Contrairement au Sénégal où les responsables ont réagi au livre de notre confrère Abdoul Latif Coulibaly intitulé " l’alternance piégée " qui attaquait le président Wade, au Mali, le bouquin " ATT-Cratie : La promotion d’un homme et de son clan ", malgré le fait que de hautes personnalités exerçant encore des responsabilités dans l’administration aient été accusé de manière directe, n’a fait l’occasion d’aucun démenti officiel. Pourquoi alors cette attitude ?
Jublié aux éditions l’harmattan à Paris, il y a de cela quelques mois, le livre ATT-Cratie : La promotion d’un homme et de son clan, malgré les autres, non moins importantes, préoccupations des populations, occupe toujours le devant de la scène politique et…même sociale. Dans les grins, les bureaux, les autres services, la rue, on ne parle que du livre qui n’épargne pratiquement personne dans la haute administration malienne.
Le ministre de l’Education Mamadou Lamine Traoré, Choguel Maïga de l’industrie et du commerce, le conseiller Bani Kanté, Alou Tomota des Edim, l’opérateur économique ivoiro-malien Saïdy Mohamed etc. tous ont eu leur part. Des accusations graves sont portées contre toutes ces personnalités qui n’ont encore toujours pas réagi. Dans un premier temps, à cause de la gravité des accusations, tous les observateurs avaient compris que des réactions allaient venir de ceux qui sont directement interpellés dans le livre. Malheureusement, à part quelques réponses dispersées et désorganisées, les choses ne se sont pas passées comme on s’y attendait.
Ensuite, nombreux sont ceux qui ont pensé que certains ministres et autres responsables attaqués dans le livre en même temps que le président de la République et (surtout) le pays allaient venir au secours du chef de l’Etat pour au moins le blanchir. Surtout parce que tous doivent leurs positions privilégiées à ce dernier. Rien de tout cela. Alors, pourquoi, se sont demandés, encore une fois les observateurs, un tel silence autour d’un problème aussi sérieux qui menace même l’intégrité du pays. Surtout que les accusations portent sur des cas de corruption.
Gestion du pays : On attend tout d’ATT
La réponse à cette question, c’est-à-dire à l’attitude de ceux qui sont considérés comme les amis d’ATT par rapport à ATT-Cratie est toute simple : Au Mali, on attend toujours tout d’ATT. Il faut que ce soit le président de la République qui donne toujours l’ordre de faire telle ou telle chose. C’est lui qui prend toujours toutes les initiatives. C’est lui qui " donne toujours l’ordre de tirer ", comme le dirait l’autre. Il fallait que le président de la République dise : " Faites ceci ou faites cela … ". Comme toujours, tout le monde attendait tout du président de la République. Personne ne pouvait réagir officiellement parce que comme d’habitude, il fallait dire et répéter à tout bout de champ : " C’est le président qui l’a voulu ainsi, selon la volonté d’ATT… ", comme cela se passe dans tous les actes posés tous les jours par les ministres qui ne cessent en longueur de journée de faire, comme des perroquets, l’éloge du président ATT et lui donner la paternité de tous les actes qu’ils posent. Comme s’ils ne pouvaient prendre aucune initiative dans le cadre de leur fonction. Seulement, cette fois-ci, l’affaire était plus sérieuse. On devait assumer tout acte posé en ce qui concerne ATT-Cratie. Or, il n’y avait pas besoin de donner un quelconque ordre. On n’avait pas besoin de dire à qui ce soit de se blanchir ou de blanchir le chef de l’Etat.
Un pays, un pouvoir, c’est un système, c’est automatique. On n’a pas besoin de dire à qui que ce soit de faire quoi que ce soit. Cette histoire nous rappelle étrangement le procès de l’ancien président Moussa Traoré. C’est-à-dire quand la Cour a posé la question qui est encore restée sans réponse : " Qui a donné l’ordre de tirer ? ". En fait, officiellement, personne n’a donné l’ordre de tirer. Personne n’avait besoin de le faire. Même pas le président lui-même. Quand les manifestations ont commencé en 1991, chacun savait ce qu’il devait faire. C’est cela un régime, un système. Même si cela s’est retourné contre le régime à l’époque, chacun a pris ses responsabilités. C’est exactement ce qui devait se passer à la suite de toutes ces attaques que le président de la République vient d’essuyer.
ATT : Personne pour le défendre
Nombreux sont les observateurs qui avaient dit depuis belle lurette que le président de la République était un homme seul. Que certains en qui il a fait confiance en les confiant des responsabilités ne travaillaient pas pour ses intérêts mais que pour les leurs. La preuve vient d’être administré de plus belle manière par tout ce qui se passe contre le président de la République, le pays et…même sa famille. Personne pour le défendre. Personne pour lever le petit doigt quand il est attaqué de toutes parts.
Comment expliquer que des ministres qui doivent tout à ATT, des ministres dont la gestion est critiquée de tous, des ministres qui se énormément enrichis en l’espace de quelques années et qui ne doivent leur place que grâce à la protection dont ils bénéficient auprès du président et/ou de sa famille ne puisse prendre l’initiative de défendre ce dernier et sa famille quand ils sont attaqués de la sorte ? Ingratitude et intérêt personnel quand tu nous tiens !
Moussa TOURE
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