Un accident mortel en plein centre de Naréna a provoqué des manifestations hostiles contre les chauffeurs de taxi qui font l’axe Bamako-Conakry. Un mouvement de colère qui rappelle le 26 mars 1991.
En effet, le dimanche 1er octobre 2006, un taxi Peugeot 505 immatriculé A-6378-MD venant de Bamako a violemment heurté le petit Boua Diallo, 8 ans, qui a rendu l’âme sur le champ. La victime, qui devait accompagner sa grande sœur qui devait prendre le car, voulait traverser la route. Malheureusement, pour l’enfant, le taxi, qui venait dans le sens opposé, l’a percuté de plein fouet et l’a traîné sur une distance de 17 m avant de s’immobiliser. Immédiatement, le chauffeur est sorti pour ramasser l’enfant afin de le conduire au dispensaire. Peine perdue, l’enfant qui avait déjà le cou écrasé et la tête ouverte était déjà froid. Sur l’asphalte, il y avait une mare de sang.
La nouvelle, comme une traînée de poudre, s’est emparée de la cité. Et une foule nombreuse a pris d’assaut le goudron. Cris, pleurs, vociférations ont fini par engendrer chez les jeunes cette velléité de renouer avec cette pratique du 26 mars : brûler le chauffeur et son véhicule. L’arrivée immédiate du maire a permis d’éviter le pire. Namory Konaté a longuement sensibilisé la foule en colère et a promis que des dispositions immédiates seront prises pour que pareil cas ne se reproduise plus. C’est ainsi que le commandant de brigade adjoint de la gendarmerie et ses éléments ont pu se livrer au constat de l’accident.
Après les funérailles, auxquelles toutes les autorités et tout Naréna ont pris part, les hommes sont rentés, mais la colère demeurait toujours. Et le lendemain 2 octobre, toutes les femmes de Naréna, sous la conduite de leur présidente, Mariam Coulibaly, en pleurs et en larmes ont déposé sur la route de gross cailloux, bloquant toute traversée du village par les véhicules. Interrogée, Mariam a affirmé que « nous voulons par cette action manifester notre amertume, notre peine, notre tristesse, car en moins de 2 mois nous sommes à notre 3e accident mortel. Nous en avons assez de voir nos enfants écrasés par des chauffeurs qui traversent le village à tombeau ouvert ».
Et toute la journée des femmes en larmes ont déposé leurs cailloux obligeant tous les taxis à prendre la déviation cahoteuse qui passe derrière le village. Finalement, la gendarmerie est parvenue à les persuader qu’elle s’occupe de cette affaire et un poste de sécurité a été sur le champ installé pour ralentir les taxis qui traversent le village.
Le maire de Naréna s’est toujours battu contre l’excès de vitesse de ces véhicules. En témoignent ses nombreuses correspondances adressées aux autorités, dont celle du 30 août adressée au directeur national des routes qui demande « l’élévation à Naréna de ralentisseurs de vitesse afin d’éviter, l’irréparable pouvant même entraîner le ternissement des liens de fraternité et d’amitié entre Guinée et le Mali ». Aujourd’hui, ce drame lui donne raison.
Aujourd’hui Naréna pleure et enterre. Si les autorités tardent à prendre des dispositions, comme c’est toujours le cas, la vindicte populaire risque de s’installer dans le Mandé.
Djibril Kalane Touré (directeur Radio Jamana Naréna)
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