Un moment contestés, voire rejetés par une partie de la société civile, les Accords de partenariat économique(APE) offrent à présent des avantages pour l’Afrique. Ces accords qui libéralisent le commerce entre l’Europe et l’Afrique ont fait l’objet d’une réunion de sensibilisation tenue jeudi 25 mai dans la ville de Koulikoro.
Faisant l’historique des négociations sur les APE et leurs organes, Moctar Diarra du ministère du Commerce a expliqué que les APE ont pour base juridique les accords de Cotonou qui permettaient aux pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacific) d’exporter leurs produits dans l’Union Européenne sans droits de douanes. C’est sur la base de ces accords préférentiels pour l’espace ACP que sont nés les APE entre la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) l’UE.
L’Union Africaine n’ayant pas atteint de progrès significatifs en matière d’intégration, les communautés économiques du continent comme la CEDEAO ont été privilégiées pour négocier lorsque l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a voulu mettre fin aux avantages des accords préférentiels entre ses Etats membres.
Le but de l’OMC est de mettre tous les pays sur les mêmes pieds d’égalité dans le domaine du commerce international. Ainsi, les présents accords entre l’UE et la CEDEAO sont issus d’une longue négociation qui a duré 11 ans à cause de la réticence de plusieurs organisations de la société civile et du monde paysans d’Afrique.
La forme actuelle des accords prend en compte les réserves des Africains qui craignent que leurs pays ne deviennent des marchés seulement. Quelques spécificités des APE, dont la prise en charge d’éventuelles pertes de revenus douaniers, sont en réalité des atouts pour les pays africains, à en croire Moctar Diarra.
Selon Mohamed Yéli Konaté du ministère des Affaires étrangères, les APE sont aujourd’hui un passage obligé pour les pays de la CEDEAO. Déjà, le Ghana et la Côte d’Ivoire ont signé des accords intermédiaires. Par ailleurs, les pays de l’UE s’engagent à soutenir les pays de la CEDEAO à travers le Programme d’appui pour partenariat économique et développement(PAPED), en prenant en compte les contraintes de la région.
Malgré les faiblesses des entreprises africaines, les Africains ne doivent pas avoir peur des APE qui entrent en vigueur dans une quinzaine d’années. Des pertes de recettes douanières sont inévitables pour des pays comme le Mali mais les avantages sont certains. « Il y aura une transition fiscale pour permettre aux pays d’Afrique de se mettre à niveau », a déclaré Abdel Kader Sangho qui travaille à la Direction générale des douanes maliennes.
Pour Sangho, les entreprises Africaines doivent comprendre que nous sommes dans un environnement de compétitivité. C’est dans ce contexte que le Tarif extérieur commun (TEC) entre en vigueur, ce qui implique l’uniformisation des droits de douanes sur les produits de l’UE et de la CEDEAO. Dans la même veine, il est possible par exemple pour une entreprise Sénégalaise de soumissionner pour les appels d’offres maliens et vice versa.
Soumaila T. Diarra