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Sidney Poitier, premier comédien noir à recevoir l’Oscar du meilleur acteur, en 1964, est mort

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Engagé dans le combat pour les droits civiques, il avait régné, au cœur des années 1960, sur le box-office américain, avec notamment des rôles dans « Dans la chaleur de la nuit » et « Devine qui vient dîner… ».

Pendant quelques mois, en 1967, l’année de Dans la chaleur de la nuit et de Devine qui vient dîner ?, Sidney Poitier, mort jeudi 6 janvier à l’âge de 94 ans à Los Angeles, fut le premier des acteurs de Hollywood. Celui qui déplaçait le plus de spectateurs, la mieux rémunérée de toutes les stars.

Un an avant l’assassinat de Martin Luther King, un acteur noir régnait sur le box-office. Ce triomphe était un trompe-l’œil, une victoire éphémère dont les fruits se firent attendre des décennies. Dans un pays qui venait à peine de reconnaître le droit de vote à l’une de ses minorités les plus nombreuses – les Afro-Américains des Etats du Sud –, la place qu’occupait Sidney Poitier dans l’imaginaire collectif était immense, proportionnelle à son talent, mais aussi étroitement limitée par le conservatisme d’une industrie cinématographique plus soucieuse de se préserver des boycottages sudistes que de représenter les spectateurs des quartiers populaires des grandes villes.

Ce paradoxe qui oppose la vitalité et la créativité d’un grand artiste aux conventions étouffantes a façonné le parcours d’un fils de fermier des Bahamas, arrivé, adolescent, presque analphabète aux Etats-Unis, et devenu quinze ans plus tard un sex-symbol qui n’avait pas le droit d’embrasser à l’écran ses partenaires blanches, une star qui à chaque film, de Graine de violence, en 1955, à Devine qui vient dîner… devait incarner les aspirations de sa communauté telles que les avaient définies des scénaristes et des réalisateurs blancs. Que cette pression n’ait pas empêché Sidney Poitier d’affirmer non seulement sa qualité d’interprète, mais aussi de devenir, dans les années 1970, l’un des premiers producteurs et réalisateurs noirs à travailler à l’intérieur du système des studios donne la mesure de l’homme qu’il fut.

Hasard déterminant

Sidney Poitier a grandi dans une famille d’agriculteurs probablement d’origine haïtienne, sur Cat Island, dans l’archipel des Bahamas, alors colonie britannique. Par un hasard qui devait s’avérer déterminant, ses parents avaient coutume de vendre leurs légumes sur le marché de Miami en Floride, et c’est là que le jeune Sidney est né prématurément, le 20 février 1927, acquérant ainsi la nationalité américaine.

Au début des années 1930, la famille Poitier est chassée de ses terres par la Grande Dépression et s’installe à Nassau, la capitale de l’archipel. Sidney Poitier y cultive de mauvaises relations et collectionne les mauvais coups, au point que ses parents décident de l’expédier chez un frère aîné, établi à Miami où le garçon arrive en janvier 1943. Il y découvre les lois ségrégationnistes en vigueur en Floride, l’interdiction d’accéder aux jardins publics ou aux commerces tenus par des Blancs, la menace permanente du harcèlement policier – Poitier fut chassé d’un quartier blanc sous la menace de l’arme d’un représentant de la loi –, des mesures et des pratiques inconnues aux Bahamas. Il suffit de quelques mois pour que l’adolescent décide de quitter le Sud pour New York.

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