Je ne suis pas journaliste encore moins un homme politique mais plutôt un porteur d’uniforme appartenant à la famille de la grande muette. Cependant je suis un homme désireux d’apporter ma contribution à la manifestation de la vérité. J’ai vécu personnellement avec Amadou Toumani et pendant un peu plus de vingt ans (1968-1989) nous avions partagé beaucoup de choses ensemble.
En tant que musulman et officier d’un certain âge ; je ne peux plus me permettre de mentir ou de faire des affirmations sans fondement.
Nous nous sommes connus en 1968 entre Kati-coura et la colline de Badala. Dans ce quartier cité vivait son oncle Amadou SISSOKO enseignant l’Anglais à Kati camp, j’y avais aussi mon frère aîné militaire de son état.
A l’école moi j’étais en 10ème lettre et lui en 2ème année de l’Ecole Normale Secondaire. Nous passions la plupart des week ends ensemble et le «grin» s’est vite installé chez lui en raison du caractère peu contraignant de son oncle. En mars 1969 j’étais en 11ème lettre et lui en 3ème année, l’épidémie de méningite venait d’éclater, les écoles furent fermées dans la ville et la région de Bamako, un jour de mois d’avril, Amadou Toumani m’a dit qu’il voulait voir et visiter l’Ecole Militaire Interarmes, sans hésiter nous nous rendîmes, quand nous voulions entrer les militaires à la porte nous avons empêché d’y accéder et nous nous sommes contentés de regarder à distance.
En le regardant, j’ai vu que mon compagnon s’était égaré dans les méandres d’un désir ; c’est sur le chemin du retour qu’il m’a dit «tu sais, je ferai tout pour accéder à cette école» au retour à la maison, il raconta «l’aventure» à son oncle, qui m’a dit ceci «tu sais, quand Amadou était au cours préparatoire à Tombouctou, il avait lié amitié avec un Lieutenant français et a exigé de se faire appelé «Lieutenant» dès lors à Kati le cercle restreint l’appelait ‘’Lieutenant’’ même quand il fut officier supérieur". Les cours ont repris en mai, et chaque fois il me disait «, ‘ j’ai passé encore à la porte», je comprenais de quelle porte s’agit-il.
Pendant les vacances scolaires 1969 ; des promotions, devrait rentrer, le concours n’était pas institué, les candidats n’étaient pas nombreux, ils étaient surtout des sortant du lycée technique et de l’ETP (Ecole des travaux Publics). J’ai passé un mois et demi à Tombouctou, à mon retour, mon type faisait des tours entre Kati et Mopti ; il était entrain de constituer un dossier ; les Normaliens n’étaient pas acceptés à aller à l’Ecole Militaire Interarmes, cela était connu.
De la déception à la solution : Il alla déposer le dossier au 3ème bureau de l’Armée, qui le rejeta ; mon type silencieux mais déçu n’a pas protesté ; coup de théâtre ou vient d’apprendre qu’un autre Normalien ancien de l’Ecole des enfants de troupe venait d’être accepté. Alors la fureur a changé de camp, c’est l’oncle qui en apprenant la nouvelle alla voir Kissima qui fut son cadet au lycée Terrason mais contrairement à ce qui a été dit dans l’article, Kissima n’était pas encore ministre de la Défense, le Lieutenant Kissima était au cabinet Militaire, il lui suggéra d’aller discuter avec Yaya Bagayogo promotionnaire et ami personnel de l’oncle, la solution préconisée était de déposer une démission de l’Ecole Normale Secondaire. Ceci étant fait Amadou Toumani ou « Lieutenant » comme nous l’appelions fut accepté et moi quand je faisais la Terminale, je continuais à lui rendre visite ; trois années plus tard, il m’a fallu passer par voie de concours pour y accéder la contagion m’a conquis aussi avec la fréquentation.
D’autres détails méritent d’être corrigé : comme je l’ai affirmé plus haut le Lieutenant Kissima Doukara n’était pas Ministre, en sa qualité de chef du cabinet militaire il s’occupait des questions politiques et de celles de la société civile, son épouse, feue Youma Simaga est de la même promotion que moi à Ségou, nous étions dans le même cours, celle du collège. Après le DEF elle a fréquenté le centre Pédagogique régional de Markala d’où elle sortie en 1968. Elle a épousé Kissima (devenu Ministre en novembre 1970) en septembre 1971. Elle a régulièrement enseigné à Kati jusqu’en 1978 date de l’arrestation de son mari.
S’agissant de l’inaptitude au service militaire ; il est difficile d’affirmer ou d’infirmer car les résultats sont toujours sous enveloppe dans l’armée. Mais, le doute peut surgir quand on imagine que l’officier Amadou Toumani Touré a effectué des stages en France et en Ex Union Soviétique ; dans ces cas il y a toujours visité au départ et à l’arrivée, il serait étonnant que quelqu’un qui échoue à la visite d’incorporation puisse passer à celle des Forces Spéciales ou troupes aéroportées.
Aussi notre groupe à vécu cette période de 1968 à 1972 à Kati-coura, nous voyions avec admiration le beau groupe d’amis d’alors composés de Yaya Bagayogo (Ministre) du Docteur Dembélé (chirurgien) de Oumar Makalou (Conseiller technique au Ministère des Finances), Amadou Sissoko Cheick Tigui Coulibaly et M. Cissé tous trois maîtres de second cycle.
Je pense et espère que ces oncles continuent à se fréquenter. Je trouve là que c’est ça la vraie camaraderie. Amadou Toumani a été élevé par son oncle, instituteur qui dit vrai n’était pas n’importe qui dans les années 50.
Voilà ma petite contribution, elle est simplement destinée à rapporter fidèlement ce que j’ai personnellement vécu.
De la colline de Badala en 1968 jusqu’au mois de juillet 1989, date de sa désignation pour l’Ecole Supérieure de Guerre, nous nous voyions très fréquemment. Depuis 1991 chacun est au service de son destin et cela sans rancune ni regret, cela ne peut altérer le passé.
«Pour un ancien compagnon de route»
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