ATT-CRATIE : Le régime trompe-l’œil d’ATT

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A la fin d’un mandat de 5 ans et d’une gestion du pouvoir, marquée par le consensus au sommet, de nombreux Maliens commencent à s’interroger sur l’avenir politique de leur pays. Si tout le monde s’accorde sur la stabilité politique, l’on s’interroge de plus en plus sur les moyens utilisés et la part réservée aux millions de Maliennes et Maliens non invités à la soupe nationale. Car la stabilité sociale se fait encore désirer.

ATT est loin d’être populaire et encore moins charismatique que ses prédécesseurs, mais il a su créer des soutiens importants et diversifiés dans des cercles aux relents de mafiosi. ATT joue à merveille sur le favoritisme politique pour se créer des soutiens politiques et consolider ainsi son pouvoir.

Contrôlant les sommets d’un Etat qui monopolise les ressources politiques, administratives, économiques étendues, il joue cyniquement sur la gestion de l’accès à ces ressources pour se créer des obligés et des dépendants. C’est lui qui contrôle en premier lieu l’accès aux postes politiques, administratifs et économiques clés et donc l’accès à la classe dirigeante. Son pouvoir s’étend aussi sur toutes les faveurs économiques qui s’attachent à ces emplois (crédits bancaires, permis et autorisation d’importation, exonérations diverses, etc.) et aux mesures de protection liées.

Si le diplôme est une condition normalement nécessaire pour accéder aux administrations publiques de l’Etat, de nos jours, il n’est plus suffisant. Derrière toute l’embellie apparente et une administration qui doit être méritocratique, au regard de la globalisation, règnent malheureusement le parrainage, la corruption, et les passe-droits. Tout repose sur l’art de la grâce et de la disgrâce dans lequel ATT est passé maître.

C’est en jouant systématiquement et habilement sur ce registre que notre ATT National a essayé de récupérer et de coopter ses potentiels opposants. Nous pouvons citer les cas d’IBK et de Me Tall, élus à la présidence de l’Assemblée nationale, de Soumeylou Boubèye Maïga et Tièbilé Dramé à qui on a confié la gestion de CEN-Sad et CNO-SAF, de Mamadou Lamine Traoré au ministère de l’Education nationale pour réussir une école apaisée. Nous n’oublions pas Dr. Choguel Kokalla Maïga passé maître chanteur pour faire rentrer le Tigre dans sa tanière.

C’est ainsi qu’il a su se constituer une sorte de « bloc » au pouvoir, une alliance associant tout et rien, appelé consensus. Tout postulant à une place même modeste doit faire acte de soumission s’il veut bénéficier des faveurs du pouvoir. Le pouvoir ATT attend en effet des gestes explicites de compromission de la part des intellectuels, comme par exemple, s’exprimer dans la langue de bois officielle ou militer au sein du Mouvement citoyen ou des associations de soutien. On transforme ainsi les citoyens en courtisans arrivistes.

Pouvoir personnel

En jouant sur ces registres, notre ATT National est parvenu à construire les bases de son pouvoir personnel. Et son bilan à première vue d’œil est assez éloquent, sinon impressionnant. Des logements sociaux dont la durabilité est fortement mise à rude épreuve, des infrastructures routières qui présentent des dépréciations dangereuses avant la fin des travaux, des pluies provoquées dont les avantages comparatifs ne sont pas démontrés, une politique d’emploi triée au volet, des financements avec le mérite d’être un pays pauvre.

Il se dit que l’homme a assuré au pays la stabilité politique indispensable à la croissance économique. On dit qu’il a su encourager la prospérité économique. Peut-être, mais ce qui est évident, il a su éviter les excès des politiciens. Tout simplement, parce que tout le monde y gagne ; la soupe est succulente.

Le bilan d’ATT tel que projeté sur les écrans et étalé par les laudateurs du régime ne résiste pas à l’analyse. Car, tout se ramène à un seul homme ; l’Etat a disparu, l’argent du contribuable se confond avec le patrimoine du souverain. La pensée unique est devenue la règle d’or et toute contestation ou protestation est étouffée illico presto.

ATT est personnellement peu efficace, sans vision claire pour le Mali de demain et otage d’un cercle d’amis prétentieux aux parcours universitaires scabreux. La corruption et la médiocrité ont atteint des proportions inquiétantes dans son entourage. Ce n’est pas tant un problème d’incompétence, encore que la compétence ne soit pas un critère véritablement pris en considération dans le choix des hommes et femmes autour du cercle présidentiel, qu’un problème de déontologie, de civisme, de sens du service public, des expressions totalement incongrues dans le contexte malien d’ATT.

D’où le recours généralisé aux pratiques de népotisme, de copinage, de clientélisme et de corruption qui font perdre au Mali sa dignité, sa fierté dans le concert des nations qui sortent la tête de l’eau. Autant de méfaits en contradiction avec les discours.

Monzon

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