Si le délibéré du procès qui oppose le Directeur de publication du journal ‘’Le Sphinx’’ à Soumeylou Boubèye Maïga est attendu le mardi 19 décembre, le président de la première chambre correctionnelle du tribunal de première instance de la commune III a déclaré nulle la procédure intentée par le colonel Soumaré.
Le directeur de publication de l’hebdo ‘’Le Sphinx’’ a comparu mardi dernier devant la première chambre correctionnelle du tribunal de première instance de la commune III pour répondre du délit de diffamation. La procédure a été initiée par Soumeylou Boubèye Maïga que le journal dans son édition du 6 octobre dernier a accusé d’être l’homme qui a déposé le manuscrit du livre ‘’ATT-cratie aux éditions ‘’L’harmattan’’.
D’entrée du jeu, le duo d’avocats qui assurait la défense du confrère Mes Cheick Oumar Konaré et Ousmane A. Touré ont demandé au tribunal de se déclarer incompétent, car disent-ils, c’est le tribunal de la résidence du prévenu qui est en la matière compétent et non celui du siège du journal. Très vite, les avocats de la partie civile, sous la houlette de Me Mamadou Konaté, répliquent en faisant savoir que la loi est très explicite sur la question. C’est soit le lieu du domicile ou du lieu de la commission de l’infraction ou du lieu d’arrestation du prévenu, ont-il déclaré.
Quant au procureur de la République, Sombé Théra, il a purement et simplement demandé la nullité de la procédure au motif que l’infraction a été mal qualifiée et les articles de la loi qui incriminent les faits ne figurent pas dans la citation. Pour Konaté, le parquet est mal à l’aise pour soutenir cette action.
Après un retrait de quelques minutes, par la voix de son président, le tribunal a rejeté toutes les exceptions soulevées par la défense et le parquet.
Dans son explication à la barre, notre confrère, Adama Dramé a déclaré que c’est un agent du service des renseignements français qui lui aurait dit qu’il a vu Soumeylou en train de remettre le manuscrit du livre : ‘’Att-cratie au directeur de ‘’L’Harmattan’’. Pour Dramé, le livre est attentatoire et porte atteinte à l’honneur de tous ceux qui sont mis en cause. Il va jusqu’à qualifier le livre comme un complot contre la société.
Après le prévenu, ce fut les différentes plaidoiries.
‘’Ce dossier est un dossier délicat car il met en cause les institutions de la république dans un contexte politique aussi délicat’’ a souligné Mamadou Konaté. SBM est un homme politique qui a des ambitions, a-t-il affirmé et Dramé a voulu salir l’image de cet homme. Or il n’en a pas le droit, surtout que la preuve de ses allégations n’a pas été et ne pourra être rapportée, a conclu Me Konaté.
Pour, Me Moussa Sinayoko, Dramé n’a aucun élément pour prouver la véracité des faits. Il n’a pas fait un journalisme d’investigation. Aussi, les éléments de l’infraction du délit de diffamation sont-ils constitués à la lecture de l’article 38 de la loi portant délit de presse. Raison pour Me Soumoutera de demander au tribunal le maintien du prévenu dans les liens de la prévention et la publication du dispositif du jugement de condamnation dans trois journaux de la place, à savoir l’Essor, les Echos et l’Indépendant.
Le parquet dans son réquisitoire a demandé le renvoi de l’affaire pour la comparution de Soumeylou B Maïga histoire d’éclairer certains points. Pour Me Konaré, le journaliste a fait preuve d’un certain professionnalisme, même s’il ne peut pas apporter toutes les preuves matérielles demandées par la justice. ‘’Mon client a agi en toute liberté et en bonne foi’’ a déclaré Me Konaré avant de demander au tribunal de relaxer son client des poursuites intentées contre lui. Me Ousmane Touré, lui, a estimé que deux éléments manquent dans cette affaire. Et de s’interroger en quoi l’article publié dans le n° 139 du journal ‘’Le Sphinx’’ porte atteinte en l’honneur ? En outre, l’élément intentionnel n’existant pas, on ne peut pas faire application de la loi. Le tribunal rendra sa décision ce mardi 19 décembre.
L’autre procédure intentée contre le même organe par le colonel Soumaré a été purement et simplement annulée par le tribunal au motif que les parties n’ont pas été régulièrement citées.
Chiaka Doumbia “