Commune urbaine de Sikasso : Le maire lâché

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En décidant de faire preuve, semble-t-il, d’une gestion patrimoniale des ressources de la collectivité, chose qui trahit complètement ses promesse électoralistes, le tout-puissant patron de l’hôtel de ville de la capitale du Kénédougou, M. Mama Sylla, s’est attiré les foudres de sa population désormais décidée en découdre avec lui. L’homme qui est véritablement en rupture avec sa base, est l’un des grands absents des grands rendez-vous politiques, artistiques et culturels de sa ville.

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« Le maire Mama Sylla ne peut nullement s’offrir le luxe d’être présent à la présente cérémonie. Sachant bien qu’il est désormais déclaré personnalité non désirable à Sikasso (très paradoxale pour un maire), il a préféré bouder l’évènement sous peine de se faire siffler, sinon agresser verbalement, par la population. Le rendez-vous est de taille au regard du nombre impressionnant d’invités présent ici. A-t-il vraiment besoin d’une telle mauvaise publicité en ce moment ? Non. Car, cela porterait un coup dur à son image et à sa carrière politique, notamment auprès des participants, venus de divers horizons, du festival « Triangle du balafon » C’est en ces termes qu’un conseiller municipal ADEMA, sous le couvert de l’anonymat, nous a répondu vendredi 2 novembre dernier à la cérémonie d’ouverture des festivités de la 4ème édition de la fête du balafon.

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Interrogé sur les raisons d’une telle absence remarquée du maire à l’importante cérémonie, l’élu, qui a précisé qu’il est bel et bien présent à Sikasso, dira que la non présence de Mama Sylla est justifiée, tant sa cote de popularité auprès des populations du Kénédougou est en chute. Le maître de cérémonie invitant le maire à prononcer son mot de bienvenue, le public, qui était habitué à le voir en cette circonstance en grand boubou digne des grandes cérémonies, était fortement surpris de constater le tout puissant patron de l’hôtel de ville s’est fait représenter par son 1er adjoint en la personne de Missa Samaké. Pour tout le monde, il s’agit d’une première depuis la naissance du festival. Que se passe-t-il alors ? Le maire est-il en ce moment à Sikasso ? Les interrogations s’expriment de partout.

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Les déclarations de ce conseiller municipal laissent conclure a priori qu’il règne au conseil communal de la collectivité une atmosphère délétère. D’abord entre Mama Sylla et une frange importante du conseil communal, et par ailleurs entre celui-ci et la population. Qu’est-ci qui peut bien en être la cause de ce climat lourd ? Difficile pour nous d’en dire plus. Le maire en personne que nous avons tenté de joindre (en vain) pour un échange devant aboutir à la question est resté invisible, du moins tout au long de notre séjour pendant le festival. Pour les habitués de cette manifestation, cette absence est une première. Tant depuis la première édition de l’évènement, la mairie, à travers Mama Sylla, a toujours été fortement impliquée.

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Mais selon toute vraisemblance, l’attitude de l’élu constitue plus le témoignage éloquent de la rupture d’avec la population, que du refus des organisateurs du festival d’impliquer la collectivité. Au-delà d’ailleurs du bien-fondé des propos du conseiller ADEMA, Mama Sylla ne bénéficie nullement de son audience des années précédentes. La preuve, huit sur dix des populations interrogées pour leurs impressions sur le bilan à mi-mandat du maire, estiment que si « les élections étaient à refaire demain, ils voteraient contre. » En leur demandant le pourquoi nos interlocuteurs sont formels : pour eux, le caractère décevant du bilan du maire constitue la principale raison de la colère et de l’indignation des populations.

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Avec l’insalubrité qui a atteint un niveau révoltant, la spéculation foncière qui prospère chez les « conseillers véreux », les feux de signalisation qui ont disparu au grand dam des usagers, le marché (récemment construit sur financement du chef de l’Etat) est visiblement dans un état de dégradation regrettable, et la voirie se meurt, etc. Bref le tableau est sombre et met à nu l’incompétence notoire du maire Mama Sylla à déclencher l’essor socio-économique de la collectivité. Ce, à la grande déception de la population dont la majeure partie estime que « l’erreur la plus grave que le conseil communal ait commise a été de porter Mama Sylla à la tête de la collectivité. » « Nous pensons que ce ne sont nullement les ressources qui manquent pour amorcer le développement local de la ville.

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Mais plutôt le manque de responsabilité dans la sa gestion des fonds et le manque de souci de bien servir sa commune » s’indigne un responsable régional, notable de la ville. Pour ce dernier, l’ancien maire Mamadou Tangara a été aussi décevant que son successeur, qui, pourtant avait suscité l’espoir. 

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En clair, ce qui se passe à Sikasso est l’illustration la plus parfaite de l’attitude de la quasi totalité des maires maliens et des conseillers municipaux. En cette période où les regards sont désormais tournés vers les futures élections communales de 2009, l’on est droit d’affirmer d’ores et déjà que les chances du maire Mama Sylla sont considérablement réduites. Finira-t-il comme son prédécesseur Mamadou Tangara  qui est en ce moment devant la Justice.

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Issa Fakaba SISSOKO    

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