Après un moment sans publication pendant lequel les investigations continuaient sur le dossier de l’Agence de Développement Régional ADR de Mopti, votre journal l’Enquêteur revient cette fois pour vous édifier sur la gestion financière dans cette structure nouvellement créée et comment les textes de l’ADR sont piétinés par le directeur, en complicité avec certains responsables du gouvernorat de la 5ème région, souvent membres du Conseil d’administration.
L’ADR est une nouvelle structure dont la création a été décidée par le chef de l’Etat lors des états généraux de la décentralisation qui ont eu lieu du 21 au 23 octobre 2013 au Centre International de Conférence de Bamako. A peine créée, chacune de ces agences a bénéficié d’un budget annuel de cent soixante-dix-huit millions de francs CFA. Cette somme a été mise à leur disposition par le gouvernement du Mali, appuyé par les partenaires au développement, qui soutiennent la bonne marche du processus de la décentralisation dans notre pays à savoir, l’Union Européenne, l’USAID, la CTB, Water Aid et la MINUSMA qui est de nos jours l’un des principaux bailleurs de fonds avec un montant de plus de 200 millions de francs CFA à cause de son implantation dans la cinquième région. La gestion de cette somme très sensible consistait dans un premier temps à faciliter la création des agences, de façon concrète et leur installation dans toutes les régions du Mali. A titre d’information, seule l’ADR de Ségou a bénéficié d’une parcelle qui lui a été remise par le conseil régional. Il s’agissait maintenant pour les autres ADR de chercher des locaux et ensuite procéder à l’achat des équipements tels que matériels de bureaux et tous les autres accessoires permettant leur fonctionnement.
L’ADR de Mopti quitte le conseil régional, avec le faiseur de roi de l’Agence
L’Agence de Développement Régional de Mopti était installée dans la cour du conseil régional, dans un bâtiment déjà équipé, sur proposition du président du conseil régional et cela, afin de faciliter le démarrage des activités et de rendre la structure très vite opérationnelle. Juste après le premier conseil d’administration, qui s’est terminé en queue de poisson, le directeur de l’ADR M. Boundy a décidé seul de transférer l’agence ailleurs pour s’éloigner du président du conseil d’administration, M. Maki Cissé, qui devenait pour lui une persona non grata.
Ainsi, il choisit une villa complète à quelques mètres de conseil régional à un prix que les autres travailleurs de l’agence ignorent et commença à acheté de nouveaux équipements sans respecter les normes. C’est-à-dire, sans appels d’offres. Certains matériels de bureaux et plusieurs ordinateurs ont été achetés sur place. En complicité avec d’autres responsables de l’ADR, ils ont en location un magasin quelque part dans la ville de Sévaré pour entasser certains équipements fournis par l’Union Européenne. Pour quelle intension ? Seul M. Hadi Boundy lui-même pourra donner des explications le jour où les responsables de son département ministériel décideront de procéder à des audits. Cela doit être envisagé car les Agence de Développement Régionaux sont des structures gouvernementales. Selon des enquêtes que nous avons menées sur le terrain, dans les quartiers de Sévaré et dans la ville de Mopti, des tickets de carburant Shell avec la mention ADR- Mopti sont vendus comme du petit pain.
Monsieur Hadi Boundy marche sur les textes de l’ADR
Les textes des Agences de Développement Régionaux sont très clairs, les ADR travaillent en synergie avec le conseil régional. C’est bien mentionné que seul le président du conseil régional peut convier un C.A, doit fixer la date et choisir l’ordre du jour après avoir longtemps discuté avec le directeur de l’ADR et son personnel.
Mais pour le cas de la Venise malienne, comme vous l’avez lu dans nos parutions précédentes, suite au blocage qui sévit entre le premier responsable de l’ADR-Mopti et le président du conseil régional concernant la nomination du Directeur général adjoint, il n’y a plus de concertation pouvant permettre l’élaboration d’un cahier de charge digne qui puisse favoriser la concordance des conseils d’administration et leur déroulement de manière pacifique. Maki Cissé insiste toujours sur sa lettre adressée à la Direction des collectivités depuis juillet 2016 ne reconnaissant pas Hadi Boundy comme Directeur de l’ADR-Mopti depuis la fin de sa période d’essai. Pour lui, les textes sont jusqu’à présent violés. Mais il attend toujours la nomination d’un nouveau directeur avec qui, il pourra désormais travailler. Mais à l’heure où nous mettons ces lignes sous presse, M. Hadi Boundy demeure toujours directeur de l’ADR-Mopti avec comme conseiller spécial un collaborateur du gouverneur de la cinquième région, Bagna Mahamadou Djitteye. Pour le président du Conseil régional de Mopti également, président du conseil d’administration de l’ADR M. Djitteye s’est autoproclamé vice-président du conseil d’administration de l’ADR car selon Maki Cissé, « jusqu’à l’heure où je vous parle, aucun arrêté ne m’a été présenté faisant de ce monsieur le vice-président du conseil d’administration de l’ADR-Mopti ».
Bagna Mahamadou Djitteye, bien que nommé depuis le 26 novembre 2017 à Taoudenit chef de cabinet du gouverneur de la région de Taoudénit, est toujours présent à Mopti. Pourquoi ? Il explique à certains de ses collaborateurs qu’il attend son remplaçant avant de rejoindre son poste ; le temps pour lui de s’occuper du dossier ADR pour des fins personnelles que seul lui-même pourra nous dire les raisons. A la demande du Ministre du développement local, M. Soumana Mory Coulibaly, un conseil d’administration se prépare dans toutes les Agences de Développement Régionaux et cela avant la conférence annuelle des ADR qui se tiendra bientôt.
Affaire à suivre.
Aliou Badra DOUMBIA