Dans une interview qu’il a bien voulue nous accorder, le président du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’intégration (Sadi) a dénoncé l’attitude des chefs d’Etats de la Cedeao. Il a surtout critiqué le président ATT pour son rapprochement avec Laurent Bagbo, le bourreau des ressortissants maliens et ouest africains en Côte d’Ivoire. Le Docteur Oumar Mariko a aussi abordé d’autres sujets d’intérêt national.
L’Observateur : Les chefs d’état de la Cedeao viennent une fois de plus de prolonger d’un an le mandat de Laurent Bagbo. Une décision qui n’a pas été du goût des Africains ? Etes-vous de cet avis ?
Oumar Mariko : Les chefs d’Etat africains n’ont pas résolu la question. Ils l’ont simplement évacué.
Les chefs d’Etat abordent le sujet en évitant de traiter le cas de la communauté africaine présente en Rci et l’exaction dont ils font l’objet de la part du régime de Bagbo. L’expropriation des étrangers et le génocide constituent certains des crimes commis et orchestrés par le président ivoirien. Ce sont sur ces questions que les chefs d’Etat devraient interpeller Laurent Bagbo. Ils ont suivi la France et la volonté de leur peuple. La solution de la crise ivoirienne passe par une transition sans Bagbo, Konan Bedié et même sans Ouattara. Aujourd’hui, la Rci a besoin des forces nouvelles, d’une transition démocratique.
Depuis quelques jours, il est question d’une trahison d’ATT. On lui reproche d’avoir monnayé sa conscience contre du fric ?
Je ne pourrais pas dire qu’ATT a trahi en se rapprochant de Bagbo. ATT a tout le temps été avec Bagbo. Mais, il a toujours trompé le peuple malien. Il a donné le sentiment qu’il n’était pas avec lui. Le masque de ATT est tombé. Nous l’avons dit, nous l’avons compris. Ce qui est déplorable : la position de ATT n’est pas une position de respect vis-à-vis des Maliens de l’extérieur. En sa qualité de chef d’Etat du Mali, il pouvait demander des comptes à Laurent Bagbo, devant des juridictions étrangères. Ils se sont faits peur en disant, si nous prenons durablement position, Laurent Bagbo va massacrer nos compatriotes. Laurent Bagbo, peut-il massacrer les Maliens vivant chez lui, en sachant que le Mali est une nation. Le Mali a signé une convention avec la Rci. Elle a l’obligation de la respecter.
S’agissant de ATT, il n’a aucun égard pour ses compatriotes. La Rci n’est qu’un cas parmi tant d’autres. A preuve ! La récente célébration du centenaire de Koulouba en est une parfaite illustration. Elle constitue en soi une violation de l’histoire de notre pays. Pour un malien qui connaît l’histoire du Mali, il ne va pas appeler des citoyens français qui ont fait descendre nos résistants pour célébrer les 100 ans de Koulouba. Je serais parti chercher les descendants de Samory, Tieba, Furhoun, etc… C’est à leur honneur que je dois ériger des barrières. Très grave encore, cela a coïncidé avec la visite au Mali de Nikolas Sarkozy. Cette visite était la preuve que la direction du régime n’est pas nationaliste.
Le comportement de ATT ne m’a pas surpris. Les peuples africains l’attendaient, les Maliens s’attendaient à ce qu’ils aident ses compatriotes. Il est passé à côté.
Je reproche aux dirigeants africains de ne pas se trouver la solution aux problèmes ivoiriens. Le régime de Bagbo n’est pas soutenable.
Qu’est-ce qui peut, selon vous, motivez ATT à s’allier avec le bourreau de son peuple ?
Je n’explique pas ce qui a été dit dans la presse, malgré les gymnastiques de Albert Bourgi. Mais je ne le prends pas pour fondamental.
En tout cas, je peux dire, qu’ATT veut damer le pion à IBK en sachant qu’IBK est l’ami de Bagbo. Il faut empêcher Bagbo de soutenir IBK. C’est le problème de fric, d’amitié et d’élection qui explique la conduite de ATT.
A quoi faut-il donc s’attendre dans ce cas, avec les Forces nouvelles de l’autre côté ? ATT va souffler le chaud et le froid entre Bagbo et les rebelles ivoiriens. Puisqu’il ne peut pas fermer les frontières entre les deux pays. Une fois de plus, c’est le vrai masque d’ATT qui est tombé. Les gens ne le connaissent pas. Moi, je le connais. Je connais la vraie nature de l’homme. Un chef d’Etat doit se montrer responsable. Pis, le ministère des Affaires Etrangères a raté l’occasion de se taire. Leur communiqué est hyper léger. C’est déplorable.
Propos recueillis par Abdoulaye DIARRA
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