ATT-CRATIE… Les explications acrobatiques et les craques de Ladji Bouréma

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Le 25 décembre dernier, notre confrère Christophe Boisbouvier dans son émission « Invité Afrique » informait les milliers d’auditeurs maliens et IBK lui-même (Ndlr : c’est du moins ce qu’il prétend) qu’il est cité comme témoin à décharge par « L’Harmattan », dans le procès qui l’oppose à Mohamed Saïdi, le PDG de la Société Ivoirienne de Concept et de Gestion. (SIGC). Quinze jours plus tard, c’est Me Jacques Vergès, l’un des conseils de l’homme d’affaires ivoiro-libanais que corroborait l’information et apprenait à la presse, qu’outre IBK, Moussa Balla Coulibaly, le Président du CNPM, Jeamille Bittar, le Président de la CCIM et Amadou Boré, le Président de l’ordre des Architectes du Mali sont également cités par « L’Harmattan » comme témoins à décharge.

Dans cette interview accordée à notre confrère français, le Président de l’Assemblée nationale disait : qu’il n’est pas du tout concerné par cette affaire. Qu’il déplore tout ce qui peut toucher à la dignité et à l’honneur d’un homme ; qu’il n’y souscrit pas. Un mouvement politique, pour lui, se situe au-dessus et non en dessous de la ceinture ». A la question de savoir s’il a lu le livre, Ladji Bouréma affirmait : «Je dois vous avouer que je ne l’ai pas lu intégralement. Les premières pages m’ont suffi».

Décidément très mal à l’aise, parce que piégé par notre confrère, le Président du Rassemblement Pour le Mali (RPM) cafouillait : «d’une manière très personnelle, le chef de l’Eta est un frère. Je le considère comme tel et je le considérerai toujours comme tel. Je ne l’ai pas apprécié. Je n’ai pas souhaité poursuivre. C’est tout» Et quand notre confrère lui demande s’il sait que l’Harmattan lui demande de venir témoigner , IBK affirmait qu’il n’a pas reçu de demande à ce niveau, avant de poursuivre qu’il ne croit pas qu’il va répondre à une telle demande. «Mon combat, concluait-il n’est pas à ce niveau-là. Et vous êtes le premier à m’apprendre que l’Harmattan souhaite que je vienne témoigner.» Ah bon ! lui demande Boisbouvier. Ladji Bouréma affirme : « je vous assure » Tous ceux qui ont écouté l’interview se sont rendu compte que le Président de l’Assemblée nationale a été pris au dépourvu par notre excellent confrère ; qu’il ne s’attendait pas à ces dernières questions. Ces explications acrobatiques n’ont par ailleurs convaincu que ses affidés. Selon des sources dignes de foi, IBK est resté de très longues heures enfermé dans son « château » de Sébénikoro en regrettant sans doute d’avoir accordé cette interview piége à Boisbouvier. Manifestement IBK raconte des craques quand il affirme n’avoir lu que les premières pages du livre.

Contrairement à ce qu’il prétend, il l’a lu in extenso. Après plusieurs mois d’enquête et de recoupements « Le Sphinx » (Ndlr : avec i, le journal que vous tenez dans vos mains) est aujourd’hui à même de vous dire qu’IBK a joué un grand rôle dans l’élaboration, l‘édition et la promotion du pamphlet. Selon des sources dignes de foi, contrairement à ce que nous avancions, IBK n’aurait pas pris le train en marche. La rumeur a couru à Bamako depuis la parution du livre au mois de septembre dernier qu’il a été bel et bien informé par un des « anonymographes » du tract (Ndlr : un journaliste, hélas) de leur projet d’écrire un pamphlet contre le régime d’ATT. La même rumeur disait que l’actuel Président de l’Assemblée nationale aurait même mis la main à la poche en donnant une première avance de six millions avant la parution du livre puis 14 millions au même confrère afin d’acheter un lot important du livre-tract pour le vulgariser sur une grande très grande échelle. Evidement des accusations de telle portée prospèrent difficilement en l’absence de preuves tangibles, surtout en matière de remise d’argent ou de pot-de-vin qui se fait le plus souvent entre deux hommes.

