Commune rurale de Diongaga (cercle de Yélimané) : Les saisonniers en colère

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Rien ne va plus entre les saisonniers (ceux qui viennent travailler dans les champs) de la commune rurale de Diongaga (cercle de Yélimané) et leurs logeurs. Ce désaccord serait venu suite à une mesure prise par le conseil communal d’augmenter l’heure de travail et d’exiger que chaque saisonnier possède une carte d’identité ; faute de quoi, il ne sera pas hébergé.

Avec l’immigration des Sarakolés de notre pays, leurs villages sont généralement handicapés de bras valides. C’est pourquoi, dans la plupart des villages, ce sont les vieilles personnes, femmes et enfants qui s’y trouvent. Sachant qu’ils manquent de cultivateurs dignes de ce nom pendant la saison des pluies, beaucoup de saisonniers s’y rendent pour passer l’hivernage. De ce fait, ils cultivent pour ceux qui le souhaitent, et en contre partie, sont payés. Ce qui fait qu’au terme de la saison des pluies, chacun trouvait son compte. Mais cette année, cela risque de ne pas être le cas dans la commune rurale de Diongaga (cercle de Yélimané). Cette localité située environ à 46 Km de Yélimané vient, lors de son conseil communal tenu en mi-juin, d’arrêter certaines mesures. Lesdites mesures ont trait aux denrées de première nécessité (sucre, farine, lait etc.). Le même conseil a touché également les jeunes saisonniers. La nouvelle décision impose aux temporaires de travailler de 8h à 13h en raison de 1000 Fcfa. Et de 14h à 17h pour 500 Fcfa. Donc la journée pleine fait au total 1500 Fcfa.

Mais avant la nouvelle décision de la Mairie, ils travaillaient de 8h à 12h et sont payés pour le même prix (1000 Fcfa). Et de 14h à 16h, ils percevaient toujours 500 Fcfa. En comparant l’ancienne et la nouvelle décision communale, l’on se rend compte que la durée du travail a augmenté, soit deux heures de plus. Mais, le statu quo demeure au niveau du salaire. Au delà, la nouvelle mesure exige des saisonniers de se procurer une carte d’identité nationale. Une instruction, selon nos informations, aurait été donnée par la population de n’héberger aucun saisonnier s’il n’est pas en possession de sa carte d’identité. Des décisions qui sont fortement contestées par les saisonniers. De nos renseignements, ils soulignent que si l’heure de travail augmente, le salaire doit connaître une hausse aussi.   Ensuite, ils déclarent ne pas comprendre la position des autorités communales de leur imposer la carte d’identité nationale. « Dire que chacune prenne une carte d’identité est une bonne idée, mais interdire d’être hébergé sans carte est aussi un abus », ont-ils dit. 

Selon nos sources, cette mesure ne serait pas prise au hasard, il y aurait un précédent entre certains saisonniers et le Maire, Kama Dougouré, élu sous les couleurs de l’Union pour la République et la Démocratie (Urd). Une dispute aurait éclaté entre M. Dougouré et ses employés. Et au finish, il a refusé de les payer avant la décision du conseil communal. «Quand j’ai approché le secrétaire général de la Mairie pour savoir davantage sur les raisons de cette mesure, il a fait savoir que tout le monde doit travailler huit heures par jour conformément au code du travail», a déclaré notre source. Mais ce que le secrétaire général ne sait pas, le code du travail laisse la rémunération entre l’employeur et l’employé. Contacté par téléphone pour savoir les motivations de la Mairie à prendre cette mesure, le conseiller Malick Tandia, nous dira : «Je suis dans le véhicule pour Yélimané, et dès que j’arrive, je vous rappelle». Après avoir relancé l’appel pour la deuxième fois, il souligne : «On est en réunion. Je te rappelle».

Les conséquences de cette décision n’ont pas tardé à tomber. La même source indique que la plupart des jeunes saisonniers ont été contraints de partir car ne voulant plus travailler dans ces conditions fixées par le conseil. Le Maire est-il derrière cette décision après avoir eu des altercations avec certains saisonniers ? Telle est l’interrogation que les uns et les autres ne cessent de se poser.

Hadama B. Fofana


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