Comité d’action pour le Nord-Kani-Na-Cindi : « Resterons –nous les bras croisés sans jamais croiser le fer ? »

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Moi jeune fille Tombouctienne, je ne me prêterais à aucune exhibition, je n’offrirais pas mon corps au regard pervers d’yeux dévorateurs en des cérémonies aux calculs interminables. Mon corps n’est ni  marchandise, ni friandise, il est sacré et je le couvrirais comme un épi de maïs. Il ne servira pas de plat de résistance à des cérémonies dont je ne tire aucune fierté. C’est le mystère qui attire, c’est le  caché qui suscite curiosité et envie. J’ai pris conscience que l’exposition dévalorise, je veux demeurer un trésor caché au dessus de l’envieux …

Moi jeune fille Tombouctienne, je respecte mes parents, mes aînés, la tradition, une tradition millénaire
qui a fait de la femme Tombouctienne un modèle de vertu aux sorties limitées, contemplant sans se  faire voir à travers les jalousies des fenêtres « algalum ». Au cours des fêtes on procédait à l’élection du « Ras el Nema », la plus belle femme de la saison appréciée par la décence des habits, la grâce, la  finesse, l’esprit, le caractère de la femme dont le corps reste voilé aux yeux indiscrets, aux regards
inquisiteurs laissant libre cours à l’imagination. Je veux demeurer une perle rare, un diamant scintillant dans le ténébreux …

Moi jeune fille Tombouctienne, je refuse l’avilissement d’un défilé de MISS qui entraine la femme sur le podium de la vile exposition qui désacralise à travers des tenues qui dénudent et violent la plus  profonde intimité, des tenues exposant le corps au détail, dévoilant la pensée, pénétrant le secret des comportements, livrant dans sa totalité et démystifiant. Je suis fière de mes boubous amples et élégants, de mon voile mystérieux, protecteur et sécurisant. Je veux demeurer un secret caché dans l’impénétrable …

Moi jeune fille Tombouctienne, je resterais à l’avant – garde de la lutte pour la correction des mœurs, contre la corruption dès mœurs. J’ai écouté les cris de cœur au cours des’ assemblées générales, j’ai pris conscience de mon rôle et de ma place dans cette société. Tombouctou s’est imposée à travers le monde par des comportements modèles, des attitudes positives qui honorent la femme, aussi je me dresserais contre tout subterfuge qui veut me conduire à l’abattoir pour sacrifier ma dignité, égorger  mon antique fierté dans le dénaturé …

Moi jeune fille Tombouctienne, je ne serais pas le maillon faible de cette révolution sociale qui veut restituer à Tombouctou son aura d’antan, ses hautes valeurs, ses bonnes mœurs. Tombouctou a toujours vécu à l’ombre des femmes dans la discrétion. Fondée par une femme, la vieille Bouctou, dotée d’une mosquée université par une femme de la tribu des Laghlal qui a requis l’anonymat, son retour de balancier sera l’œuvre des femmes dans le plus éclatant…

Moi jeune fille Tombouctienne, pour toutes ces raisons je désavoue et repousse l’organisation de Miss sous toutes ses formes dans la mesure où elle livre la femme à la vile exposition, à l’avilissement. La porte la plus dangereuse qui conduit à la corruption des mœurs, à la perversion est bien le comportement vestimentaire pour lequel je m’engage à être un portier vigilant, ferme et dynamique pour « que revienne la rosée sur les oasis oubliées du sublime…

CAN–KNC – Tombouctou – La Rédaction

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                                                               SANNE  CHERIF

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