En présence évidemment du Seul et unique Seigneur : Allah le Tout Puissant. Ce que nous pouvons affirmer pour notre part, c’ est qu’ IBK, contrairement à ce qu’il avance, n’a jamais raté l’occasion de parler d’ATT-cratie : la promotion d’un homme et de son clan lors de ses nombreux déplacement à l’étranger. Il pose souvent la question aux Maliens expatriés militants ou sympathisants du RPM : « Avez-vous lu ATT-cratie. Allah yé tigné démé, nous avons toujours dit que cet homme est incapable de diriger le Mali » IBK prétend que les premières pages du pamphlet lui ont suffi car il déplore tout ce qui peut toucher à la dignité et à l’honneur d’un homme ; qu’il n’y souscrit pas. Un mouvement politique, pour lui, se situe au-dessus et non en dessous de la ceinture. IBK qui ne rate aucune occasion de monter au créneau pour fustiger les dérives du pouvoir n’a fait aucune déclaration pour se démarquer des allégations du tract ? Fusse-t-il en qualité de Président de l’Assemblée nationale, de Président du RPM ou en qualité de simple citoyens ? Rien du tout.

IBK peut-il jurer sur Soubbahana Watala, qu’il ne sait pas que ATT-cratie est vendu au sein même de l’Assemblée nationale par Korotoumou Diané, l’une des secrétaires du Groupe parlementaire RPM ? Qu’a-t-il fait pour que l’Institution qu’il dirige ne soit pas une succursale de l’Harmattan ? Rien du tout. IBK peut-il jurer sur le Saint Coran qu’il ne savait pas que le livre-tract était vendu sous le manteau lors de la Conférence des cadres, dans les sections et sous-sections du RPM à travers le pays ? IBK peut-il affirmer qu’il ne sait pas qu’à chaque rencontre du RPM, le même livre anonyme est vendu au vu et au su de tous les militants ? Qu’a-t-il fait pour se désolidariser, ne serait-ce qu’intuiti personae ? Dans cet organe « Présence RPM, journal de l’Opposition à ATT en France» (sic) de novembre 2007 sous le titre : Avez-vous lu ATT-cratie? on peut lire : « ATT-cratie ou la promotion d’un homme et de son clan est paru récemment aux éditions l’Harmattan. Ce livre traite essentiellement de la corruption généralisée sous le régime ATT, du régionalisme viscéral de ATT, de son incapacité à traiter les réelles perspectives pour le Mali. Bref, avec notre général de président, le Mali s’enfonce de plus en plus dans la pauvreté depuis 4 ans. » (Voir document). IBK ne sait-il pas que le pamphlet est devenu un fonds de commerce de la section RPM France ?

Peut-il jurer qu’il n’a jamais fait un large exposé du contenu du livre-tract aux militants de la section RPM-France auxquels, il a toujours recommandé d’acheter un exemplaire du livre, qui aurait pu servir de papier hygiénique sous d’autres cieux, comme l’a si bien dit l’honorable député Ibrahima Lasséni Coulibaly de l’Adéma de la commune V? Comme on le voit, IBK manifestement racontait des craques lors de l’entretien qu’il a accordé à Christophe Boisbouvier dont nous ne cessons de saluer le professionnalisme. On ne peut que pouffer de rire en écoutant ses explications acrobatiques. L’hypocrisie, dit-on, est un hommage du vice à la vertu. Les manières papelardes d’IBK nous renvoie à Pascal qui disait que la duplicité de certains hommes est telle qu’il y en a qui pensent que nous avons deux âmes. Hasard du calendrier ou volonté ferme de baliser le terrain avant le grand déballage qui risque de se faire lors du procès au fond fixé au 21 février à 15, IBK était déjà à Paris dès le 14 janvier dernier, sans doute à l’écoute du déroulement de l’audience de mise en état qui s’est tenu avant-hier (Ndlr le 17 janvier).

Contrairement à ce qui est dit, tous les membres de la camarilla malodorante sont connus, ils auront des comptes à rendre au peuple malien. Puisqu’il s’agit probablement d’un complot contre les institutions de la République . S’ils ne sont pas encore inquiétés, cela est dû uniquement à la volonté du président de la République dont l’objectif principal est l’organisation des élections générales qui ne doivent être perturbée sous aucun prétexte. « Allah ka tigné démé »ne cesse de clamer Ladji Bouréma. Quand on se bat pour des principes, la moindre des choses est de les respecter. C’est une question de praxis et d’honnêteté intellectuelle. Dans le silence de sa conscience, IBK -qui a toujours crié à la trahison- doit savoir qu’il y a une morale, même en politique.

Adama Dramé

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