette fin. Il fut contraint d’appeler, pour une fois, les sapeurs-pompiers qui sont venus au secours de la population. Ce spectacle se répète lamentablement chaque fois qu’il pleut sur la ville de Koulikoro.
Depuis, plus rien n’est fait dans ce sens pour rassurer les riverains de la route alors que ceux-ci sont exposés à un danger imminent de d’inondation dont les conséquences peuvent entrainer un mouvement social de plus à Koulikoro. Le centre-ville du quartier "Gare" est principalement concerné par ce problème. Une zone marécageuse par excellence pour qui connait la topographie de la ville de Koulikoro, une ville dont les maisons, vieilles pour la plupart, sont, en grande partie, faites en terre battue, fragiles et menaçant ruine devant la moindre stagnation d’eau. Selon nos estimations plus de 200 concessions sont menacées d’inondation et sûrement d’effondrement cette année entre les mois de juillet et septembre.
Zoumana NAYTEY