Rien ne va plus entre le Comité de gestion hydraulique de Goundam et la mairesse de cette ville, Mme Seck Oumou Sall. Et pour cause: cette structure distribue, non seulement, de l’eau non potable mais, en plus, elle veut continuer à gérer l’adduction d’eau en toute illégalité, en refusant de passer la main à la société titulaire de la gestion et de la distribution publique de l’eau potable.
L’édile de Goundam, dans sa volonté de moderniser sa ville et d’apporter sa modeste contribution à l’épanouissement de ses populations, s’est intéressée à la fois à la qualité de l’eau distribuée et à la gestion de celle-ci depuis 2005, date des transferts des compétences aux collectivités territoriales. Le constat est sans appel: le prix du m3 est cher (375 FCFA) et le bilan est toujours négatif, ce qui fait que le contrat qui lie la mairie au comité de gestion n’est jamais respecté. Face à cette situation, il fallait changer de méthode de gestion. Et voilà que, dans la foulée, la Direction nationale de l’hydraulique a fait un plaidoyer en faveur d’une nouvelle formule pour une nouvelle gestion, avec l’appui de la Banque mondiale. C’est ainsi qu’un séminaire d’information, de sensibilisation et de formation a été organisé dans chaque région à l’intention des structures de gestion de l’eau et des maires. Les communes intéressées y ont participé et celle de Goundam était à la rencontre de Tombouctou.
Au cours de cette réunion, il a été convenu de préparer des dossiers d’appel d’offres pour une saine émulation. Trois types de délégations de services publics ont été proposés et chaque commune devra choisir entre la mise en concession, la régie intéressée et l’affermage.
La municipalité de Goundam a préféré le dernier choix. C’est un contrat par lequel l’autorité contractante charge le fermier (la personne publique ou privée) de l’exploitation d’un ouvrage qu’elle a acquis préalablement, afin que celui-ci assure la fourniture d’un service public, le fermier ne réalisant pas les investissements initiaux. C’est donc sur cette base qu’un dossier d’appel d’offres a été préparé par une Commission technique, composée d’élus et de techniciens. Pour montrer sa bonne foi et sa volonté de rassemblement, Mme Seck a fait présider cette Commission par l’ancien maire de la commune, Aboubacar Hanga.
Un avis d’appel d’offres national ouvert a été donc lancé, dans les conditions régulières de concurrence pour la gestion de l’adduction d’eau: disposer d’une eau potable en permanence, de qualité et à un coût raisonnable. Trois soumissionnaires ont exprimé leur volonté, par l’achat des dossiers d’appel d’offres. Il s’agit de Tile – Gaz Mali, du GIE Echos du Nord (ce sont les anciens gestionnaires de l’adduction d’eau, constitués en GIE) et de Bay Abba. Lors du dépouillement, deux offres seulement ont été présentées, la troisième entité ayant manifestement renoncé. La commission de dépouillement a fini son travail et a adressé un procès-verbal à la mairesse, qui, en dernier ressort, attribue le marché sur la base des documents qui lui ont été remis. Avant que la décision de Mme Seck Oumou Sall n’intervienne, Tile – Gaz Mali a contesté, par une lettre adressée à cette dernière, le déroulement des travaux de la commission de dépouillement. Cette entreprise relevait que son concurrent, après l’ouverture des plis, avait participé aux travaux d’évaluation de la commission. Après vérification, Mme le Maire a annulé les résultats de la commission de dépouillement, en vertu de l’article 31 de l’Arrêté interministériel du Code des marchés publics des collectivités territoriales. Il stipule, en effet, que: «le soumissionnaire ou son représentant dûment mandaté peut participer uniquement à l’ouverture des plis. En aucun cas, il ne peut être présent pour les travaux d’évaluation des offres». Dura lex, sed lex (la loi est dure mais c’est la loi). Cette rigueur, conforme aux textes, n’a pas plu à tout le monde.
Les opposants à Mme le Maire ont vite fait de politiser l’affaire, de signer des pétitions, d’annoncer des marches de protestation et d’aller à l’encontre des déclarations qu’ils ont tenues dans des comptes-rendus de réunion. Malgré cette vague de protestations, Mme Seck est restée de marbre et a quand même remis ça. Le dossier d’appel d’offres a de nouveau été lancé. Seul Tile – Gaz Mali a soumissionné en seconde instance. Elle a donc été déclarée attributaire du marché de la délégation de gestion et de la distribution publique d’eau potable à Goundam.
Maintenant qu’il s’agit de faire la passation, les anciens gestionnaires, regroupés au sein du GIE Echos du Nord, refusent de passer la main et tentent de provoquer des troubles dans la ville. A l’Etat donc de s’assumer. A suivre.
Chahana Takiou